Je ne sais pas si l’on peut faire de la psychologie quantique comme l’expliquait Julie dans son article du 16 janvier, mais ce que j’ai compris depuis assez longtemps c’est que notre monde n’est que celui de nos sens traduit par notre cerveau au travers d’une codification langagière et mathématique qui définit toutes les sciences. L’observation de régularité est importante pour déceler ce qui n’est que des paradigmes.
Quand Gell man découvrit le premier quark, la question est
de savoir s’il découvre la matière infinitésimale ou celle qui habite son
esprit. L’extraordinaire faculté de réaliser ce que nous pensons en corrigeant
les distorsions interprétatives au fil du temps est quelque chose de fabuleux.
La corrélation entre nos perceptions et notre cerveau
malléable, qui a son tour malaxe la « matière » de toute chose, est
qu’il ne reproduit que les structures qui le composent et donc la découverte de
la quantique démontre que notre faculté de penser dispose encore de beaucoup de
marge. Dans l’Occident cela paraît une découverte fabuleuse, alors que pour les
bouddhistes ce n’est qu’une banalité qu’ils ont comprise depuis longtemps.
L’illusion signifie aussi que toutes nos créations ne
dureront que le temps que lui donnera le temps même en les entretenant comme
nous le faisons car elles sont le produit de nos désirs. Là où je diverge un
peu de la philosophie bouddhiste, c’est que je pense que les choses qui
existent au travers de notre existence sont produites par des événements
antérieurs perçus que nous n’appréhendons pas dans leur totalité, et dont
l’existence ne nous est pas obligatoirement nécessaire pour vivre puisque
l’inné ne les retient pas comme héréditaire. Mais s’ils sont réalisés c’est
qu’ils concourent aux suivants, sinon la « nature » ne les retiendrait
pas
Personne ne naîtra au volant d’un véhicule, pourtant le fait
de dire cela est en potentialité d’être puisque je le pense et que je ne
dispose pas d’un libre arbitre qui me permet d’éviter l’environnement cosmique,
planétaire et « géohistorique » qui module ma pensée. Alors il faut que
je découvre au travers des mots quelle réalité humaine les mots définissant ma
pensée recouvrent, et dont ils trouveront peut-être un jour une application
différente de ce que je l’ai exprimée et pas forcément par moi.
Le
« culturel » n’est donc pas séparé des lois fondamentales qui nous
régissent, et si toutes nos innovations se concrétisent, c’est qu’elles
existent en tant que « forces, flux, énergies ou informations ».
Partant
de là, tout ce que nous imaginons existe en potentialité dans le temps, en puissance
d’être, dans le déroulement de l’expansion. Cependant, la forme, sous
laquelle nous concevons aujourd’hui nos innovations, n’est pas obligatoirement
celle qui sera, car nous sommes limités en tant qu’être par notre matérialité
présente s’exprimant dans des langages réducteurs. Matérialité présente en
constant devenir (le devenir/l’évolutionnisme).
L’inverse,
pour nous, signifierait la capacité de créer ou maîtriser des « forces, flux, énergies ou informations ». Elles situeraient l’homme au-dessus de
l’univers (l’obsession de la toute-puissance). Un Dieu, un supra-humain, un être n’existant que par sa « pensée », ou le qualificatif que chacun voudra
lui donner.
Pourtant,
la seule possibilité d’imaginer ce concept signifie qu’il existe en potentialité d’être, mais pas forcément
sous la définition que nous en donnons.
Potentialité
d’être, puisque nous l’imaginons, sous-tendu par une réflexion construite ou
non, et issu en tout état de cause de ce que nous appelons l’indéfinissable.
Ceci dans
un raisonnement infini, où il est nécessaire d’accepter des postulats
invérifiables, avant d’en arriver à des exactitudes expérimentales
(réfutables). Je dis cela, parce qu’issu du Big-Bang, ou d’un quelconque dieu
nous sommes le résultat de « sa source originelle ».
Toute
notre activité cérébrale, que nous observons, par la psychologique, la
psychanalyse, et essayons d’en comprendre les mécanismes par les neurosciences,
bâtit les raisonnements dont la preuve de leur exactitude ne dépend que de la
« raison ». Une raison qui nous fait considérer la vérité comme la
non-contradiction d’un système de jugement, comme la contradiction des
opinions, comme la régression à l’infini « prouve ta preuve », comme
postulat invérifiable, comme « un cercle vicieux » (le
di’allêlôn : les uns par les autres), comme opinion relative, comme vérité
expérimentale, comme herméneutique (sens caché). Toutes formes de vérité que
nous utilisons à notre convenance pour justifier nos innovations.
Pourtant,
toutes nos innovations (comme nombre d’essais) ne favorisent pas le
développement de l’espèce pour autant. Et quelles que soient les échelles de
valeur que nous leur appliquons, et leur appliquerons, nous n’avons, et
n’aurons que la possibilité d’un choix
restreint, choix restreint dans toutes les innovations
« culturelles » que l’univers sous-tend par l’évolution, ou la création pour
les croyants.
Choix restreint, puisque celui-ci est
dépendant de la réduction de la méconnaissance
de toutes les associations possibles d’informations que nous ne serons
peut-être jamais en mesure de connaître sur notre planète. Bien que nous
puissions le comprendre, et évaluer certaines de ces associations grâce au
travail des scientifiques, et de ceux qui dans les sociétés ancestrales avaient
compris la même chose sans disposer des moyens d’une vérification techniciste.
Toutefois, ce travail des scientifiques n’est qu’une mesure, elle aussi limitée par notre psychique, notre technologie
et « l’infini ».
