La faible virulence du H1N1 était connue dès août 2009, et même expliquée
par Bernard Dugué
jeudi 3 décembre 2009
Ce billet ne contient pas une révélation majeure, assortie d’une analyse et de conclusions importantes. C’est juste une brève dont le but est d’illustrer la recherche en virologie, ainsi que de fournir quelques éléments montrant que les scientifiques disposaient d’informations précises sur le virus H1N1 de 2009. L’article dont il est question est paru fin août, dans une revue dédiée à l’étude de la grippe, adaptée à une publication rapide, puisque les résultats scientifiques y sont acceptés et publiés en ligne après validation par un comité de lecture
Que peut-on lire ? Que la faible virulence du H1N1 était connue de la communauté scientifique dès cet été 2009. Ce qui ne signifie pas que l’alerte mexicaine n’était pas à prendre au sérieux. En fait, au début du déroulement de la pandémie, le nombre de décès avoisinait les 0.4 %, chiffre estimé sur un échantillon ne permettant pas de tirer des conclusions pour trois raisons. D’abord, l’estimation ne couvre pas une étendue géographique étendue, ensuite, la qualité du système de veille sanitaire mexicain est loin d’attendre celle des nations plus développées, enfin, la plupart des cas provenant de Mexico, le facteur local et la pollution singularisaient ce lieu. On a su rapidement que des cas annoncés de décès n’en étaient pas. Quelques mois après l’alerte mexicaine, les épidémiologistes connaissent la très faible mortalité de cette grippe H1N1 et s’en sont étonné. Maintenant, ce fait est établi, en dépit des annonces spectaculaires de décès.
L’intérêt des résultats publiés par cette équipe américaine (Trifonov et al. PlosCurrents-influenza, 21 août 2009), c’est d’établir que le virus H1N1 possède une protéine PB1-F2 tronquée, en raison de la présence d’un codon de terminaison sur le gène F2. Et donc, la polymérase ne peut effectuer la synthèse complète de cette protéine. Dont on sait qu’elle augmente la mortalité chez les souris lorsqu’elle est présente en intégralité dans la souche. Cas notamment du H1N1 de 1918 ou du H5N1 aviaire, selon les données fournies par Trifonov et ses collègues. A l’inverse, il semble clair que la PB1-F2 tronquée est associée à une pathogénicité réduite.
Je n’insiste pas plus sur d’autres aspects scientifiques portant sur l’évolution et la sélection des virus. Cette publication et beaucoup d’autres pourraient être utilisées à l’occasion d’une enquête sur l’affolement des systèmes sanitaires et la création dans les médias d’une pandémie avec des mécanismes sociaux ressemblant à ceux responsables de la propagation des rumeurs, comme par exemple celle d’Orléans, analysée par un certain Edgar Morin. Beaucoup connaissaient la faible virulence du H1N1 mais tout semble avoir été orchestré pour amplifier la menace et justifier de ce fait le déroulement des plans nationaux de vaccination.