La science moderne dans l’impasse ou dans l’antichambre de la gnose

par Bernard Dugué
jeudi 18 décembre 2014

La science contemporaine n’a cessé d’avancer dans le domaine des applications technologiques. Les techniques se font plus fines, plus précises, plus complexes. Mais ce n’est pas pour autant que cette science va résoudre les quelques problèmes majeurs que rencontre l’homme dans son existence sur cette planète. Peut-être faut-il rester stoïque face à l’adversité et ne pas s’agiter pour résoudre ce qui n’a pas de solution mais aussi ce qui n’est pas un problème. Cette sagesse philosophique n’a sans doute pas son mot à dire sur la recherche scientifique et notamment la médecine qui s’efforce de trouver des thérapies face aux maladies invalidantes et incurables. Le scientifique espère des résultats, le sage espère accéder au bonheur et au divin, en contemplant le monde et sa beauté, pénétré d’une mystérieuse sérénité esthétique qui parfois s’abîme dans d’envoûtantes ténèbres en écoutant Univers Zéro ou Rachmaninov. Le scientifique travaille dans un labo, le sage essaie de « travailler » sur lui-même. Le scientifique risque de ne rien trouver, le sage est sûr de se trouver.

Le Sage cherche le beau, le bien mais aussi la vérité. Sa pensée est tendue vers la connaissance. Que fait le Sage face à la science ? Il se sert de la science pour accéder à la compréhension de la nature, de l’homme et de l’univers. Pour saint Thomas, la philosophie avec sa raison devait servir la théologie. Pour le sage du 21ème siècle, la science doit servir la connaissance universelle qui se révèle dans la pensée méditante. Sur ces bonnes paroles, on passe aux choses plus sérieuses en soulignant que le Sage n’existe pas car la quête des connaissances suppose une transgression des lois de la sagesse et relève même parfois d’une sorte de folie spirituelle. Finalement, le vrai sage, au sens prosaïque du terme, c’est le scientifique qui reste pragmatique et avance pas à pas, laborieusement, en répétant les expériences, en formulant des hypothèses très raisonnables et donc assez limitées mais configurée pour qu’elles puissent donner un résultat rapidement grâce aux instruments utilisé dans un type de recherche. J’ai connu un laboratoire où les chercheurs cherchaient comment utiliser deux appareillages en pointe avec des contrats pour payer le fonctionnement de ces machines. L’homme esclave de la technique ?

La science moderne est-elle dans l’impasse ? Je pose cette question sans aucune intention de nuire, ni aux gens des laboratoires, ni à ceux qui nourrissent des espérances à l’égard des recherches biologiques et génétiques et dont on entend les témoignages chaque année à l’occasion du Téléthon. Juste un constat. Nixon avait décrété voici cinquante ans un plan cancer en espérant éradiquer cette maladie. On peut toujours mentionner quelques progrès mais le compte n’y est pas après des centaines de milliards d’euro consacrés à cette maladie en quelque cinq décennies. On n’a toujours pas trouvé de guérison pour le Sida, les maladies génétiques, Alzheimer, Parkinson, malgré les prouesses réalisées avec le séquençage des gènes et l’artillerie lourde utilisée dans les laboratoires de pointe. Peut-être que la recherche est dans l’impasse. Ou peut-être pas et que par le miracle de la sérendipité, des résultats étonnants vont tomber, les scientifiques rééditant en ce sens le coup de la pénicilline. Toujours est-il que si impasse il y a, alors les scientifiques sont piégés car grâce aux progrès des instruments, ils continueront à accumuler des résultats et publier leurs travaux. Le processus scientifique moderne est sans fin.

