Monsieur Hulot et le grand mensonge de la transition énergétique

par Layly Victor
mercredi 15 octobre 2014

Dans la nuit du 10 au 11 Octobre 2014, l’assemblée nationale fortement réduite a voté en catimini la loi de transition énergétique, du moins la seule partie de cette loi qui intéressait les écologistes politiques. On fera semblant, pour tromper l’opinion, de faire des débats, des aller retour avec le Sénat, mais ce qui était visé a été obtenu d’entrée. Un paragraphe stipule la réduction du nucléaire à 50 % de la production, contrairement à la promesse de plafonner sa production à 63.2 GWe. Un amendement a été déposé par le député Michel Sordi en vue de supprimer ce paragraphe. Cet amendement a été rejeté. Etaient présents, 35 députés. Les écologistes ont dormi dans la salle alors que les autres étaient partis pour la plupart. Résultats du vote : 11 voix pour l’amendement, 24 contre : terminé. Vive la démocratie ! Mamère a du pleurer de joie. En effet, tout le reste ne sera que de l’habillage, l’essentiel était ce paragraphe et le rejet de cet amendement.. La porte est ouverte à la « déconstruction » de la filière nucléaire française. On a pu remarquer l'indigence des arguments avancés par les promoteurs de la loi, confinant souvent à l'ignorance crasse ou au mensonge délibéré, par exemple sur le stockage de l'énergie qui serait "opérationnel". 

Le problème de la production et du partage de l’énergie est, avec l’explosion démographique et l’épuisement des ressources de la planète, le problème majeur qui conditionne l’avenir de l’humanité. Des études ont d’ailleurs montré que ces deux problèmes sont étroitement liés : dans les régions du monde où on est capable de fournir aux populations une énergie abondante et peu chère, ceci s’accompagne en général d’un ralentissement de la croissance démographique. C’est un enjeu crucial, non seulement pour la survie et l’indépendance d’une nation, d’une société, d’une civilisation, mais aussi pour l’humanité toute entière. C’est d’ailleurs un archétype majeur de la conscience collective. Les cinéastes de science fiction ne s’y trompent pas : les aventures spatiales qu’ils mettent en scène reposent toujours sur l’hypothèse sous-jacente d’une énergie pratiquement sans limite mise à disposition des héros. On n’y prend même pas garde, tellement nous sommes habitués à une facilité qui est l’héritage du travail acharné des scientifiques et ingénieurs tellement honnis par l’inénarrable Noël Mamère (ce dernier a une dent particulière contre les ingénieurs des mines, responsables du parc électronucléaire, du TGV, du programme spatial, d’Airbus, et autres abominations à son goût). On oublie aussi que cette facilité, qui a jusqu’à présent reposé sur les énergies fossiles, se paie au prix de guerres et de massacres permanents. Le seul pays au monde qui pourrait se dispenser de perpétrer ces massacres ou de participer à leur financement est la France, grâce à la vraie transition énergétique commencée il y a quarante ans avec le démarrage du programme électronucléaire français. Pourtant, les journalistes et les hommes politiques, tous partis confondus, mettent consciencieusement sous le boisseau cette question, à l’exception des incantations anti nucléaires des écologistes politiques, abondamment relayées par les désinformations télévisées.

Le système bancaire international qui, dans sa fuite en avant éperdue et ses efforts désespérés pour maintenir à tout prix les rendements à court terme, s’égare de bulle financière en bulle financière, met de gros espoirs dans l’énorme bulle que constituent les « énergies renouvelables » (en l’état actuel de leur développement). Il lui est impératif, en France et en Europe, de faire reculer l’industrie électronucléaire, car l’exemple éclatant de la réussite française dans ce domaine nuit à ses intérêts. Ses deux points d’appui sont l’idéologie de la classe politico-médiatique et l’activisme de certaines organisations bien connues au service des groupes pétroliers US. 

C’est ainsi que le parc électronucléaire français et la technologie nucléaire française, un des derniers fleurons de notre industrie qui fut l’une des plus brillantes et inventives du monde, sont fortement menacés, dans l’indifférence générale. Cette inconscience nationale proche de l’anesthésie est favorisée par l’invention du grand enfumage des « énergies renouvelables », thème que nous développons plus loin.

