Ma vie de HPI racontée dans un livre ?

par Bernard Dugué
mardi 29 mai 2018

 

HPI, cela signifie haut potentiel intellectuel. Ces individus sont repérés dès le plus jeune âge et désignés comme « surdoués », ce qui n’a pas vraiment de sens. Une fois adulte, ils sont parfois qualifiés de zèbre à la faveur d’une coquetterie sémantique. Le thème des surdoués et des zèbres est devenu visible dans l’espace médiatique, notamment avec les possibilités de l’Internet. Ce sujet est néanmoins sensible, pour ne pas dire tabou dans une société française aspirant à l’égalité et rêvant d’un monde lisse dans lequel aucune tête ne dépasse, hormis celle des élites dirigeantes acceptées ou du moins tolérées pour leur utilité sociale. J’envisage d’écrire une confession sur le parcours d’un individu qui pense être HPI sans que ce ne soit une certitude. D’autant plus qu’il n’y a pas de critère précis pour caractériser un HPI si ce n’est des réalisations étonnantes et une certaine difficulté à s’insérer dans le monde professionnel. Des échecs retentissants ou plus souvent discrets.

 

Je n’étais pas un authentique « surdoué » dans mon jeune âge. Heureusement sinon j’aurais complètement échoué dans le parcours scolaire. Pas assez surdoué pour rater ma vie mais plus doué que la moyenne pour réaliser de brillantes études sans fournir des efforts disproportionnés. Grande école puis doctorat dans une spécialité étrangère aux sciences dures de l’ingénieur. Comme aurait dit Desproges, je n’ai jamais été un enfant précoce, mais je suis devenu un adulte tardif. Et comme dirait Simone, on ne nait pas HPI, on le devient. Ce qui pose des problèmes d’insertion car le HPI croise dans son milieu professionnel des MPI, autrement dit des individus à moyen potentiel intellectuel.

 

Pourquoi écrire un livre sur ma vie ? Deux justifications motivent ce choix. Pour l’auteur, une nécessité à partager un vécu et instruire le lecteur sur un chemin singulier dont les traits méritent le détour. Ce critère ne suffit pas. Encore faut-il que ce chemin soit le prétexte pour aller vers des considérations plus universelles en défendant un point de vue sur la société et son dessein. Pour l’éditeur, une chose est déterminante et l’emporte bien souvent sur les autres considérations. Il faut que le livre se vende. Ce qui suppose bien des paramètres que l’éditeur connaît mais pas forcément l’auteur, sauf s’il est assez rusé pour produire un écrit dont il sait qu’il sera apprécié du lecteur. Il y a les requins de l’écrit comme il y a les requins de studio dans le domaine musical.

 

Je précise qu’il n’y a dans ma démarche nul intérêt vénal ou narcissique. Même si un livre bien vendu peut aider à vivre. La célébrité ne m’intéresse pas. J’aurais aimé faire des recherches avec des moyens et me contenter d’une notoriété proportionnelle à la qualité de mes résultats. Rendre public mon parcours permet d’attirer l’attention sur des travaux non conventionnels et capables de révolutionner la science. Ces travaux ont été publiés chez Iste, traduit en anglais chez Wiley, et pour l’instant, aucun retour. Ce qui se comprend puisque n’étant pas encarté dans une université, je ne peux qu’être suspect. Pourtant, ces travaux sont révolutionnaires et j’en reste à mes savantes convictions.

 

Jouer les héros n’est pas ma tasse de thé. Affronter le monde n’est pas ma priorité. Comme je l’ai dit, j’aurais aimé glisser dans les cercles savants, tel un moine voué aux études métaphysiques et rémunéré par les instances du savoir. Le livre que je projette est pratiquement écrit. Je dois affronter les vents contraires. Celui des éditeurs frileux et surtout celui d’une société devenue bien conformiste depuis les années 2000 et même avant. Chirac et le principe de précaution, Forest Gump, Amélie Poulain, Loft Story. Dans un contexte si lisse, il est délicat de revendiquer sa différence. Bien que de sensibilité à gauche je suivrai quelques valeurs de droite, de Juppé à Fillon sans oublier la figure de Jünger : droit dans mes bottes je ne me rendrai pas !

 

J’ai côtoyé dans les commentaires d’Agoravox un monde des BPI, bas potentiel intellectuel, aigris et hargneux. Ce qui n’empêche pas les zèbres de continuer leur chemin en espérant trouver quelque reconnaissance, quelques amis, non sans l’idée de suggérer une transformation de la société. Il n’y a plus de classe révolutionnaire mais il y a les zèbres. Si je devais achever ce livre, il faudrait évoquer cet aspect. Potentiel signifie une certaine puissance à œuvrer et à changer l’ordre du monde. La jungle de la compétition est terrible, elle élimine les meilleurs en édifiant des règles favorisant les opportunistes. La société s’invente avec des gens autant inventifs que disposés à partager leurs talents.