Une autre science est en crise, c’est la physique. Un des deux piliers va être déboulonné. Physique quantique ou relativité générale ? L’avenir dira ! Le physicien facétieux ajoutera, l’avenir Dirac, la relativité devant être formulée avec la mécanique d’Hamilton ! Plus sérieusement, je me permets de donner mon avis sur ce sujet et c’est bien la relativité qui va être revue ces prochaines décennies. Une connaissance inédite se dessine. Elle ne s’oppose pas à la science mais la complète en la dépassant. Mais pour l’instant, cette nouvelle connaissance reste dans une antichambre. Dans laquelle j’ai placé quelques nouvelles pistes pour comprendre l’évolution ainsi que ce qui paraît être un pilier fondateur de cette nouvelle connaissance, la cosmonadologie quantique.

De quoi s’agit-il ? En vérité, cette connaissance se conçoit comme une gnose mais contrairement aux gnoses antiques dites contemplatives car reposant sur la conscience et la pensée, la nouvelle gnose est scientifique car elle inclut tous les résultats fournis par la science moderne. Elle diffère de la science moderne dans la mesure où elle a pour horizon la connaissance de l’univers et ne se limite pas à des méthodes expérimentales dont les mesures sont intégrées dans les modèles théoriques avec s’il y a lieu, des calculs. La gnose scientifique se sert du « comment sont les choses » livré par les sciences pour chercher le « pourquoi sont les choses ». Bien évidemment, la chose ne renvoie pas à la « res ontologique » médiévale mais aux choses comprises comme inscrites dans le temps et susceptibles de se transformer en échangeant des informations, pour conduire vers un nouvel ordre ou vers le désordre.

(Prenons l’exemple de l’eczéma. Les irritations germent sur la peau puis disparaissent comme elles sont venues. Une entaille causée par un couteau va se refermer et l’on ne verra plus la trace sauf si la plaie est importante, auquel cas des cicatrices vont se former mais sur une peau intacte. Par contre, le cancer ne disparaît pas. Dans un cas, le cours des choses est « réversible » mais pas dans le second. L’information sert à reproduire un ordre ou alors elle échoue et c’est un désordre. La science mécaniste tente de rétablir l’ordre en « nettoyant » le corps de ses cellules cancéreuses. Imaginez une pièce dont les éléments ne sont pas rangés dans le bon ordre, avec plein de saletés et poussières. La solution consiste à entrer dans la pièce et faire le ménage. Mais on peut tout aussi bien imaginer que la pièce finit par se nettoyer toute seule. Il suffit d’attendre et c’est ce qui se passe dans le cas des altérations bénignes de la peau mais pas pour les maladies dégénératives).

La nouvelle gnose scientifique tente de connaître l’ordre des choses qui arrivent et se défont. Elle sera la gnose des Temps retrouvés. Le Temps cosmique, le Temps biologique, le Temps phénoménologique de la conscience. Le cosmos est ordonné comme une musique. Kepler avait « vu » juste.

Se situer dans l’antichambre de la gnose, c’est quitter en quelque sorte le monde de la caverne matérielle et mécaniste de la science moderne sans pour autant accéder à la gnose intégrale, pour autant que ce soit possible. Cette gnose ne repose pas sur un monde intelligible comme dans l’allégorie de Platon. Le monde des Idées et de la connaissance est un monde créé par la pensée humaine qui s’allie au mystère. Le monde scientifique moderne ressemble alors à une sorte d’aliénation matérielle et techniciste lorsqu’on le compare à la gnose. Mais la gnose ne peut promettre les miracles de la science matérialiste. Elle promet autre chose mais je ne sais pas car il faudrait pouvoir aller au-delà de l’antichambre. Les bailleurs de fond misent tout sur la science matérialiste. C’est logique, cette science fait des « miracles », du moins les gens le pensent et y croient. Ainsi va le monde. Chacun voit son monde et nourrit ses espérances. En misant tout sur la science moderne, les sociétés se privent d’un autre accès à la connaissance et peut-être de solutions inédites. C’est un choix. On ne peut rien faire quand les maîtres du système et les populations se soumettent à un dessein unique. Les gens ne savent plus résister, du moins en France.


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