Les illusions de la mécanique quantique

par Bernard Dugué
vendredi 13 avril 2018

 

1. Les férus de thérapies alternatives ont certainement entendu parler de médecine quantique. Mais cette médecine n’a rien à voir avec la physique quantique et même se situe aux antipodes car la mécanique quantique étudie une particule et éventuellement des champs quantifiés dont les calculs échappent au sens physique et du reste, son inaccessibles au profane. La médecine quantique se veut globale et ne fait qu’épouser le sillage des médecines holistiques telles l’ayurvéda connu depuis des millénaires en Inde. La médecine quantique est étrangère à la théorie quantique, même si elle tente de se raccorder avec la physique, à l’instar des ondes de Prioré ou du magnétisme des guérisseurs. Ce qui n’interdit pas de chercher des ponts entre le quantique et le biologique. Affaire délicate.

 

2. La physique quantique est un outil pour réaliser des expériences sur le monde infrascopique, aux plus petites échelles accessibles, photon, électron etc. Si tous les physiciens savent manier avec dextérité ces outils mathématiques, aucun ne comprend la mécanique quantique selon les dires de Feynman. Cette sentence est encore d’actualité.

 

3. Ce constat est plutôt embarrassant pour ceux qui cherchent à faire des ponts entre la mécanique quantique et diverses conjectures sur la biologie, la gravité ou la conscience. Transférer la mécanique quantique dans un autre domaine impose que l’on comprenne parfaitement ce qu’elle signifie, or ce n’est pas le cas, si bien que les tentatives dans cette voie sont sans issue ou dans le meilleur des cas, elles offrent un intérêt heuristique. Pour exemple, le dualisme interactionniste proposé par Eccles, Nobel de médecine et Popper, grand épistémologue. Cette doctrine tente d’expliquer la conscience en usant du ressort dualiste que constitue le monde des observable et le monde des vecteurs d’états (fonctions d’onde). C’est une belle idée sauf que personne ne sait quelle réalité physique est associée aux ondes ni s’il est possible d’en trouver une, même en suivant les tentatives réalistes amorcées par Bohm. De plus, la mécanique quantique est bien plus subtile que la dualité observation et ondes complexes.

 

4. La plupart des physiciens disent que la mécanique quantique décrit une réalité qui selon le mode d’observation est une particule (un objet) ou bien une onde (le champ). En vérité, il n’y a ni onde ni particule, ni quanton ou autre oxymore savant. Il y a autre chose. Les livres de vulgarisation servent le principe d’incertitude expliquant qu’on ne peut connaître avec une précision infinie la position et la vitesse d’une particule. C’est ennuyeux, car il n’y a pas de particule. Ce principe dit autre chose, il dit que si une particule peut être observée, elle ne peut plus être décrite comme un point matériel. La particule est formalisée par un outil mathématique ne permettant pas d’utiliser une représentation classique. L’impulsion n’a pas de correspondance classique, elle est un opérateur et de la non-commutativité avec l’opérateur position découle ce principe facile à comprendre car la théorie dit qu’on ne peut mesurer en une seule fois la position et l’impulsion.

 

Il y a ensuite les univers parallèles de Wheeler et le fameux chat de Schrödinger dont l’utilité n’est pas d’expliquer la mécanique quantique mais de l’illustrer ou bien de combler un silence lors d’un dîner en ville. Le chat n’explique rien mais il illustre le caractère indéterministe du phénomène quantique. On place un chat dans une boîte, on lance l’expérience et on ne sait pas si le chat sera vivant ou mort. Alors qu’une expérience classique permet de savoir l’issue. Prenez une aiguille, percez la paroi et injectez une dose de gaz toxique, vous êtes certain que le chat n’en ressortira pas vivant. Dans le cas contraire, vous ne pouvez pas en tirer une conclusion physique. Tout au plus envisagerez-vous un déplacement à Lourdes. L’intrication est encore plus étrange. Il n’y a pas de communication supraluminique, c’est juste une question de distribution de l’information que connaissaient les anciens, Anaxagore et Héraclite.

 

5. Retour à la case départ. Personne ne comprend la mécanique quantique. Mais de brillants physiciens ont su en parler en utilisant quelques formules ainsi que des mots de tous les jours. On trouve d’excellents ouvrages, souvent datés, et d’autres moins indispensables, faits de redites et de compilations de tous les clichés utilisés il y a des décennies. Le caractère étrange de cette physique n’en est que plus fascinant. Pour comprendre la mécanique quantique, il faut franchir un pas et la rendre encore plus étrangère à notre monde. C’est ce que j’ai commencé à effectuer il y a quelque temps. Je peux même vous expliquer le spin comme aucun physicien ne l’a fait. Vous doutez, c’est normal, vous être français hélas.

 

 

N’hésitez pas à lire les ouvrages sur la mécanique quantique. Vous ne risquez rien. Ce monde étrange vous sortira de la banalité du monde médiatique mais ne pourra pas rivaliser avec la magie de l’expérience vécue dans la nature ou bien l’étrange existence dans le monde des humains.

 

http://www.iste.co.uk/book.php?id=1332

 


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