Livre : La France saura-t-elle résister à la vague de l’électronique ?

par Jean Lannes
mercredi 21 juillet 2010

Aux Etats-Unis, la révolution du livre numérique est en marche. Vous m’accorderez que le monde des lettres n’avait pas connu pareil révolution depuis l’imprimerie de Gutenberg au XVème siècle.

Lundi, le site Amazon, librairie en ligne depuis déjà pas mal de temps, a annoncé dans un communiqué avoir, « sur les trois derniers mois », vendu plus de livres numériques (sur son Kindle) que de livres reliés. « Pour 100 livres reliés vendus, Amazon.com a vendu 143 livres numériques sur le Kindle » est-il précisé. Ces statistiques sont cependant à nuancer. Les ventes de livres reliés non disponibles en version numérique ne sont pas comptabilisées, tout comme les livres électroniques gratuits. De plus, il ne s’agit là que des livres vendus en ligne par Amazon et, numériquement parlant, sur le Kindle uniquement.

Quoi qu’il en soit, l’heure est au questionnement. Le livre numérique est-il une menace pour le livre traditionnel ? Ou un renouveau ?



Des avantages à cette petite révolution, il y en a bien quelques uns. Tout d’abord, les prix des ouvrages sont moins élevés. Ensuite, et surtout, grâce à ces nouveaux outils, les ventes de livres augmentent et de plus en plus de gens se mettent à la lecture, ce qui se perdait progressivement, du moins en France.

Dernièrement, on constate une nette baisse du prix des « liseuses », également appelées « livrel », qui sont simplement les appareils permettant d’accéder à ces livres dématérialisés. Cette baisse est due à l’arrivée de tablettes, comme l’iPad qui est un sérieux concurrent avec une arme de choix : l’AppStore. Cette concurrence entraîne la baisse des prix, et donc une accessibilité encore plus conséquente pour le grand public.

Seulement voilà, des nombreux inconvénients, ou dommages collatéraux, sont à signaler.

La première chose, la plus évidente, est que cette révolution déplait fortement aux plus conservateurs, et il y en a, qui tiennent à leur bons vieux livres, tangibles et réels. L’achat, la lecture et la possession d’un livre est un plaisir, presque sacré, incomparable à celui procuré par des pixels sur un écran. Avec un eBook, aucune bibliothèque personnelle, si ce n’est celle modélisée en 3D sur l’iPad. Et en cas de panne, plus rien ? Présent depuis plus de 5 siècles, le livre imprimé n’aura, je pense, pas de mal à conserver sa clientèle fidèle et dévouée.

De plus, selon une récente étude du Motif, organisme consacré au livre et à l’écrit, l’offre numérique légale représenterait « à peine 10 % de l’ensemble des titres disponibles à la vente papier » en France. L’organisme alerte également le public au sujet du téléchargement illégal. En effet, constatez les effets du piratage sur le monde de la musique et du cinéma, et imaginez la même chose pour le secteur du livre.

Il y a, avec cette révolution commerciale venue droit des Etats-Unis, comme une odeur de mort. La mort de l’édition, la mort des écrivains. La mort du livre.

Certains pressentent une cohabitation pacifique entre le livre papier et le livre électronique. Je ne serais pas aussi optimiste. Mon seul souhait est de voir cette vague s’arrêter aux frontières de la France. Après tout, nos frontières ont bien stoppé le nuage de Tchernobyl !

Notre pays est vanté pour sa particularité. Depuis toujours, parait-il, il y a « l’exception française ». Et Dieu sait à quel point le livre occupe une place immense dans l’histoire de l’hexagone. Pour l’instant, le marché français tient le coup devant l’arrivée du numérique qui ne se ressent que modérément.

Face au géant commercial américain, la France saura-t-elle résister encore et protéger le secteur sacré du livre ? A mon sens, il le faut.


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