L’apocalypse c’est maintenant ! (III) Révélations

par Bernard Dugué
lundi 21 décembre 2015

Dans le prologue de l’Evangile de Jean on peut lire : « celui qui vient après moi m’a précédé car il était avant moi ». Cette énigmatique formule contient l’un des noyaux théologiques spécifiques des trois monothéismes occidentaux. Je considère en effet que l’Islam appartient à l’Occident. Ce noyau est en vérité téléologique mais il s’articule avec le théo-ontologique. Nous sommes dans la science du Temps et de l’Etre. Celui qui vient dans le Temps est antécédent dans l’ordre de l’Etre. Mais l’Etre n’est pas l’Eternel. L’Etre se constitue avec le Temps. La formule de Jean expose en fait l’avènement des ? J’aurais pu dire des prophètes, mais peut-être faut-il parler de théophanies, qui sont des signes de Dieu, des paroles de Dieu ou des incarnations divines.

Tout ceci est bien mystérieux. Ce discours ne pourra être compris des athées. Il sera entendu d’une oreille par les agnostiques. Il sera interprété car compris par les gnostiques.

Comprendre l’Evangile n’est pas chose aisée. Les fidèles croient en Dieu mais la plupart n’entendent rien à la théologie. Ils lisent les textes au premier degré et les curés prêchant la messe racontent souvent des récits pour écoliers. Par exemple la notion d’enfants de Dieu qui infantilise les fidèles en les plaçant comme des êtres petits face au Père tout puissant. Pourtant c’est écrit dans l’Evangile cette histoire de la lumière qui a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu. L’interprétation est pourtant aisée. La lumière donne un pouvoir. Elle ne rend pas petit mais grand l’homme qui devient non pas enfant de Dieu mais plutôt engendré par Dieu ou plus exactement co-engendré, fils de la chair et du divin.

Retour à la théologie du Temps. L’avènement des théophanies se comprend avec une allégorie musicale. Une théophanie est une note de musique qui part dans deux mondes, celui des hommes et de la temporalité, celui du divin et de la supratemporalité. Il se produit une résonance dans le supratemporel, cette résonance crée celui qui précède et qui arrivera sous forme d’une nouvelle note de musique. L’histoire humaine s’entend comme une symphonie d’événements prophétiques surfant au dessus du chaos anthropique. Mais elle ne s’entend que si l’on est à l’écoute des choses du Temps.

Apocalypse signifie révélation selon l’étymologie, tout en renvoyant au dernier livre du Nouveau Testament, un texte plus qu’énigmatique livré par Jean et contenant un récit d’événements pour le moins chaotiques. Nietzsche disait qu’il faut avoir le chaos en soi pour accoucher d’une étoile. La révélation aurait-elle besoin du chaos pour transparaître dans toute sa lumière et son éclat ? Ou alors d’une longue marche dans la pénombre pour atteindre une clairière (Litchung) comme le pensait Heidegger ?

Apocalypse dans la conscience, sorte de lumière révélatrice, visions esthétiques et vérités. Seules les visions inspirées par la transcendance ont une valeur. La controverse entre Pélage et Augustin reste d’actualité mais elle est limitée. Quel est le sens de l’existence ? Je n’en sais rien mais ce sens advient suite à des événements spéciaux dans une vie ou alors des cheminements éclairés. Je sais qu’il y a une Lumière. Je ne connais pas le mode d’emploi. Peut-être que d’habiles dignitaires religieux prétendent connaître le mode d’emploi. Mais connaissent-ils la Lumière ? Ce n’est pas sûr. Bien souvent, le mode d’emploi sert à manipuler les hommes en trahissant une doctrine divine. Ainsi va la religion officielle. La science et l’idéologie officielles ne font guère mieux. Elles ne conduisent pas l’homme vers la Lumière.

Ce billet est inachevé. Mais est-ce un billet ou une esquisse de pensée théologique ? Si vous avez des témoignages et des pistes de réflexion, soyez les bienvenus. Si vous voulez aboyer contre Dieu, abstenez-vous, ça ne vous fera pas avancer d’un pouce et ça ne changera rien pour Dieu. Vous perdez votre temps. Mais sans doute est-ce le sens de votre existence que de perdre votre temps. Je ne perdrai pas le mien à vous répondre.


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