On va donc procéder, en catimini, au « débat parlementaire sur la transition énergétique », non sans avoir au préalable soigneusement miné le terrain. Le véritable objectif de ce débat n’est pas, loin s’en faut, la teneur en gaz carbonique de l’atmosphère, dont tout le monde se moque éperdument (*), ou la diminution de notre dépendance au pétrole et aux pétroliers. Le véritable objectif est la liquidation sournoise du parc électronucléaire français. On fait donner le ténor médiatique Nicolas Hulot, prétendant « qu’on nous a menti sur le coût du nucléaire ». On ne passe dans la presse, y compris la presse réputée scientifique, que des papiers à charge contre le nucléaire, souvent avec des arguments d'une grossière indigence, sans possibilité de répliquer. Même La Recherche se fend d’une étude rondement menée par une « sociologue des sciences » intitulée : « la méthode du nucléaire : le secret » (il va sans dire que, dans cette étude, pas un mot n’est consacré à la méthodologie scientifique et technique, l’auteure en serait bien incapable). Sans compter la Duflot et ses « centaines de milliers de morts » post-Fukushima (**) ou la Rivasi, reine incontestée de la manipulation des chiffres (affaire du Becquerel par mètre cube au dessus de Paris (***) ou de la terrible contamination du Rhône). Nos journaux et nos médias regorgent de déclarations péremptoires et définitives de ténors politico-écologistes qui ne se soucient jamais d'exactitude dans leurs propos, et qui souvent même ne se soucient pas de la moindre vérification. On exhibe aussi pour faire bonne mesure, quelques scientifiques de renom, s’aventurant à la hâte loin de leur champ habituel de recherche (comme ce pauvre Jean-Louis Basdevant, grand spécialiste de théorie quantique des champs), ce qui les conduit à proférer des bêtises indignes de leur immense talent. Ce bombardement médiatique permanent (que les militaires nomment « préparation d’artillerie ») vise à faire pression sur les décideurs politiques, sur le thème de « l’acceptabilité » par le public. Mais tout ce battage ne suffit pas car, en ces temps de chômage et de baisse de la production industrielle, le public sent bien que ce n’est peut-être pas le moment d’appauvrir encore plus notre économie. D’autant plus que le miracle allemand de l’énergie verte semble tourner au désastre et que le prix de l’électricité y est deux fois plus élevé qu’en France (voir plus loin). Alors, on choisit un autre angle d’attaque en soutenant que le coût du nucléaire est sous évalué, d’où les révélations de Monsieur Hulot (le client idéal, si vous êtes commerçant, celui qui exige de payer deux fois plus cher que le prix que vous demandez !). Pour faire bonne mesure, on se fend d’une « étude de l’IRSN » qui estime que le coût d’un accident nucléaire grave serait de 5000 milliards d’Euros (vous avez bien lu). Le jour même, les parlementaires écologistes exigent qu’EDF fasse une provision de ce montant. Si une telle mesure était appliquée, ce serait la fin d’EDF. Les ultra libéraux de Bruxelles et les pétroliers de Dallas ont du boire le champagne. Comme c’était quand même un peu gros, l’ASN (autorité de sûreté nucléaire, dont on serait en droit d’attendre une attitude impartiale) a ramené le chiffre à 1000 milliards d’Euros, ce qui n’est quand même pas mal. Messieurs les experts, on aurait pu faire une estimation enveloppe en se basant sur les conséquences de Tchernobyl, qui est l’accident le plus grave qu’on puisse imaginer. Au passage, vous savez très bien que l’accident de Tchernobyl, qui est un accident de réactivité, lié à ce type de réacteur et à des circonstances très particulières, ne peut pas se produire en France, où le type d’accident envisageable est un accident lié à un défaut de refroidissement, comme ce qui s’est passé à Fukushima. Il serait d’ailleurs intéressant, quand le temps écoulé sera suffisant, de faire un bilan complet des retombées, humaines et économiques, de Fukushima, et de le comparer aux retombées, humaines et économiques, liées aux activités des secteurs chimique et pétrolier (mais ça, c’est tabou, surtout les menaces que fait peser sur la santé des populations l’exploitation des terres rares indispensables aux IPOD et autres gadgets).

