Le dogme génético-progressiste est en marche, et il est tentaculaire !

par Anti-OGM.info
vendredi 25 avril 2008

Le génético-progressisme, principale idéologie de l’âge biotech repose sur la croyance de la possibilité de maîtrise du génome par l’homme, dont une des conséquences est la volonté de création de nouveaux organismes dits « génétiquement modifiés ».

Ce dogme totalitaire dispose d’un appui financier et industriel très puissant, supporté par des multinationales, des banques, des think tank, mais aussi des Etats, dont les organismes décisionnels sont infiltrés par les adeptes de cette idéologie. Il est aussi relayé par de nombreux réseaux ou associations dits "sceptiques", "rationalistes"[réf.] ou "progressistes et matérialistes"[réf.], voyant dans la technique le remède aux problèmes de société, position critiquée en son temps par Habermas dans La Technique et la Science, comme idéologie, et qui caractérise un transfert collectif lié au refoulement historique du religieux dans et par l’institutionnel, dans les sociétés humaines.

Le génético-progressisme : un technoscientisme médiatisé

Le génético-progressisme est une branche du scientisme ou technoscientisme dans le domaine de la biologie expérimentale, et découle logiquement et historiquement de l’insuffisance et de l’abandon de la recherche théorique en biologie fondamentale dans les grandes politiques de direction de la recherche académique[réf.]. Cet abandon généralisé de la recherche théorique en biologie, suscité par le développement économique libéralisé ou étatisé de la science liée à l’industrie - portée majoritairement à l’innovation technique[réf.] et à la surenchère du spectaculaire[réf.] dans la médiatisation scientifique -, est une caractéristique de la déviation de l’esprit scientifique dans les sociétés modernes, véhiculé dans le domaine public par les campagnes de communication et de publicité de la grande industrie, grands annonceurs des journaux d’actualités ou de vulgarisation scientifique, comme La Recherche, Sciences et vie, Sciences et avenir, etc., en ce qui concerne quelques magazines francophones.

Aussi, le développement d’internet, vaste outil de communication, d’information, mais aussi de propagande n’échappe pas aux activités des promoteurs du génético-progressisme, faisant l’apologie des OGM agricoles et des modifications génétiques, tout en défendant bien souvent dans le même temps tous les aspects industriels de l’innovation scientifique, et ce, que ce soit le nucléaire, les nanotechnologies, la biologie synthétique ou tout autre domaine requérant la prudence, la rigueur scientifique et la précaution en tant que principes, avant toute application industrielle de masse de ces technologies.

Une collusion politico-industrielle tentaculaire

La science n’échappe pas elle non plus à l’économie de marché globalisée, pas plus que l’agriculture, premier débouché des compagnies industrialisant les processus de modifications génétiques afin de produire de "nouveaux organismes". Aussi les intérêts financiers colossaux liés à ces industries sont ceux de la reconversion et du développement des grandes multinationales de la chimie industrielle (premières industries pollueuses au monde avec les compagnies pétrolières), qui ont très tôt, dans la première moitié du XXe siècle, développé leurs activités au niveau des marchés agricoles corrélativement au développement de l’industrie du machinisme, pour finalement se rapprocher dans des alliances financières très étroites, aux intérêts des start-up et grandes industries pharmaceutiques, notamment en subventionnant des laboratoires de recherche dans les universités[réf.], des organismes de communication, comme le Center for Consumer Freedom et des think tank ou réseaux de promotion des OGM au niveau international, comme l’ISAAA ou AGBioWorld [liens]. Ces intérêts constituent un immense système de collusion entre divers champs d’activités industrielles, soutenu par les pouvoirs politiques et leurs représentants, sponsorisés lors de leurs campagnes électorales par ces mêmes réseaux aux pouvoirs financiers importants. Aussi, au sein de ce système, n’est-il plus étonnant de trouver des compagnies pétrolières, investissant dans les biotechnologies (la British Petroleum rejoignant la Biotechnology Industry Organization [réf.]), ou des compagnies pharmaceutiques produisant des semences génétiquement modifiées pour l’agriculture (Aventis Crop Science rachetée par Bayer Crop Science[réf.]) ou encore l’Académie des Sciences françaises s’affiliant à l’industrie biotechnologique (Fondation Aventis-Institut de France).

Le dogme génético-progressiste, reposant sur le mythe du contrôle du vivant par la compréhension et la manipulation des gènes, est tentaculaire et a infiltré toutes les composantes de la démocratie, des organismes d’Etat, à l’industrie, en passant par les associations et les médias scientifiques. Une vigilance lucide reste le seul atout dont dispose le citoyen pour faire face à cette nouvelle dictature idéologico-scientifique de la pensée unique, au cœur même du vivant.

L’illusion du contrôle du vivant : le mythe du génie génétique

L’illusion et la volonté de contrôle des processus biologiques fait partie intégrante de la rhétorique des défenseurs des OGM agricoles. Ce mythe du contrôle des processus biologiques, au niveau génétique et au cœur même des cellules, résulte d’une croyance aveugle aux dogmes de la génétique simpliste (à un, deux ou plusieurs gènes), de la fragmentation de l’expérience prise comme ordre d’un savoir absolu, et d’une confiance irrationnelle au réductionnisme instrumentaliste, transféré au niveau sanitaire et environnemental.

Un exemple type de ce mythe du contrôle du vivant se retrouve dans l’idée que les processus de reproduction naturelle sont moins fiables ou plus incertains qu’une transgénèse de laboratoire, du fait que l’on n’en connaisse pas dans les détails tous les mécanismes. Ce renversement du sens, faisant du technicien en génie génétique le garant de processus biologiques, relève non seulement d’une hérésie scientifique, mais aussi philosophique, prônant : "L’homme et sa technique, maîtres de la vie".

Un fervent défenseur des OGM, Louis-Marie Houdebine, chercheur à l’Inra et cofondateur d’une start-up de transgénèse animale, relaie ce genre d’informations infondées, basées sur le mythe de l’homme, partie du vivant, contrôlant la vie par le génome : "Les OGM comportent des incertitudes, mais pas plus que les semences classiques qui sont obtenues par des sélections où on ne contrôle que très peu de chose." Nouvel Observateur.

Il affirmait cependant, dans une conférence de l’"Université de tous les savoirs" : La transgenèse et ses applications, en janvier 2000 : "Quand on met un transgène souvent il ne marche pas bien, ou il ne marche pas du tout, ou il marche à un faible taux, ou il ne marche pas là où on voudrait [...] quand on construit un gène, ben on fait n’importe quoi [...]Une des choses que l’on souhaite faire absolument, eh bien évidemment... c’est d’avoir la maîtrise totale du transgène..."

Louis-Marie Houdebine, janvier 2000

Cette dernière affirmation repose encore une fois sur l’idéologie complètement infondée de la toute-puissance du réductionnisme expérimental humain sur le vivant, et exprime bien dans la bouche de ce chercheur, le dogme totalitaire sous-jacent à cette croyance, réduisant les organismes à des "systèmes de production", à des usines vivantes ou à des machines dont le "fonctionnement" doit être "viable". Cette même idéologie globalitaire qui entend dominer le monde et imposer ses valeurs marchandes, au détriment des cultures locales et des différents rapports à la vie qu’entretiennent et sur lesquels se basent ces mêmes cultures, prétend combattre l’obscurantisme, mais repose elle aussi sur un mythe : celui du contrôle du vivant, et sur une idéologie érigeant la technophilie industrielle en principe supérieur dans la société moderne.


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