 

Et je ne sais toujours pas si je suis HPI. Le comité Nobel aurait tout intérêt à se pencher sur mes travaux. Un adulte tardif a-t-il sa place dans le cercle des génies de la science ? Le Nobel ne récompense que les adultes précoces. Peut-être l’ai-je été, après la trentaine.

 

Boutades à part, l’expérience vécue sur Internet mérite un détour. A partir des années 2010, un fascisme ou plutôt un « tyrannisme » populaire s’est dessiné. Je l’ai constaté dans les commentaires sur mes articles et d’autres écrits par des gens respectables. Sur ce point aussi il y aurait matière à penser et réfléchir. Les réseaux sociaux et le Net comme moyen de communication dévoilant la nature tyrannique des hommes et femmes de notre époque. Je n’ai pas suffisamment de recul pour confirmer cette tendance. Ce point n’a pas une importance cruciale dans les recherches sur les émergences, la trinité, les essences et la gravité quantique. Disons que le lien entre émergence et communication se confirme. Les réseaux sociaux font émerger le « fasciste » en l’homme ou du moins le tyran car il n’est pas certain que ces âmes perdues aient une conscience politique.

 

Au final je ne suis pas certain de vouloir éditer mon livre au vu du contexte Bien peu d’élan pour les choses de l’Art, la spiritualité, l’intelligence. Une société effritée abime la France éternelle. Il reste une bienveillance se mêlant à l’indifférence et à une malveillance qui semble d’accroître. Dans mal-veillance, il y a le mal et un certain fascisme dilué dans les rouages de la société. Les hommes ont souvent été aveugles face au mal. Pour l’instant, aucune décision. Le livre est achevé aux trois quarts, autrement dit, il est achevé ou achevable dans les meilleurs délais sous réserve que je me décide à le proposer à un éditeur.

 

Cela n’a pas grand intérêt mais je reproduis ce mail envoyé à l’attention d’une éditrice qui a pignon sur rue. Ce courrier est bien maladroit, ce qui confirme mon statut de HPI.

 

Salut et fraternité.

duguebernard (at) gmail. com

 

 

Bonjour Madame Beyer,

 

Je me permets de vous contacter à propos d’un projet éditorial que je souhaiterais soumettre aux Editions de l’Observatoire. Vous avez édité le livre percutant de Josef Schovanec sur les intelligences multiples. Quelques-uns de vos confères ont publiés des ouvrages sur les surdouées. Appartenant à cette catégorie spéciale que sont les HPI (haut potentiel intellectuel), j’envisage de raconter un parcours chaotique m’ayant amené au niveau bac + 21, avec un diplôme d’ingénieur d’une grande école, un doctorat en pharmacologie et un doctorat en philosophie, puis aux marges de l’institution, un statut de dissident, à l’image d’un Sakharov ou d’un Galilée ignoré des médias. J’ai publié plusieurs ouvrages savants boudés par une communauté scientifique fonctionnant comme une Eglise.

 

J’ai par ailleurs écrit un essai philosophique sur la métaphysique et la pensée de l’Etre. Avec en vue le dépassement de Heidegger. La pensée philosophique ne cesse de tourner en rond, comme du reste la pensée scientifique vulgarisée dans des livres qui répètent les mêmes clichés depuis 50 ans. Il faut de nouvelles directions.

 

Cette affaire se joue à trois. La bienveillance de l’éditeur, l’audace de l’auteur et la confiance mutuelle. Autrement dit, une déclinaison de la trinité immanente calquée sur la trinité universelle. Vous occupez la place du Père bienveillant, moi celle du Fils audacieux et si la résonance se produit, la confiance sera le signe de l’Esprit intercesseur. Mon essai s’intitule Temps, essences et trinité. Son édition vous permettra d’acquérir ou de confirmer un statut d’éditeur « découvreur » de talents exceptionnels.

 

En PJ vous trouverez la présentation de mon essai de philosophie. N’hésitez pas à me contacter pour jouer ce coup de poker éditorial et secouer le monde de la philosophie. Je vous ferai également part des prochains livres en projet, sur la physique contemporaine, sur l’évolution. De quoi secouer le monde scientifique ! 

 

 

Avec mes cordiales salutations

 

Bernard Dugué

 


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