(*) Comme a dit Sigmar Gabriel (AFP 27/6/2014), le Vice Chancelier Allemand, Ministre compétent pour l'énergie : "On ne peut pas à la fois sortir en même temps du nucléaire et du charbon". En conséquence, les Allemands sortent du nucléaire et rentrent dans le charbon. Cette phrase était une réponse au patron de la société norvégienne Statoil, Helge Lund, qui avait dit : "Pour nous, il est difficile d'imaginer comment vous [les Allemands] allez remplir vos engagements de réduction d'émissions de CO2". La réponse de Sigmar Gabriel est limpide : les Allemands ne tiendront pas ces engagements.

(**) A ce jour, le nombre de décès imputables à l’accident nucléaire de Fukushima est égal à zéro. Les deux seules victimes dans la centrale, sont deux malheureux agents de Tepco noyés par le tsunami. Il faut attendre la suite, et surveiller l’évolution de la santé des personnes contaminées, mais nul doute que si la santé de l’une d’elles se détériorait, nous en serions informés en boucle. On fait sournoisement l’amalgame avec les nombreuses victimes du tsunami. Aujourd’hui même, un passionné annonce « des milliers de morts en Californie », suite à Fukushima. Un clérical de l’anti-nucléaire a même pondu cette perle : « dans soixante dix ans, un grand nombre des personnes présentes le jour de l’accident aura disparu ».

(***) Le Becquerel est une unité très petite (désintégration par seconde). Si on songe à l’immensité du nombre d’Avogadro, on conçoit qu’une infime quantité de matière radioactive produit une activité en Bq très grande. La CRIRAD joue sur ce fait avec mauvaise foi. Ainsi, dans les jours qui ont suivi Fukushima, on a annoncé un Bq par mètre cube au dessus de Paris, sans préciser ce que cela signifiait réellement. Cette concentration de radioactivité, non mesurable, était le résultat de simulations numériques du panache, couplées à des modèles de météo. Inquiétude des populations. Un cousin m’a appelé, pour savoir s’il devait laisser ses gosses jouer dehors. Je lui ai dit que le corps d’un individu de taille moyenne produit naturellement 8000 Becquerels (dont 4000 dus au carbone 14), ce qui met les choses en perspective. La CRIRAD est coutumière du fait : on annonce habilement des Bqs, sans jamais parler de la concentration en surface ou en volume. Si on vous annonce que quelques millions de Bq ont été accidentellement déversés dans le Rhône, tout le monde court aux abris alors que, en réalité, c’est totalement dérisoire.

Loin de nous l’idée de minimiser le risque lié aux accidents potentiels de réacteurs nucléaires. Il faut y travailler en permanence et ne jamais relâcher son effort pour les prévenir ou, dans le pire des cas, minimiser leurs conséquences. Ce que nous dénonçons, ce sont les affirmations hystériques et non argumentées de cléricaux qui ont pour but de fausser l’appréciation de décideurs politiques qui doivent faire la balance entre les bénéfices et les risques, et l’appréciation du public (comme la rumeur des cancers de la tyroïde en Provence suite à Tchernobyl, démentie maintes fois par les études médicales, mais toujours vivace). 

 

Monsieur Hulot et la fermeture de la centrale de Fessenheim

C’était une promesse phare de la campagne de Monsieur Hollande. Fukushima est arrivé à point nommé pour faire monter la pression. On a envisagé des séismes démentiels dans la région du Rhin. Il se trouve que les centrales nucléaires sont très bien protégées contre les séismes, et les réacteurs de Fukushima n’ont pas été endommagés par ce séisme qui a été l’un des plus violents de l’histoire du Japon. C’est le black-out électrique suivi de la submersion des générateurs de secours qui a causé l’accident. On a donc envisagé un tsunami dans la vallée du Rhin. C’est là que le physicien des hautes énergies Jean-Louis Basdevant s’y est mis. Il est triste pour l’auteur de penser que le jeune chercheur plein d’avenir qu’il a connu autrefois ait pu être recruté par la presse parisienne et les beaux esprits de la place des Vosges pour aider à tenir une promesse de campagne du président, au mépris de toute logique économique et technique. Mais ce n’était pas trop crédible. Alors, on a inventé l’histoire du coût réel, sur le thème « on nous a menti ». En Mai 2013, le journal « Les Dernières Nouvelles d’Alsace » met en première page une photo du grand physicien des particules Jean-Marie Brom, avec le titre en gros caractères « pourquoi il faut fermer Fessenheim ». C’est présenté comme une tribune. Il est assez frappant de voir comment, dans un pays où on n’a que mépris pour les scientifiques, il n’est que de voir leur statut et leur salaire, on va en chercher un de temps en temps, comme caution (en plus, la physique des hautes énergies, alias physique des particules, c’est tellement inaccessible, sauf à faire de très longues années d’études, que ça fait autorité) : c’est une dernière révérence au vieux monde disparu et à l’autorité académique. De même, dans un pays où on est en train de détruire de fond en comble l’enseignement des mathématiques, on n’hésite pas à mettre en avant le grand mathématicien Cédric Villani, directeur de L’Institut Henri Poincaré, pour une élection municipale.

