L’étonnante propriété de l’eau comme « instrument » de communication

par Bernard Dugué
lundi 4 juin 2018

 

Présentation d’une recherche pluridisciplinaire

 

Les sciences biologiques entrent dans le nouveau paradigme de l’information et des communications. Entouré de chercheurs comprenant des physiciens et des biologistes, Luc Montagnier a publié dans la revue Water (disponible aussi dans les arXiv) un article expliquant comment la molécule d’eau est capable de transmettre un signal entre un petit fragment d’ADN et l’enzyme Taq capable de lire la séquence des bases d’ADN et d’en faire de multiples copies. Cette approche pluridisciplinaire utilise plusieurs angles de vue rarement employés ensemble. La génétique et la biologie moléculaires sont associées à la biophysique et à la théorie quantique des champs. Cette combinaison d’angles de vue permet d’établir une compréhension inédite du rôle que peut jouer la molécule d’eau dans la transmission de signaux formels au sein même de l’organisation cellulaire. L’eau ne se réduit plus à un simple solvant moléculaire permettant la réalisation de réactions biochimique. L’eau se structure et fonctionne dans une cellule comme un réseau de fibres interconnectées capable de transmettre des résonances, des fréquences, des informations dynamiques. Nous quittons l’ancien monde de l’allostérie et des régulations de flux métabolites pour entrer dans l’univers des champs de communication et des émergences.

 

La communication est le propre de la matière, quantique ou chimique. L’eau a cette propriété particulière d’être ionisée, avec l’ion hydrogène et l’ion hydroxyde ; H+ et OH-. Si bien que la molécule d’eau se trouve dans un état dynamique avec la possibilité de créer des polymères oscillants permettant la transmission de signaux. En complément, l’eau possède une structure dipolaire dont les conséquences biophysiques ont été théorisées en 1937 par London qui utilisa la mécanique quantique. Les forces de London sont très faibles, elles sont dues à la répartition asymétrique des charges électriques et sont considérées comme un cas particulier des forces de van der Waals, elles aussi déduites de l’électrodynamique quantiques et par ailleurs génératrices de nombreuses propriétés permettant le fonctionnement des structures moléculaires des cellules vivantes.

 

La notion de force est universelle. Elle a cours en mécanique, en gravitation et dans les spécialités de la physique des interactions microphysiques ainsi que mésoscopiques. Avec la notion de champ nous avons la dualité universelle permettant de configurer tous les phénomènes physiques sans exception. La notion de champ est néanmoins trompeuse. Le champ ne transmet pas tant une force qu’un signal. La force est due à la réaction de l’entité qui la génère à ce signal. Il est impossible d’observer directement un champ ; en revanche, une particule réagissant au champ est observable, ce qui montre l’existence du champ de communication. Ce constat s’applique notamment aux forces microphysiques et plus généralement à tous les systèmes en situation de communiquer (lire par exemple Dugué, 2017-b, chap. 6). Une femme à l’allure séduisante attirera l’attention d’un homme assis à la terrasse d’un café qui peut-être aura l’impulsion pour se lever et aller à la rencontre de la « belle ». Ce phénomène a pour ressort microphysique la théorie quantique des champs. Une théorie qui ici est convoquée pour expliciter et théoriser comment les interactions de London véhiculées par les structures mésoscopiques de l’eau permettent à une polymérase de « voir » la molécule d’ADN et de la répliquer en nombreux exemplaires.

 

Les macromolécules communiquent grâce à l’eau

 

Cette polymérase nommé Taq est extraite d’une bactérie thermophile. Elle est couramment utilisée comme outil par les généticiens pour faire en très grand nombre des copies d’une séquence génique ; cette technique est dénommée PCR, polymerase chain reaction. Elle est utilisée notamment pour détecter une infime charge virale, HIV par exemple, car elle fonctionne avec quelques picogrammes d’ADN. Elle nécessite une amorce sous forme d’oligonucléotide long de quelque 20 bases. En moins d’une heure, il est possible de faire quelques milliards de copies d’une séquence génique avec les nouvelles polymérases introduites sur le marché. Montagnier et ses collègue ont utilisé la Taq polymérase pour répondre à une question : Comment Taq et son amorce sont-ils capables de se localiser à de grandes distances mésocopiques ? Comment est-il possible de reconnaître parmi des millions de paires de bases la séquence à partir de laquelle la réaction va se produire ? L’explication classique suppose que le mouvement brownien crée une agitation moléculaire suffisante qui finit par faire se rencontrer les molécules au hasard des configurations mais cette thèse ne tient pas selon les auteurs qui s’orientent vers une étonnante hypothèse, celle d’une transmission de type EM de l’image de l’ADN par l’eau. Cela paraît étonnant dans un contexte hérité de la chimie thermodynamique d’il y a un siècle mais devient plus que plausible dès lors que l’on utilise les connaissances produites après le tournant quantique de la physique.

