La grenouille qui pond des yeux

par Voris : compte fermé
mercredi 31 octobre 2007

Souvenez-vous de cette nouvelle incroyable qui sidéra les plus incrédules : des chercheurs étaient parvenus à faire pousser des dents aux poules ! C’était bien sûr une formule en forme de raccourci sensationnel car, en réalité, ils avaient fait pousser des espèces de bourgeons dentaires sur des embryons de poulets grâce à des greffes de cellules de souris.

Cette transition des gallinacés aux batraciens ici concernés, pour dire qu’après les poules avec des dents, voici la grenouille qui pond des yeux. Mais ne riez pas, l’affaire est sérieuse. Non, ce n’est pas de la poudre aux yeux. Le journal Le Quotidien du médecin du 29 octobre 2007 annonce que des chercheurs américains de l’université de Warwick ont découvert un phénomène qui, appliqué à des cellules embryonnaires adéquates, pourrait théoriquement permettre de fabriquer des yeux in vitro.

L’oeil est un organe admirable, une création de la nature devant laquelle l’homme ne cesse de s’extasier et qu’il aimerait bien reproduire à l’identique et même, si c’est possible, en améliorant le modèle, en le dépassant. Des raisons médicales évidentes justifient ces recherches, mais on songe aussi évidemment à des applications dans le domaine militaire par exemple. On poursuivait jusqu’ici la solution d’yeux électroniques. Mais voici qu’une voie toute nouvelle se présente, et ce d’une manière tout à fait fortuite. En effet, alors que nos deux scientifiques, Massé et coll., s’intéressaient de près au développement locomoteur de la grenouille, ils ont assisté tout surpris au développement de têtards qui présentaient des yeux surnuméraires sur leur tête et sur d’autres parties de leur corps. Bref, il n’en croyaient pas leurs yeux.

Pour les connaisseurs, voici quelques détails (ndlr : je me contente ici de recopier mot pour mot le jargon médical du journal). Ils voulaient savoir comment la libération d’ATP, une molécule impliquée dans le stockage et le transport d’énergie ainsi que dans la signalisation cellulaire, pouvait influencer ce processus. Nos chercheurs ont donc injecté différentes enzymes capables de dégrader l’ATP dans des embryons de xénope. (Pour plus d’explications techniques, lire Le Quotidien du médecin du lundi 29 octobre.)

Selon le quotidien médical, il existe suffisamment de similitudes entre les mécanismes du développement de la grenouille et ceux de l’homme pour envisager que le signal biologique responsable de la formation des yeux soit identique dans les deux espèces. D’ailleurs, ajoute le journal, "la mutation du gène E-NTPDase-2 humain est associée à des malformations sévères de la tête et des yeux, en particulier à certaines formes de microphtalmie". (re-ndlr : rassurez-vous, moi non plus je n’ai pas tout compris !)

Maintenant de la théorie à l’application pratique, il risque de s’écouler un délai important. On espère seulement que cela sera rendu possible avant que les poules aient des dents. Et d’ailleurs à ce propos, on ne sait pas quelles applications concrètes ont été tirées de nos poules garnies de dents.


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