Donc, les rédacteurs du papier de Jean-Marie Brom mettent l’accent sur l’histoire du coût réel. Dans leur précipitation, ou par paresse, ils s’emmêlent un peu les crayons. Ainsi, il est dit, comme preuve du « mensonge », que le tiers de la production est envoyé en Suisse et le tiers en Allemagne. Ils ont oublié de vérifier que la Suisse et l’Allemagne participent pour un tiers chacune au financement et à l’exploitation de cette centrale. Je décide donc de rédiger une réfutation et prends contact avec la rédaction de DNA pour demander à exercer un droit de réponse. Il m’est rétorqué que les tribunes de DNA sont réservées aux Alsaciens. « Bon, mais si c’est un syndicaliste de Fessenheim qui vous envoie le papier ? ». Réponse : « Monsieur, tout le monde sait en Alsace que l’arrêt de cette centrale, c’est purement politique ».

Mais les choses ne sont pas si simples. La folie de « l’énergie verte » allemande met en danger la stabilité du réseau électrique de cette région, qui est au cœur de l’Europe (voir les chiffres plus loin). Contrairement aux affirmations de l’idéologue Delphine Batho, la centrale de Fessenheim est un élément important de la sécurisation de ce réseau. Or, il faut tenir coûte que coûte les promesses du Président. On s’est donc rabattu sur la centrale du Bugey (les risques sismiques et les risques de tsunami dans cette région sont bien connus). L’ASN, toute honte bue, a envisagé d’organiser un « vote citoyen ». Ce genre d’exercice de démocratie participative ne sera bientôt plus nécessaire, puisqu’une loi votée en catimini donnera au Président le droit de fermer une centrale en passant par dessus l’avis de l’opérateur EDF. A l’issue de sombres tractations politico-techniques c’est, aux dernières nouvelles, un réacteur de la centrale de Flamanville qui serait sacrifié sur l’autel de la politique politicienne.

En ces temps sombres de chômage et de pauvreté, ce gaspillage délibéré fait mauvaise impression. Alors, finies les tribunes libres de mathématiciens et physiciens. On fait donner un vrai poids lourd médiatique, l’homme qui a consacré sa vie à la sauvegarde de la planète, une des personnalités préférées des français (et des pétroliers) : Monsieur Hulot lui-même !

 

Réfutation de Monsieur Hulot

Il faut à tout prix justifier l’énorme gaspillage que représentera la fermeture anticipée de réacteurs en état de fonctionner. La limite de 40 ans est une limite qui avait été fixée par la NRC américaine au début du programme Westinghouse, dans les années 1970, en l’absence de retour d’expérience sur la tenue à l’irradiation des matériaux de structure. Depuis, la NRC a repoussé cette limite à 60 ans mais en France, on fait semblant de ne pas le savoir. Or, sur 58 réacteurs en activité, 33 sont des REP 900 MWe (méga Watts électriques), ceux de la première génération, qui vont arriver à la visite décennale des 40 ans. L’autorisation de prolongation est du ressort de l’ASN, qui va très probablement imposer des conditions draconiennes et des travaux (*) la rendant pratiquement impossible. Ce sera un gaspillage monstrueux de l’argent public.

D’autre part, le coût élevé des EnR, malgré les lourdes subventions, et leur impact environnemental désastreux, risquent de les rendre très impopulaires. Le coût du kWh en Allemagne est deux fois plus élevé qu’en France.

