La ruine de la Science Moderne(2). Les sept pêchés capitaux de la Science d’aujourd’hui

par Frédéric MALMARTEL
lundi 11 août 2014

La Science a-t-elle atteint son Âge d'or au début du XXème siècle pour aujourd'hui régresser au point de n'être plus qu'une bureaucratie se répétant à l'infini ? Faut-il aussi désespérer de ceux qui furent les Savants ?

C'est bien possible.

Cet article fait suite à l'article "La ruine de la science moderne (1). Le cas Alexander Unzicker." Il détaille l'argumentaire d'Alexander Unzicker, réquisitoire contre les dérives de la Science Moderne qui ne sont rien d'autre que les dérives de notre propre société dans son ensemble, appliquées à la dite Science.

Ces dérives sont inquiétantes parce que, dans notre société en profonde mutation, nous aurions pu croire, naïvement, que la Recherche Scientifique continuait de progresser, ignorant les soubressauts de notre microcosme. Nous nous apercevons qu'il n'en est rien, que la Physique ne progresse plus. Elle tourne en rond dans un jeu absurde d'autosatisfaction stérile.

Le physicien allemand, Alexander Unzicker jette une lumière crue et cruelle sur cette réalité, hélas corroborée par de grands chercheurs qui, comme André Brahic, vont jusqu'à affirmer qu'aujourd'hui, un Albert Einstein ou un Max Planck ne seraient jamais publiés dans aucune revue scientifique, parce qu'ils ne sont pas dans le moule : sujet trop original, pas assez de publications antérieures.

Alexander Unzicker condamne cette dérive de la Recherche Scientifique en proie aux Sept Pêchés Capitaux qui ont transformé cette immense espoir qu'était la Science en... Machin !

La Pensée Unique, en science comme ailleurs
Montage de l’auteur

Voici les Sept Pêchés capitaux de la Science Physique d'aujourd'hui, les Sept Tares du Modèle Standard :

 

1 – Le nombre de paramètres libres ne diminue pas.

La physique ne progresse que lorsqu'elle diminue le nombre de paramètres fondamentaux, c'est à dire quand elle explique autant de choses qu'avant, avec si possible plus de précision, mais moins de complexité, moins de nombres ou de formules arbitraires qu'auparavant.

Par exemple, lorsque Copernic comprend que les planètes, Terre comprise, tournent autour du Soleil et non l'inverse, on va avoir une seule équation régissant le mouvement de toutes les planètes, au lieu d'avoir une équation différente pour chaque planète !

Lorsque Maxwell (le savant, pas l'inventeur du café soluble) découvre l'électromagnétisme, il utilise les mêmes équations pour décrire l'électricité et le magnétisme, réduisant par deux au moins, le nombre d'équations existantes !

La Relativité et la Mécanique Quantique ont apporté des simplifications en, reliant entre eux et en donnant une explication unique à des phénomènes qui nécessitaient chacun, précedemment, leur propre explication.

Aujourd'hui, les nouvelles théories : des cordes, des dimensions supplémentaires, de la matière noire ou de l'énergie sombre n'apportent aucune simplification à la physique.

C'est ça, le drame de ces théories !

Je joins au présent article, une image décrivant le Modèle Standard de la Physique : ça fait peur. Entre les masses des protons, des anti-protons, des électrons etc... on a un nombre de paramètres faramineux qu'il faut réduire ! Ce qui, vous l'avez compris, n'est pas fait jusqu'à présent !

On a 53 paramètres libres, c'est un peu trop pour expliquer l'Univers ! On doit pouvoir réduire ce nombre ! Ou alors Dieu s'est foutu de nous ! Remarquez ce n'est pas impossible quand on voit les virus qu'Il a mis au point, genre Ebola. Mais je m'égare moi aussi passant là de la Science à l'iconoclasme !

 

2 – Les problèmes basiques ne sont pas résolus.

Régulièrement la science laisse derrière elle un certain nombre de problèmes basiques irrésolus. Ce qui fait la puissance des nouvelles théories valables, c'est qu'elles apportent des solutions à ces problèmes.

Par exemple, la Relativité Restreinte explique comment il est possible que la vitesse de la lumière soit indépassable, ce que ne faisait pas la théorie de Newton(*).

