L’ivresse de l’espace

par TBē
lundi 20 août 2007

8 août 2007. Endeavour, propulsée par une énergie équivalente à celle d’un champignon atomique, entre en orbite et se prépare à un arrimage avec l’ISS.

Malgré le coût exorbitant du projet (100 milliards de dollars pour préparer une mission humaine vers Mars), il est essentiel de rappeler ici que l’ISS ne désigne en rien le nouvel Impôt sur la survie de notre bonne vieille Terre, mais plus simplement le nom de notre chère Station spatiale internationale.

Outre le remplacement d’ordinateurs défaillants et d’un gyroscope tombé en panne, l’intérêt de cette nouvelle mission résidait en grande partie, vous le savez, en la présence à bord du vaisseau spatial d’une enseignante de 55 ans, Barbara Morgan.

La Nasa avait déjà tenté, il y a plus de vingt ans, d’évaluer l’esprit revendicatif, la propension à la paresse et la légendaire mauvaise foi d’un professeur en état d’apesanteur. Malheureusement la navette de l’époque avait connu, non pas un retard à l’allumage - bien au contraire - mais quelques incidents techniques aussi mineurs que préjudiciables pour les différents pensionnaires de ce vol habité.

Alors aujourd’hui on recommence. Et malgré quelques failles observées dans le bouclier thermique et qui ne seront finalement pas réparées, laissant ainsi planer un lourd suspense sur le bon déroulement du trajet retour (quatre ans après le désastre de Columbia,... l’Américain est décidément joueur), notre institutrice a ainsi pu, à 26 000 km/heure dispenser son premier cours à de jeunes enfants à qui il ne fut pour une fois pas reproché leur côté "tête en l’air".

Un enseignant forcé à travailler en plein mois d’août, voilà qui ne manquera en tout cas pas, j’en suis certain, de faire vivement réagir les organisations syndicales françaises à leur retour de vacances.

L’autre intérêt de cette coûteuse envolée était, pour la Nasa, de faire oublier une polémique faisant état de l’ébriété de certains astronautes au décollage. A l’instar des chauffeurs de car polonais dévalant une pente à 14 %, les capitaines de croisière rédigeaient peut-être leurs plans de vol en s’abreuvant de vodka locale, prenant ainsi quelques liberté avec les drastiques règles de navigation aérienne et extra-terrestre qui interdisent et sanctionnent toute consommation d’alcool dans les... douze heures précédent le départ.

Toutefois, à la question innocente d’un jeune Américain demandant "Comment boit-on en apesanteur ?", Mme Morgan et ses collègues ne se firent guère prier pour engloutir les quelques bulles d’un liquide rouge tout juste sorties de leur gourde en plastique.

A croire, dirait-on, que le Saint-Emilion vieillit mal en bidon.

TB


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