Les rêveurs d’espace découvrent un troyen

par hommelibre
lundi 1er août 2011

« Ils » se disaient depuis longtemps qu’il devait en exister. Mais chercher une aiguille dans une botte de paille, enfin presque, ce n’est pas la tâche la plus aisée. Les yeux n’y suffisent pas toujours. Même pas les gros yeux. Et puis, encore faut-il savoir où chercher.

Bien sûr ils auraient pu chercher de manière préférentielle aux points de Lagrange. Ils l’ont certainement fait. Mais un troyen n’est pas très gros, et l’éclat du soleil - bien qu’il soit distant - se superpose à la luminosité de petits objets.


Wise, lui, n’a fait ni une ni deux : il a cherché partout. Et grâce à lui, « ils » en ont enfin trouvé un. « Ils » ? Les rêveurs d’espace. Les astronomes, quoi. Grâce à Wise ils en ont enfin repéré un.


Un troyen est un astéroïde qui accompagne une planète. Ils sont sur la même orbite, vont à la même vitesse, et sont situés dans des coins protégés de l’attraction terrestre : un point de Lagrange, soit un lieu dans l’espace où les forces d’attraction du soleil et de la Terre s’annulent (Image 2). Il en existe 5. Un petit corps qui se trouve sur un de ces points reste indéfiniment à égale distance des centres d’attraction. Il ne peut donc pas entrer en collision avec notre planète.


Et c’est le cas de 2010 TK7 (entouré de vert - cliquer sur l’image Nasa 1 pour l’agrandir), astéroïde d’environ 300 mètres de diamètre découvert par le télescope spatial Wise (Wide-Field Infrared Survey Explorer) au point de Lagrange 4. Lancé en décembre 2009 et « ancré » au point de Lagrange , il photographie et cartographie le ciel en infrarouge, c’est-à-dire selon les températures des astres et non leur luminosité. Il peut donc capter des objets très peu lumineux mais dont la chaleur de surface est plus élevée que celle de l’espace environnant.


Wise (image 3 Nasa) fait partie de la flotte de télescopes spatiaux. On connaît bien Hubble, mais d’autres remplissent des missions différentes, dont la recherche de la première lumière d’après le Big Bang ou la formation des toutes premières étoiles et galaxies. Ici quelques magnifiques images du télescope Herschel.

 

Wise est en orbite polaire. Il n’est plus fonctionnel à 100%, son liquide de refroidissement ayant commencé à manquer en octobre dernier. Mais il garde encore actifs deux de ses quatre « yeux » qui scrutent l’infrarouge. Ses archives (2,7 millions d’images du ciel dans toutes les directions) sont à disposition des astronomes du monde entier, amateurs compris, depuis avril.


« Il a découvert lors de cette mission : 20 comètes, plus de 33 000 astéroïdes entre Mars et Jupiter, et 133 objets géocroiseurs (NEO). Les géocroiseurs détectés sont des astéroïdes ou des comètes ayant des orbites situés autour de 45 millions de km de la trajectoire de la Terre. Actuellement, le télescope est entré en hibernation depuis le début du mois de Février 2011.


Aujourd'hui, 57 % des données prises par le télescope viennent d'être mises en ligne par la Nasa. Ces données sont accessibles via un archive publique en ligne. L'enquête complète, avec un retraitement des données sera disponible au printemps 2012. Le prédécesseur de WISE : IRAS (InfraRed Astronomical Satellite), a effectué une mission de cartographie similaire il y a 25 ans, et ces données sont toujours valables pour les astronomes d'aujourd'hui. De même que l'héritage de WISE est prévu pour durer des décennies. »


Wise a aussi photographié récemment un nouveau rémanent de supernova, IC 443 dans la constellation des Gémeaux. Un rémanent est une sorte de nuage de matière éjecté par une étoile ayant explosé en supernova, et qui est en expansion dans l’espace. Ici l’onde de choc du rémanent (image 4 Nasa) est prise en infrarouge.


L’espace et l’univers : à consommer sans modération.

 

En vidéo, l'étonnant mouvement de 2010 TK7 :


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