La découverte de la radio-activité nous a permis de savoir pourquoi le Soleil était capable de briller pendant des milliards d'années. Avant de connaître la radio-activité, on avait calculé qu'un Soleil rempli de charbon (l'énergie connu alors) ne pouvait se consumer qu'au maximum 10.000 ans, or on savait que des roches de la Terre avaient plusieurs millions d'années, donc le Soleil au moins autant.

Aujourd'hui, il reste de ces problèmes non résolus. Il en restera toujours me direz vous, et c'est heureux, sans celà nous saurions... tout ! Mais la difficulté est que toutes les théories proposées, y compris celle du Boson de Higgs, ne résolvent aucun de ces problèmes de la Physique d'aujourd'hui.

Jen cite quelques-uns :

- Pourquoi la masse du proton vaut 1836,152... fois celle de l'électron ? D'où sort ce 1836 !? Notez que le Boson de Higgs si tant est qu'il existe, ce que conteste Unzicker, ne donne aucune réponse à cette question ! C'est vraiment dommage, car on ne parle pas ici de particules exotiques, mais peut être des deux principaux composants de la matière connus depuis une centaine d'années !(**). Le doctorant qui proposera une explication claire et simple de ce ratio aura à coup sûr tapé dans le mille ! Ça n'est pas le cas de notre cher( à tous les sens du terme !) Prix Nobel, M. Higgs !

- Pourquoi les particules (proton compris) ont une durée de vie limitée ? Là aussi, pas d'explications dans les modèles récents de la physique.

- Pourquoi la gravité est si faible comparée aux autres forces fondamentales (interaction nucléaire forte et faible, électromagnétisme) ? L'explication doit apporter de la simplicité. Si pour expliquer cette faiblesse, vous imaginez l'existence de plusieurs dimensions supplémentaires, vous introduisez une complexité encore plus compliquée à appréhender que la faiblesse de la gravitation, donc votre explication a toutes les chances d'être vaseuse !

 

Etc...etc... On aurait aussi pu citer la dualité onde/corpuscule de la lumière qu'on perçoit et qu'on manipule mais dont on ne comprend pas la causalité, l'origine de la radioactivité, du spin (propriété des particules élementaires qu'on mesure sans savoir à quoi ça correspond !).

 

3 – La Physique ignore sa Propre Histoire.

La physique ne progresse pas linéairement, mais par crises. L’idée est que les théories scientifiques ne sont pas rejetées dès qu’elles ont été réfutées, mais seulement quand elles ont pu être remplacées. Celà nous renvoie à la pensée kuhnienne sur l'évolution des sciences.

En ignorant sa Propre Histoire et ce qui l'a fait avancer par le passé, la Physique reste aveugle. Elle est bloquée au même endroit, comme un âne dans une impasse ; elle s'accroche à ses vieux dogmes et refuse de faire demi-tour ( c'est à dire de rejeter les théories comme celle de la Gravité qui ne tiennent plus de debout puisqu'elle suppose que 96% de la matière composant l'Univers est inconnue)

Ce point est assez grave et un peu triste. En France au moins, beaucoup des gens qui ont une formation scientifique sont bons en Histoire. Je ne sais pas pourquoi. Je l'ai juste constaté. Il nous reste à appliquer aux sciences ce que l'Histoire nous enseigne.

 

4- La Physique s'accroche aux signaux, aux mesures qui existeront toujours, en croyant pouver ses dires, mais ça ne prouve rien !

"Multipliez n'importe quoi par n'importe quoi, ça donne n'importe quoi" me disait un mathématicien au caractère ombrageux.

La Physique fait des mesures, comme elle l'a toujours fait, c'est normal. Ce qui ne va pas, c'est qu'aujourd'hui, à partir de ces mesures, Elle bricole ses hypothèses ! Ce faisant Elle fait le contraire de ce qu'elle devrait faire : bâtir des théories qui aboutissent à des prédictions que l'expérience confirme si elles sont bonnes.

Higgs en est caractéristique. Si sa théorie avait apporté quelque chose à la science, il aurait été capable de prévoir avant les tests dans le LHC la masse dudit Boson ! Là, rien de tout ça, on a vu un truc avec une masse qu'on attendait pas et on a dit "C'est le Boson de Higgs" ! On est pas loin du n'importe quoi !