 

Le modèle décrivant la communication entre ADN et Polymérase par la médiation de l’eau est construit à partir des théories quantiques des champs où figure l’électrodynamique quantique, théorie décrivant toutes les transitions possibles entre particules chargées et photons. La théorie quantique des champs n’est pas souvent mentionnée dans les ouvrages de vulgarisation. Pourtant, elle est plus fondamentale que la théorie quantique basique car elle débouche sur des perspectives systémiques et permet d’expliquer des comportements coordonnés dont le résultat se traduit par les propriétés émergentes de la matière condensée. L’eau et sa structure dipolaire se révèle comme un support de transmissions d’informations. D’un côté la Taq polymérase et de l’autre l’ADN. Ces deux macromolécules sont dynamiques et s’envoient des signaux transitant par les propriétés cohérentes des structures mésoscopiques formées par les dipôles H2O. Le principe est calqué sur l’onde EM émise par un émetteur radio. Sauf que les émetteurs sont des macromolécules et que l’onde est en fait une transmission vibratoire véhiculée par l’eau, à l’image d’un phonon véhiculé par un matériau percuté par un marteau. L’eau est donc structurée pour devenir un champ de communication véhiculant des vibrations. Les auteurs parlent de l’enzyme et de l’ADN comme si c’étaient deux « entités » moléculaires capables de se voir à distance. A l’image de deux voisins discutant d’un balcon à un autre.

 

La physique des communications ouvre un tout autre visage de la nature, du monde, de l’homme et du cosmos. La théorie quantique des champs constitue un modèle presque universel pour configurer et penser la dynamique systémique à l’échelle des communications quantiques. C’est ce qui a été tenté dans ces travaux présentés par Montagnier. Les résonances transmises par l’eau s’apparentent aux quasiparticules dans la physique de la matière condensée, liquide de Fermi par exemple. Un domaine de recherche s’ouvre, bien plus important que la prétendue nouvelle physique des ondes gravitationnelles. La représentation de « l’image de l’ADN » véhiculée par un ensemble de résonances de la « toile dipolaire » de l’eau est un exemple ayant une valeur universelle car on peut penser que ce processus intervient dans la plupart des mécanismes moléculaires du vivant. Les communications entre les parties d’un système ou du monde ou même du cosmos se font par des champs vibratoires véhiculant des signaux. Les images en résultent. Temps et image vont de pair comme l’énergie et la forme. Quand on écoute de la musique, on la ressent émotionnellement et on la « voit » par l’intellect.

 

L’origine de la vie et autres perspectives ouvertes par l’hydro-information

 

L’intérêt de ce genre de travaux est de pouvoir lire des choses qui n’y sont pas en élargissant les ressorts thématiques vers d’autres résultats, voire des disciplines connexes. Les physiciens connaissent depuis longtemps les étonnantes propriétés de l’eau sans équivalent dans la matière. Les biologistes découvrent actuellement d’autres propriétés encore plus fascinantes, celles de pouvoir transmettre des signaux et d’échanger des informations entres molécules ou macromolécules. L’eau permet entre autres choses aux molécules de s’informer sur leur localisation, sur la topologie du milieu environnant, sur la dynamique. Il existe en effet deux complexités, l’une spatiale et l’autre énergétique. Une liée aux dispositions des composants et une autre aux flux d’énergie-information émis à travers les champs de communication. L’eau, avec l’ion hydrogène et les structures dipolaires, constitue un tel champ, dont on peut penser qu’il véhicule un nombre colossal d’informations, à la dimension des formes diversifiées que sont les protéines et les acides nucléiques.

 

Le champ de communication est compatible avec les hypothèses d’une origine algorithmique que la vie ou d’une origine communicationnelle. Comme je m’en suis expliqué, la vie a émergé lorsque les molécules sont parvenues à un certain seuil de communication pour faire en sorte que tous les composants puissent être coordonnés afin de créer la cellule émergente capable de se répliquer. Si l’eau est un champ universel de communication moléculaire, alors elle a largement facilité les échanges d’informations entre molécules, permettant à celle-ci de se reconnaître, s’assembler, se synthétiser en innombrables copies.

 

Une autre perspective est hors de portée en l’état actuel de la recherche mais accessible d’ici quelques décennies. C’est la thérapie électromagnétique. L’eau et sa structure dipolaire transmet des ondes EM. Je n’en dis pas plus car je n’en sais guère plus mais je peux en savoir plus si je le veux et que je trouve des confrères prêts à se lancer dans cette aventure et bien évidemment des moyens à la hauteur de mes compétences.

 

L’hydrodynamique quantique et communicationnelle est amenée à devenir une nouvelle spécialité mobilisant biologistes et physiciens. C’est aussi l’un des premiers enjeux scientifiques du 21ème siècle, autant que l’a été la génétique pour le 20ème siècle.

 

Références utiles

 

Dugué, 2017-b

https://iste-editions.fr/products/temps-emergences-et-communications

Montagnier et al., 2017

http://www.mdpi.com/2073-4441/9/5/339

 


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