Einstein
a dit : « La nature ne nous montre que la queue du lion. Mais il ne
fait aucun doute pour moi que le lion à qui elle appartient est au bout, bien
qu’il ne puisse se montrer tout d’une pièce à cause de son énorme
taille ». Si bien, que d’une certaine manière notre existence se déroule par
défaut.
Ainsi, chaque
fois que nous définissons un concept pour expliquer l’indéfinissable, ce concept défini entre dans ce que j’appelle l’indéterminé. Un indéterminé que nous parvenons à préciser par des théories,
lesquelles entrent à leur tour dans les divers degrés de l’incertitude. Cette incertitude
a pour principe qu’après la conceptualisation d’une théorie nous ne pouvons
être assurés que ses éléments dans le « temps » trouvent la place que nous leur avons imaginée.
Également, qu’ils resteront ce qu’ils sont, à la place où nous les avons mis ou
observés.
Cela, du
seul fait que l’univers est en mouvement,
et si ceci pouvait échapper au regard du primitif, cela ne peut plus l’être
au nôtre.
Cela
relève du fait que, pour exister, nous sommes exemptés, dispensés de connaître,
de comprendre et d’établir des repères. Des repères de liens de compréhension
normalisateurs, régulateurs de l’émergence d’un homme qui se dit créateur. Pour
exister, nous n’avons pas besoin de comprendre notre monde sensible, c’est « l’état que nous qualifions à tort ou raison
d’animalier ». Également peut-être cela relève-t-il aussi du fait
d’une approche eschatologique de
l’homme créé, ou à notre ignorance due à
nos difficultés à retrouver, ou à vouloir chercher le « réel » dans
l’image que nous en construisons.
Il faut
être convaincu pour penser autrement que l’univers permet toute
chose que nous inventons. Telle la voiture qui ne nous paraît pas issue de
l’univers parce que nous disons que nous la créons, et ce n’est pas parce que
nous réalisons de tels assemblages qu’ils ne sont pas naturels, car tout événement est déterminé par ce qui
l’a précédé.
Force est
de constater que l’univers autorise des formes bien plus complexes, telle que
nous les humains ou un flocon de neige, dont la structure complexe n’apparaît
pas à notre regard. L’univers n’a nul besoin de voiture pour se déplacer, cet
outil est inhérent à nos contingences humaines planétaires. Avec une force de
gravitation plus faible, nous nous déplacerions sans véhicule, où bon il nous
semble. Dans de telles conditions, nous n’aurions pas créé de véhicules, les
oiseaux n’auraient pas besoin d’ailes et notre monde serait tout autre, comme
il le serait également avec une gravitation plus forte, mais dans ces
conditions nous aurions réalisé peut-être d’autres innovations.
Néanmoins,
par nous, l’univers sous-tend ces créations puisque nous les réalisons, et
qu’elles sont le produit d’un empilement d’événements
successifs. Pour autant nous ne
naîtrons pas au volant d’une voiture, de la même manière que notre planète
n’est pas apparue spontanément.
Bien sûr,
en l’état, cette voiture n’est pas codifiée dans nos gènes. Elle l’est par
contre dans la capacité combinatoire cérébrale projective qui va associer inné
et acquis. Elle se transmet par l’apprentissage et par l’information que nous
nous enseignons les uns aux autres pour la concevoir, et détermine d’autres
événements. Ainsi à un moment donné les comportements culturels vont
enregistrer que cet acquis est une exigence vitale pour la survie de son organisme inné
; c’est tout notre discours sur la croissance.
De telle
manière que si nous regardons le culturel comme autant d’essais : c’est-à-dire que chacune de nos réalisations,
dépendantes de nos capacités créatrices (produit de l’univers et non pas
de notre cerveau), ne durera qu’en fonction de son aptitude à subsister, comme
constante d’un développement, dans un système d’évolution universel dans lequel
la culturalité favorise et facilite l’adaptation, l’acculturation, la
régression, la progression ou son suicide (aptitude à une structure d’engendrer
son autodestruction).
Alors le
culturel peut être regardé comme un événement
en soi. Événement en soi « que transmet l’univers » pour assurer la
survie de toutes les espèces dans leur ensemble évolutif, à l’exemple du monde
végétal, et dont nous ne devons pas être les dépositaires exclusifs.
Pour
beaucoup de nos prédécesseurs, l’univers quantique n’existait pas et ils ne
pouvaient imaginer que la matière et l’esprit étaient composés des mêmes
« forces, flux, énergies et informations ». Ils ne pouvaient tenir
compte du fait que la réalité matérielle et la réalité spirituelle pouvaient
être définies par les mêmes forces, énergie, flux, informations.
Ainsi,
ils n’avaient raison que dans leurs certitudes, qualifiant de substance, selon
le cas, ce que nous appelons aujourd’hui « particules », qui en s’associant
véhiculent aussi bien la lumière que notre propre corps.
En
conséquence, en observant les lois que nous connaissons de cet univers, il est
plus aisé de comprendre ce que nous sommes et faisons. Cet effort intellectuel consiste à s’observer, comme étant ces forces, étant dans ces forces, et étant le produit
de ces forces, et non seulement soumis
à ces forces. D’une autre manière, si nous considérons que l’univers est la
circulation d’une information depuis son origine, nous sommes cette information
dans l’information, et produisant de l’information, et non pas seulement soumis
à l’information.
La nuance
est fondamentale car elle modifie l’image, la représentation que nous pouvons
avoir de notre « monde cérébral » à partir du « monde sensible ». Parce
que, au lieu d’y être soumis, qui peut être interprété comme une condition
irréversible, nous serions sous
condition de la connaissance de l’organisation de ces forces, de cette
information. Nous serions un être « conditionnel », conditionné à ce qu’il
est capable d’en comprendre.