La sortie du nucléaire fragilise les ménages les plus défavorisés
par Nathalie Minosau
jeudi 19 septembre 2013
Alors que le pouvoir d’achat reste la première préoccupation des Français en ces temps de crise et que la baisse du chômage ne semble pas à l’ordre du jour, c’est une autre promesse du candidat François Hollande qui pourrait être mise à mal. En effet, l’Office Parlementaire d’Evaluation des Choix Scientifiques et Technologiques vient de publier un rapport qui plaide en faveur d’une adaptation du calendrier de la sortie du nucléaire. Sans remettre en cause la pertinence de l’orientation de la politique énergétique, les parlementaires ont souhaité alerter sur les conséquences possibles d’une sortie précipitée…


A l’occasion de la publication du rapport de Bruno Sido et de Jean Yves Le Déaut, Président et Vice-Président de l’OPECST, les choix pour la transition énergétique sont plus que jamais sujet à controverses. Malgré l’engagement du Président socialiste et de ses ministres écologistes d’organiser le passage de 50 à 75% de la part du nucléaire dans le mix énergétique à l’horizon 2025, ce changement pourrait finalement ne pas intervenir.
Il y a quelques semaines s’achevait le débat national sur la transition énergétique, et si Laurence Tubiana a été "éco-promuee" à la direction de l’Agence Française du Développement, ses conclusions n’ont pas abouti à un consensus des acteurs engagés. La tribune de Jean Claude Jancovici récemment publiée dans les Echos en atteste, Energie : un débat pour rien.
Tandis que la lettre de cadrage envoyée par Matignon au Ministère de l’Energie fixe comme premier objectif l’élaboration de la Stratégie Nationale pour la Transition Energétique, 4 ministres, dont Philippe Martin, ont récemment envoyé une lettre pour demander d’accélérer la transition énergétique. Ils y affirment que : « la prospérité durable permettra de créer des emplois et de réduire les dépenses contraintes des ménages. (...) En engageant dès aujourd'hui la transition des filières industrielles et du tissu économique, il est possible de créer d'ici à 2025 un million d'emplois dans la transition écologique ».
Seulement les analyses du rapport parlementaire soulignent deux éléments qui devraient modérer l’ambition des dirigeants politiques. En premier lieu, il alerte sur les incertitudes techniques qui continuent de peser sur les capacités de stockage des énergies alternatives. Ensuite, il souligne l’impact d’une telle mesure sur le pouvoir d’achat des Français les moins favorisés. Le même jour que la publication des travaux des députés, le Ministre de l’Energie a d’ailleurs annoncé le report du projet de loi sur la transition énergétique à 2014.
En 2012, l’Institut Montaigne avait réalisé une étude sur les conditions de sortie du nucléaire en France et en Allemagne. Les solutions ne sont pas toujours généralisables, c’est du moins l’opinion émise dans le résultat du sondage : « Les Français considèrent quant à eux comme une bonne chose à la fois la décision de la France de conserver le nucléaire (64%, dont 18% très bonne chose), mais aussi celle de l’Allemagne d’y renoncer (53%, dont 20% très bonne chose) ».
Plus récemment encore un sondage de l’IFOP annonçait que 59% des Français étaient favorables au maintien de la part du nucléaire dans le mix énergétique. Qui plus est, les personnes interrogées considèrent à 64% que l’énergie nucléaire est compatible avec l’objectif de transition énergétique. En effet, certains considèrent qu’il est prioritaire de lutter contre le réchauffement climatique et les émissions de gaz à effet de serre.