La guerre de l’Open Source est d’ores et déjà gagnée

par labenze
lundi 21 avril 2008

Des utilisateurs de plus en plus nombreux désirent pouvoir configurer leur ordinateur eux-mêmes pour pouvoir ainsi l’adapter à leurs besoins personnels réels. Ceci est aujourd’hui facilement réalisable grâce entre autres à Linux. Ainsi, on peut aujourd’hui sans difficulté se procurer tous les programmes Office les plus courants, tels que le traitement de texte, la gestion de base de données, la gestion de feuilles de calcul et les présentations en Open Source grâce à OpenOffice.

Et, même pour les autres types de programmes, une solution est généralement disponible. Ceux qui par exemple sont à la recherche d’un logiciel de graphisme véritablement performant et professionnel et qui ne coûte pas les yeux de la tête peuvent se tourner vers Gimp, un logiciel libre qui présente des fonctionnalités comparables à celles de Photoshop. Mais ce qui s’est déjà largement répandu dans le monde du logiciel, c’est-à-dire la cohabitation de logiciels propriétés de marques et de logiciels libres est à présent sur le point de gagner le monde des systèmes d’exploitation. Et, si Microsoft de par son opposition à la propagation des logiciels libres a contribué à motiver les développeurs désireux de rejouer David contre Goliath, il semblerait que dans le domaine des systèmes d’exploitation, ce soit à présent Apple qui mènera la bataille de front et devrait devenir la cible des défenseurs de l’Open Source.

Les temps changent. Par le passé, Apple vivait en harmonie et se montrait plutôt tolérant envers les hackers et les développeurs qui s’essayaient à améliorer les programmes ou bien même les appareils. Mais, depuis la sortie de son iPod, et également pour iTunes ou pour son iMac, Apple a visiblement amorcé un changement de politique. Les programmes développés par d’autres qu’Apple ne sont à présent plus tolérés que si cela sert les intérêts commerciaux de l’entreprise californienne. Et la position d’Apple s’est encore plus radicalisée avec la sortie du iPhone. Au moyen d’une pénurie sciemment entretenue et de l’obligation pour les acheteurs d’accepter un contrat, pratique largement impopulaire, mais transformée en argument de vente par Apple, l’entreprise entend exercer un contrôle toujours plus serré sur ses clients, ses partenaires et les revendeurs.

Ce qui bien sûr a eu pour effet de provoquer la formation d’un mouvement de résistance. Les hackers du monde entier s’en sont donc donné à cœur joie d’essayer de libérer le iPhone du faisceau de restrictions dont il est paré pour pouvoir l’équiper d’autres programmes. A ce jour, les hackers les plus ingénieux restent ceux du groupe iPhone Dev Team qui sont parvenus à modifier et à ajouter des fonctions au smartphone culte. Reste que s’il est déjà à présent possible de changer de fournisseur sur le plan technique, pour éviter les tarifs peu compétitifs pratiqués par Apple, la sortie du contrat reste elle toujours impossible.

Mais non contents des succès obtenus sur le iPhone, les hackers s’en prennent à présent à un autre bastion d’Apple, son système d’exploitation. Ainsi, l’entreprise informatique Psystar est en position d’offrir avec son OpenMac un ordinateur Mac tout à fait comparable à l’original que l’on peut si on le désire équiper du système Mac OS Leopard. Et le tout pour un prix modique de 555 dollars, soit l’équivalent de 350 euros. Ceci dit, un véritable Mac Mini ne coûte plus que 600 dollars. Le groupe de hackers OSX86 est parvenu à trouver une solution pour faire fonctionner le système Leopard sur n’importe quel ordinateur. L’ordinateur est équipé d’un processeur Intel Core 2 Duo, d’un disque dur de 250 Go, d’un graveur DVD et d’une carte graphique tout à fait similaires à ceux d’un Mac. L’entreprise Psystar prétend ne rien avoir modifié dans les logiciels présents et donc ne pas contrevenir au Contrat de licence utilisateur final (CLUF). Il est fort peu probable qu’Apple se satisfasse de cette explication et l’affaire se terminera sans nul doute devant les tribunaux.

Ce qui ne fait d’ores et déjà pas l’ombre d’un doute c’est que Psystar se verrait condamner pour l’utilisation de la marque OpenMac. L’entreprise californienne ne rigole pas avec ce genre de plaisanteries comme le montrent ses récents démêlés avec la ville de New York qui souhaitait utiliser un logo en forme de pomme, symbolisant son surnom de grosse pomme, « The Big Appple » dans le cadre d’une campagne publicitaire. Cela n’a pas du tout été du goût d’Apple qui s’est empressé d’intenter un procès à la ville. Tout ce battage autour de la représentation graphique d’une pomme... Les lecteurs apprécieront...

Pourtant, l’entreprise Psystar ne devrait pas se laisser aller au désespoir. Il lui serait relativement facile d’échapper à des poursuites de la part du géant de la Silicon Valley. Il lui suffit pour cela de renoncer à l’appellation OpenMac et adopter celle d’Open Computer et de ne pas livrer son système pré-installé. Il n’existe à ce jour pas encore de loi réglementant le type de système qu’un utilisateur choisit d’installer sur son ordinateur, même si de grandes marques telles qu’Apple et Sony, par exemple, font des pieds et des mains pour qu’il en soit autrement. La marque japonaise Sony a en effet grâce au Blu-ray réussi à imposer un format dont les avantages notamment au niveau de la protection se font plus sentir pour l’entreprise que pour les consommateurs.

Peu importe l’issue de ce combat, il est de toute façon salutaire que ces questions fassent à l’heure actuelle l’objet d’une réflexion et d’un débat. Les consommateurs doivent-ils se laisser dicter les conditions d’utilisation et l’usage qu’ils souhaitent faire de leur appareil par les multinationales ? Ou bien sera-t-il possible que les consommateurs voient respecter leur liberté d’utiliser leur matériel comme bon leur semble, d’utiliser les services dont ils ont réellement besoin et qui leur conviennent et d’équiper leurs appareils de fonctions dont ils ont véritablement besoin.

La guerre de l’Open Source est d’ores et déjà gagnée pour les logiciels... A quand celle du matériel informatique libre dans son ensemble ?


Lire l'article complet, et les commentaires