Mon portrait en relief

par Mezigue
mercredi 29 novembre 2006

Une technique de photo en relief permet de faire réaliser son portrait. Nouveau et intéressant.

J’ai fait faire mon portrait en relief.

Je suis là, sur un coin du bureau pour l’instant, et je n’en reviens toujours pas.

De temps en temps, je m’énerve, alors j’essaie de me pincer le nez. Mais c’est une illusion et mes doigts ne rencontrent qu’eux-mêmes. Du coup, j’essaie de me mettre le doigt dans l’œil, et il y entre jusqu’à toucher le support de l’image. Mais je sais que je ne devrais pas faire ça : ça brise la magie et ça pourrait laisser des traces sur le réseau lenticulaire.

C’est Pierre Allio qui m’a fait ce portrait [1]. Je l’ai rencontré pour des raisons professionnelles, parce que je m’intéressais à son système de vidéo en relief sans lunettes, et j’ai vu qu’il faisait aussi des photos, pour la pub, pour des musées... Rien à voir avec les vilaines cartes en relief qu’on voit parfois dans les paquets de céréales ! Au contraire : du grand et du beau. Comme moi, quoi.

On a pris rendez-vous pour une séance de prise de vue dans son atelier du vingtième arrondissement de Paris. Il m’a proposé un portrait en pied à l’échelle un, mais j’ai refusé : pas si mégalo, quand même ! Ma tête me suffisait ; en cadrage serré, je tiens dans un format A4. En revanche, si je me décide à y emmener mes petits-enfants, je prendrai quelque chose de plus grand, pour les avoir en entier. Je crois que ça pourrait faire un super cadeau, pour leurs parents et pour moi, d’abord, et pour eux-mêmes plus tard. Ce n’est pas donné, mais ça en vaut le coût. Il faut que je me décide vite : à mon avis, les stars et autre people à l’ego surdimensionné ne vont pas tarder à défiler dans le vingtième.

Je n’avais jamais vu un truc comme ça. Bien mieux que l’holographie ! C’est un peu comme si j’étais inclus dans un volume, mais le support fait à peine trois millimètres. Ça reste une image, mais c’est comme la réalité. L’effet est assez ambigu, comme ce texte : on dirait une pub mais en fait, c’est un coup de cœur. En tout cas, c’est fascinant.

Pierre Allio m’a expliqué que son alioscopy réinvente et perfectionne un procédé mis au point par Maurice Bonnet dès les années 1930. Au départ, il était restaurateur de sculpture, et c’est la télévision en relief qui l’intéressait. Ça lui a pris une vingtaine d’années de travail et une douzaine de brevets. Quand on lui a demandé de faire des photos, ça a marché tout de suite. Aujourd’hui, il paraît que c’est le top mondial.

En pratique, il m’a installé sur un siège, face à son matériel, un appareil photo, tout ce qu’il y a de normal, posé sur un rail tout droit. On a ensuite répété quelques poses et il a réglé ses lumières. Le dos bien calé, je ne devais pas bouger du tout : pas une respiration, pas un battement de paupière, rien pendant à peu près trois secondes, le temps que l’appareil motorisé glisse sur son rail pour saisir une quinzaine d’images, chaque fois sous un angle légèrement différent. Et c’est tout. Pour moi du moins, parce que lui, il a encore trituré ses images à coup d’ordinateur, avant d’imprimer le résultat pour le coller sous un réseau optique qu’il fabrique lui-même. J’avais mon portrait le lendemain, en deux exemplaires, avec une version « plate » en prime, des plus banale. Celle-là, je l’ai jetée.

Finalement, je pense que je vais m’accrocher au mur. Ça lui fera une sorte de fenêtre virtuelle, et moi, je pourrai garder un oeil sur moi-même.


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