Le Triomphant et le Vanguard sont entrés en collision

par Charles Bwele
mardi 17 février 2009

Les sous-marins nucléaire français Triomphant et britannique Vanguard sont entrés en collision entre le 3 et 4 février 2009 lors de missions de routine dans l’Atlantique Nord.

Deep contact

Les journaux The Sun et The Daily Mail ont d’abord révélé l’information avant que les ministères français et britannique de la défense ne confirment « un contact » entre les deux appareils. On ignore encore pour quelle raison les deux sous-marins nucléaires se trouvaient au même moment et au même endroit dans les profondeurs de l’Atlantique Nord. Ce qui avait été officiellement énoncé quelques jours plus tôt par l’Hexagone comme « un objet immergé » (un container) heurtant la coque du Triomphant et endommageant son dôme sonar était tout simplement le Vanguard.

Selon les marines française et britannique, aucun blessé n’est à déplorer parmi les équipages (respectivement 101 et 140 membres pour le Triomphant et le Vanguard) et aucun incident nucléaire n’a été constaté à bord des deux appareils, tous deux affichant néanmoins des dommages visibles lors de leur rentrée à quai. Le Triomphant et le Vanguard ont rejoint leurs ports d’attache - l’Île Longue (Brest) pour le premier et Falsane (Écosse) pour le second - par leurs propres moyens, chacun escorté par une frégate comme le veut l’usage. Fleurons des forces stratégiques française et britannique, les deux appareils sont des SNLE (Sous-marins Nucléaires Lanceurs d’Engins) transportant 16 missiles balistiques d’une portée de 8000 km dotés de six têtes nucléaires.

Le service silencieux

Les grandes puissances – plus spécifiquement le club des cinq – dépensent des milliards pour concevoir et embarquer des missiles balistiques intercontinentaux (ICBM) dans d’énormes sous-marins à propulsion nucléaire dont l’objectif premier est de rester indétectable dans les profondeurs océaniques. En temps de guerre comme en temps de paix, la dissuasion repose d’abord sur le secret et la surprise. Or, un sous-marin détectable ou détecté ne constitue plus une dissuasion car il peut être abattu avant de lancer ses ICBM (= projeter l’apocalypse sur quelque coin du globe).

Afin de demeurer aussi indétectable que possible, le sous-marin patrouille en désactivant son sonar actif en permanence, ne l’utilisant que dans d’exceptionnelles circonstances. Les pulsations acoustiques émises par ce dispositif en eaux profondes – remarquable vecteur du son – indiqueraient aussitôt sa position, sa vitesse et sa direction à un sous-marin d’attaque ou à ce meilleur et pire ennemi que sont la frégate et son hélicoptère de lutte anti-sous marine. L’alternative consiste à recourir au sonar passif c’est-à-dire écouter les multiples vibrations sonores produites par la mécanique et la propulsion des autres bâtiments en surface ou en profondeur grâce à d’ingénieux « kits » électro-acoustiques, des systèmes informatiques et des bases de données conçus à cette fin, le tout exploité par des oreilles humaines extraordinairement formées et affinées. Corollairement, la structure et les matériaux du sous-marin ont pour fonction seconde de réduire au maximum sa propre signature acoustique au point de presque fondre celle-ci dans le bruit sous-marin ambiant.

Nul doute que l’Hexagone et la perfide Albion ont élaboré de merveilleux monstres du silence embarquant la crème des sous-mariniers. Dès lors, que les deux appareils se rapprochent à basse vitesse (avec une propulsion d’autant plus silencieuse car tournant à bas régime) ou à haute vitesse (aveuglant consécutivement leurs sonars passifs), toutes les conditions sont réunies pour qu’ils s’occultent ou « se ratent » mutuellement sur le plan acoustique.

Cette quasi-impossibilité des sous-marins nucléaires à s’entre-détecter a incité les Etats-Unis et la Grande-Bretagne à définir et à s’attribuer conjointement d’immenses zones mouvantes de patrouille très éloignées les unes des autres, ceci afin de minimiser des probabilités déjà très faibles de croisement rapproché entre leurs flottes. Si la séculaire relation spéciale liant ces deux puissances anglo-saxonnes autorise de tels arrangements, qu’en est-il de la France avec ses partenaires atlantiques ?

Last but not least : les collisions de sous-marins – avec d’autres engins du même type, des icebergs ou des plate-formes en mer - ont lieu en moyenne tous les trois ans, 18 accidents ayant été officiellement dénombrés depuis 1967 et impliquant le plus souvent des appareils soviétiques/russes.

Dans tous les cas, très peu d’informations concernant cette collision Triomphant-Vanguard parviendront au grand public : l’univers des sous-marins veille jalousement sur ses abyssaux mystères.

Une enième petite théorie du complot s’impose. Après la collision entre un satellite Cosmos russe et un autre satellite américain, celle impliquant le Triomphant et le Vanguard démontre clairement qu’une cinquième guerre mondiale se prépare. Votre mission : extraire manu militari Sarah Connor de l’hôpital psychiatrique pendant qu’il est encore temps.

Sources :

  1. The Daily Mail : British and French submarines packed with nuclear missiles collide beneath the Atlantic

  2. The Sun : Unthinkable

  3. BBC  : Nuclear subs collide in Atlantic

  4. Information Dissemination : Ballistic Missile Submarines In Deep Underwater Collision

  5. Aviation Week / Ares : More subs crash than we think


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