La France néglige sa recherche
par jayba
jeudi 11 janvier 2007
Alors que le président Chirac déclare vouloir s’appuyer sur la recherche pour faire avancer l’économie du pays, la France présente un retard dans ce secteur d’importance stratégique, et les propositions des candidats à la présidentielle dans ce domaine ne sont pas légion.
Au-delà des déclarations ponctuelles, notamment de Ségolène Royal qui, lors de son voyage en Chine, a fait savoir que c’est par « ses forces d’investissement et de recherche » que l’Europe pourra soutenir la concurrence des nouveaux géants économiques asiatiques,, force est de constater que les candidats à la présidentielle ne proposent pour l’instant rien de concret pour soutenir l’innovation en France.
Et pourtant, tous les économistes s’accordent à le dire : parmi les pays développés, toutes les économies en bonne santé sont portées par cette capacité à innover. Or, bien que Jacques Chirac, dans son discours du nouvel an, ait insisté sur la nécessité de fonder le développement économique du pays sur l’éducation, la formation et la recherche, les dépenses qui s’élevaient en 1994 à 2,32 % du PIB ont chuté en 2004 à 2,16 %, un chiffre bien éloigné des attentes de l’Union européenne qui a fixé un critère de 3 % à atteindre d’ici à 2010. Cet objectif est bien évidemment motivé par la nécessité de suivre la course effrénée dans laquelle se sont lancés les nouveaux géants économiques que sont la Chine et l’Inde. Ainsi les dépenses de recherche et développement de la Chine croissent plus rapidement que le PIB quand le nombre de brevets déposés dans ce même pays augmente fortement.
Mais le problème n’est malheureusement pas circonscrit aux deux géants d’Asie, car même en comparaison des autres membres de l’OCDE, la France accuse un certain retard. Ainsi la Suède, dont le modèle économique est souvent mis en avant et dont les politiques disent tous vouloir s’inspirer, avec 3,98 % du PIB consacré à la recherche et au développement en 2003, est largement en avance. Si l’on se base également sur le fait que ce pays fait partie des plus prompts, au sein de l’OCDE, à déposer des brevets, au même titre que le Japon, la Finlande ou la Suisse, ou encore sur le fait que cette même Suède et la Finlande consacrent plus de 6% de leur PIB à l’investissement dans le savoir, soit la somme des dépenses consacrées à la recherche et au développement, à l’ensemble du secteur de l’enseignement supérieur (secteurs public et privé) et aux logiciels, quand la France n’y consacre que 3,7 %, il devient évident que la France ne fait donc déjà plus partie des pays innovants.
La France affiche donc un certain retard qu’il conviendrait de résorber rapidement, sachant que même dans des pays tels que la Turquie ou l’Islande, les dépenses de recherche et développement augmentent de 10 % annuellement. Or, on se souvient que la France affichait déjà un certain retard lors de la précédente révolution de l’informatique et de l’électronique, quand les Etats-Unis, dont notamment la Californie, avaient déjà flairé le bon filon et obtenu le résultat que l’on connaît.
Une réaction semble donc importante, sous peine de voir ce que Jacques Chirac a qualifié de nouvelle révolution industrielle, celle liée aux énergies renouvelables et plus généralement à l’environnement, lui passer sous le nez. La situation est déjà inquiétante dans ce domaine lorsqu’on sait que le Danemark a déjà pris une avance substantielle dans le domaine des éoliennes et des énergies propres et que les trois quarts des automobiles du Brésil fonctionnent grâce aux biocarburants. Ou encore que les chercheurs islandais prédisent pour d’ici à 2030 une totale indépendance de leur pays par rapport au pétrole grâce à l’utilisation de l’hydrogène.
Chiffres de l’OCDE.