La science au secours de la politique pour « réguler le climat » !
par Francis BEAU
samedi 19 décembre 2009
Autour d’un pseudo-scandale scientifique qu’il est convenu d’appeler le « climate gate », un débat surréaliste agite une partie de la planète médiatique à l’occasion de la grande mobilisation de la planète politique à Copenhague. Il pourrait paraître insignifiant, s’il ne dénotait pas une incompréhension grandissante de la frontière qui existe entre science et politique, risquant à terme de favoriser un retour à l’obscurantisme.
On se bat pour savoir qui a raison, des 90 % de scientifiques du GIEC estimant que le réchauffement climatique va poursuivre son accélération si rien n’est fait pour réduire nos rejets de CO2, ou des 10 % restants considérant à l’inverse que d’autres facteurs peuvent avoir une influence bien plus grande sur le climat dont on ne peut donc raisonnablement prédire avec certitude les évolutions à venir.
Pendant ce temps, à Copenhague, nos dirigeants dissimulent, derrière de grandes déclarations aussi vertueuses et grandiloquentes que désespérément stériles, les égoïsmes naturels de leurs électorats respectifs qui restent les fondements de leurs politiques respectives et les principales raisons de leur incapacité à prendre les décisions courageuses qui s’imposent. Dans la plus pure tradition des envolées lyriques inhérentes aux discours politiques et des promesses qui n’engagent que ceux qui y croient, on a même entendu récemment sur une grande radio un ministre déclarer qu’après avoir régulé la finance internationale, les gouvernements s’apprêtaient à réguler le climat (sic) ! Au-delà du ridicule, cette énormité, qui n’a même pas été relevée par les journalistes participant à l’interview, est révélatrice de tous les travers qui conduisent l’homme à considérer la science toute puissante à son service.
Le problème n’est pas de savoir si le réchauffement du climat va se poursuivre, s’intensifier, se stabiliser ou s’inverser, ni de s’interroger sur la part de l’homme dans les causes du réchauffement actuel. Il faut d’abord observer que le climat se réchauffe et se refroidit, avec ou sans l’homme, de manière cyclique, depuis toujours. On doit ensuite admettre que personne ne peut prétendre avec un minimum de sérieux que l’homme est en mesure d’empêcher ces grandes évolutions. Que les rejets de CO2 largement augmentés par notre développement industriel contribuent ou non au réchauffement, il n’en reste pas moins que personne n’est en mesure d’affirmer avec certitude que leur réduction même drastique évitera la poursuite de ce réchauffement. Pire, s’il contribue au réchauffement, qui peut dire s’il réussira à contrecarrer un refroidissement si celui-ci s’enclenche dans les années à venir comme peut le laisser prévoir l’analyse de toutes les courbes du passé ?
La bonne question à se poser n’est pas « comment faire pour éviter le réchauffement ? », mais bien plutôt « comment faire pour lutter contre ses conséquences (montée des eaux, désertification) ou s’y adapter ? ». Dans le même temps, il n’est d’ailleurs pas forcément inutile de réfléchir à ce que l’on pourra faire lorsque la courbe s’inversera et que la température redescendra comme elle l’a déjà maintes fois fait au cours de l’histoire. Faudra-t-il recommencer à polluer allègrement ?
Qu’on me présente un seul scientifique, GIEC ou pas GIEC, en mesure d’affirmer qu’un refroidissement ne peut pas s’enclencher dans les dix ans à venir ! Le problème avec les scientifiques qui affirment, c’est qu’ils se sont toujours trompés. La science n’affirme rien, elle décrit afin de pouvoir dire ou prédire la réalisation de faits observables sous des conditions précises qu’elle sait ne pas forcément maîtriser. Laisser croire que la science est en mesure de prédire l’avenir, c’est s’exposer à de graves désillusions dont la défiance et le désintérêt pour les matières scientifiques n’est pas le moindre des risques. Il n’y a en effet pas loin, du refus louable de la toute puissance parfois abusivement accordée à la science, aux régressions obscurantistes inquiétantes que l’on observe chaque jour un peu plus.
Ceci n’ôte rien bien entendu aux aspects « vertueux » de la prise de conscience mondiale des conséquences calamiteuses d’une industrialisation sauvage, démesurée et mal maîtrisée. Toutes les décisions qui sortiront de Copenhague allant dans le sens d’une meilleure gestion de nos ressources et de nos rejets (il n’y a pas que le CO2) seront évidemment les bienvenues, car elles sont indispensables à notre survie.