Au contraire, la Relativité prévoyait les dilatations du temps. On les a mesurées. Elles correspondent aux chiffres prévus par la théorie ! On n'a pas fait coller la théorie sur les chiffres mesurés, après les mesures. On a prévu les justes mesures, avant !

C'est pour celà qu'Unzicker se permet d'affirmer que s'ils voyaient ce qui se passe aujourd'hui, Einstein et Planck considèreraient Higgs et son boson comme des rigolos !

Quand vous réfléchissez bien, vous vous dîtes que la Physique d'aujourd'hui fait à peu près ce que font les zozos du paranormal : ils filment des signaux aléatoires ( il faut dire "browniens", si on veut comme moi, faire semblant d'être savant !) et disent "Mais vous voyez bien, là il y a un visage, là on entend une voix etc...).

Bref, comme je l'écrivais dans mon article précédent, on a pas dépasser Einstein (j'aime bien ce titre, parceque Science et Vie nous le ressort tous les 2 ans, au moins !) mais on a largement rattrapé Elisabeth Teissier l'astrologue et tous les champions du paranormal !

Pas glop !

 

5 – La Physique dérive dans la Théorie Pure

La Théorie des cordes en est l'illustration parfaite puisqu'elle ne contient rien de réfutable. Les Univers parralèles ne sont pas mal non plus puisque par définition, ils sont parallèles donc inaccessibles donc on ne pourra jamais prouver ni leur existence ni leur non-existence !

Des théories complètement non réfutables : on est revenu au niveau d'avant le quinzième siècle où astrologie et astronomie se confondaient !

 

6 – Les scientifiques se répètent les uns les autres. Unzicker appele celà "The big parroting". On a beau être scientifique, on en est pas moins humain ! L'humain doit appartenir à un groupe, pour se faire, il doit adopter des postures, un langage et une rhétorique... qui peuvent être totalement opposés à la réalité. Notez qu'Unzicker, en plus d'être physicien est diplômé en neurologie. Il apporte donc un oeil nouveau et, avouons le cruel, sur ses contemporains. Il décrypte leurs attitudes de groupe.

Ce comportement du "Big Parroting" nous pouvons d'ailleurs l'observer losqu'un journaliste un peu effronté pose une question irréventieuse à un scientifique du genre "Est-on sûre que le Big Bang a existé", la réponse au final est bien souvent "Cette théorie a l'adhésion de l'immense majorité des scientifiques" Argument d'autorité, certainement pas argument scientifique ! Et tant pis si au Moyen Âge l'immense majorité des scientifiques pensaient que le Soleil tournait autour d'une Terre plate !

 

7 La Physique n'est pas transparente

Par exemple, le LHC ne met pas en ligne les résultats de ses expériences. Celà est contraire à l'esprit même de la Science. Quand un fait est vrai, tout le monde doit pouvoir le constater !

 

En conclusion

L'oeil critique d'Alexander Unzicker, formé à la neurologie a mis en lumière ces errements de la Science. Hélas, les scientifiques d'aujourd'hui les confirment eux mêmes. Là où la société tombe en déliquescence, la Science n'échappe pas à ce naufrage.

Unzicker tire le signal d'alarme en nous pressant de revenir aux fondamentaux de la Science, à tout ce qui a permis les grandes avancées : Copernic, Newton, la Relativité (Poincaré), Planck. Nous pourrons y revenir, mais avant, il y a du travail, de grands édifices à détruire, de gigantesques croyances à balayer, le travail est encore plus immense que celui qu'avait affronté en son temps Galilée !

 


Notes :

(*) Une ineptie ici, ânonnée régulièrement par des journaleux me fait toujours bondir. Ceux ci disent : Einstein a prouvé, dans sa théorie de la Relativité qu'on ne peut pas dépasser la vitesse de la lumière. C'est complètement faux. L'infranchissabilité de la vitesse de la lumière a été montrée par l'expérience – elle est valable au moins à notre époque et autour de notre planète -. C'est à partir de ce fait que la Relativité a été bâtie et pas l'inverse. Et en plus, ça n'est pas Einstein, mais Poincaré, le père de la Relativité !

(**) En toute rigueur, je devrais rajouter le neutron !

Le modèle standard de la Physique

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