La gravité triomphera de la mécanique quantique, révélant les secrets de l’univers

par Bernard Dugué
jeudi 12 mai 2016

Connaîtra-t-on les secrets de l’univers un jour ? Je n’en sais rien mais je crois deviner les deux obstacles à cette connaissance. D’un côté le monde fermé et spécialisé des scientifiques insérés dans un système qui produit énormément de publications et très peu de découvertes. D’ailleurs, une étude maintenant datée a établi que sur mille publications scientifiques, seules deux ou trois font significativement avancer la spécialité à laquelle elles se rapportent. Le scientifique a le nez sur le guidon et ne peut ou ne veut pas sortir de son univers rétréci. S’il ne peut pas, il n’y a aucun remède. S’il ne veut pas, c’est parce que le détour par les savoirs complémentaires et transversaux lui fait prendre des risques et l’écarte du droit chemin tracé pour faire carrière. Le problème, c’est que ces scientifiques ne sont pas prêts à s’intéresser à des recherches effectuées en marge, voire même censurent quelques avancées produites par leurs confrères. Cela dit, les découvertes les plus fantastiques risquent de se produire en dehors des cadres universitaires. Le second obstacle est secondaire, c’est celui du public instruit qui n’a plus la capacité à intervenir dans le champ des savoirs, bien qu’il en ait sous certains angles la légitimité. Les éditeurs et les médias offrent à des piètres vulgarisateurs un levier pour un peu de célébrité. C’est la face sombre du système. Ces éditeur offrent aussi offrent au public l’occasion de lire des textes fort intéressants écrits par de talentueux savants. Tout n’est pas à jeter, ni dans la recherche, ni dans l’édition. Mais il manque l’audace. Il manque quelque chose pour retourner la science en une vérité qui est là mais reste silencieuse.

La physique sera le théâtre des prochaines grandes avancées. Pour l’instant, on décèle quelques travaux remarquables en cosmologie quantique mais pour ce qui est de la mécanique quantique, ça tourne en rond. Les livres édités sur ce sujet ne sont guère originaux, mis à part quelques ouvrages publiés en anglais et qui pour la plupart ne sont pas traduits en français. En cosmologie, c’est la même rengaine, autour des trous noirs, des ondes gravitationnelles, de la matière sombre et bien évidemment du big bang. Nouveau dada à la mode, le multivers. Si dans les dîners en ville il fallait parler des fractales et du chaos pendant la décennie 1980, au début du 21ème siècle, pensez à vous instruire sur les multivers pour épater les convives entre la poire et le fromage. Quant au big bang, il n’y a aucune certitude mais les scientifiques en parlent avec comme une vérité, comme en d’autres temps les prêtres étaient sûrs que Dieu avait créé l’univers, la terre et les espèces. La science fonctionne comme une nouvelle religion avec néanmoins des portes de sortie.

Mais au fait, que veut-on de la science ? Si on espère qu’elle nous livre des réponses, la moindre des choses serait que nous sachions quelles sont les questions ? L’une des grandes questions concerne l’unification de la gravité relativiste et de la mécanique quantique. Les physiciens nous disent qu’il faut concevoir une théorie qui puisse incorporer la mécanique quantique dans la description relativiste de la gravité dont l’architecture est basée à partir des équations d’Einstein résumées par R = T. Cela étant posé, quelle est la mécanique quantique qu’il faut utiliser ? Je dis ça parce que le monde quantique est aussi un monde possédant une signification physique et que les processus de la matière quantique se déclinent en trois types d’interaction, électromagnétique, faible, forte.

Le candide de service se demande alors, est-ce bien utile d’unifier deux blocs théoriques dont l’un, la relativité d’Einstein, repose sur la fiction d’une géométrie vide de matière mais dotée d’une propriété physique aussi éminente que celle de la matière et l’autre, la mécanique quantique, qui décrit une réalité physique que personne n’a encore pu comprendre ?

Comprendre la matière et le cosmos. Telle est la tâche de la science mais comme cet enjeu est pour l’instant dans une impasse, la philosophie est prête à jouer la partie. J’aime bien les boutades du genre raffarinade. On se souvient de cette fameuse formule déclinée en slogan politique pour alimenter la campagne en faveur du traité européen. Le oui a besoin du non pour gagner contre le non ! Dans le domaine de la cosmologie, je propose cette formule : la philosophie a besoin de la science pour gagner contre la science ! Certes, mais gagner quoi, la bataille de la connaissance ? C’est plutôt un chemin. Alors une autre formule : la philosophie a besoin de la physique pour mettre la physique sur la bonne voie ! Et en matière de cosmologie : la gravité a besoin de la mécanique quantique pour comprendre le cosmos et dépasser la mécanique quantique !

La matière n’a pas encore livré ses secrets mais elle se dessine sous deux angles, celui du monde quantique avec des propriétés spécifiques et un rôle à préciser (communication) ; celui du cosmos avec comme propriété essentielle la gravité. Unifier deux théories n’a pas vraiment de sens. Inventer une théorie qui décrit la matière dans ses aspects quantiques et gravifique représente un des rares enjeux importants pour la physique du 21ème siècle. Je m’étais un peu trop avancé en anticipant une victoire du quantique contre la gravité. C’est en fait la consolidation de la physique quantique qui se produit et l’effondrement de la relativité générale au profit d’une théorie de la gravité quantique qui sera étrangère à la cosmologie d’Einstein mais aussi à la physique quantique de base qui oscille entre la monadologie élémentaire et le chaos statistique des champs quantifiés. La gravité quantique repose non pas sur des forces et des champs mais sur l’énergie et l’information ordonnée en codes pour organiser la disposition des masses et rendre possible les communications à travers l’étendue.

La gravité quantique a une signification profonde. Elle enracine l’homme dans le cosmos après le déracinement opéré par le matérialisme scientifique qui se résout dans la déchéance de l’homme spectateur d’un cosmos qui lui est étranger. La question n’est pas de savoir si les secrets de l’univers peuvent être révélés mais si les hommes veulent de cette révélation et sont à la hauteur. Au vu du crétinisme de masse ambiant, cette question a toute sa légitimité.


Lire l'article complet, et les commentaires