Pour ces raisons, l’argumentation choisie par les cléricaux de l’anti nucléaire tourne autour du « coût réel ». Le mage du col d’Eze (des mauvaises langues disent qu’il aurait tenté de faire financer sa villa par le conseil général des Alpes Maritimes, et qu’il se rendrait à sa propriété prés de Banon en hélicoptère-sans doute en mission de défense de la planète, mais ceci ne nous regarde pas) déclare qu’on nous a menti, car « le coût du démantèlement du parc électronucléaire s’élèverait à plusieurs centaines de milliards d’euros ». Sur ce point, Monsieur Hulot, votre assertion est crédible, mais faisons nos comptes précisément.

Le coût de construction d’un réacteur type REP 900 est de quelques milliards d’Euros. Par exemple, le coût du réacteur EPR de Flamanville (1500 MWe) est évalué à 8 milliards d’Euros. Il faut dire que le retard, déjà de quatre ans, en grande partie du au « freinage » organisé par l’ASN, se paie cher en indemnités.

Le coût du démantèlement de la centrale de Fessenheim, qui comporte deux REP 900, est évalué à 5 milliards d’Euros (chiffre officiel). Comme nous avons 58 réacteurs en fonction, le chiffre de 145 milliards d’Euros est plausible (et pas plusieurs centaines de milliards). On arrive donc à un coût pour un REP 900, construction plus démantèlement, dans une fourchette entre 7 et 10 milliards d’Euros (bien moins que le coût annuel de la délinquance, vous en conviendrez).

EDF facture le kWh à environ 14 centimes, taxes comprises (hors TVA). Il faut remarquer que, sur ces 14 centimes, il y a l’énorme taxe de 2 centimes de la CSPE, qui est la taxe destinée à financer la recherche sur les EnR (royal !). Il faut également déduire le prix de l’acheminement. Disons que la part du coût liée à la production est de l’ordre de 10 centimes. Dois-je vous rappeler que, dans cette somme, la provision pour le démantèlement est comprise ? (provision qui est sauvegardée par des investissements).

Un REP 900 qui fonctionne pendant 40 ans avec un facteur de charge de 75% (il faut déduire du temps de fonctionnement les arrêts liés à l’équilibre du réseau, les arrêts pour rechargement du combustible et les arrêts pour inspection), soit 6570 heures par an, produit une énergie égale à 5.913 milliards de kWh en un an, donc au total 236.52 milliards de kWh. Ceci donne un revenu de 24 milliards d’Euros 2014 (déduction faite des taxes diverses et de l’acheminement). Encore faut-il souligner que, comme nous l’avons dit, cette limite de 40ans est quelque peu arbitraire et a été révisée à la hausse par les Etats Unis. Il reste donc au minimum un bénéfice de 14 milliards d’Euros par réacteur REP 900. Si on admet qu’EDF n’a pas pour vocation de faire d’excédents financiers, ce revenu est réparti en provisions, achat de combustible, frais de fonctionnement et de maintenance, inspections, formation et rémunérations des équipes de conduite. A cela s’ajoute le coût des études de recherche et développement et le coût des études de sûreté et de la recherche en sûreté, qui sont répartis sur l’ensemble des réacteurs du parc.

On pourrait soupçonner EDF, pour des raisons difficiles à comprendre, de se voler délibérément, mais en aucun cas une éventuelle discussion sur les coûts de construction et de démantèlement, qui sont des chiffres officiels, ne pourrait justifier l’écart d’un facteur deux à trois (on parle d’un facteur six en Allemagne) avec le prix des EnR. En réalité, cet écart est dû au fait que ce sont principalement les énergies du charbon et du gaz. Que dire des quelques dizaines de milliards d’Euros que l’on s’apprête à jeter par la fenêtre sur la durée de vie des réacteurs du parc 900 MWe pour satisfaire les fanatiques religieux et leurs associés électoraux ?

Monsieur Hulot, il faudrait demander à vos conseillers en communication de travailler plus sérieusement. Ceci dit, vous n’avez pas besoin d’être sérieux, puisque la complaisance des médias vous est acquise, et qu’aucun journaliste ne vous demandera jamais de comptes.

(*) Le réacteur OSIRIS, implanté à Saclay, est un réacteur d’irradiation, c'est-à-dire que c’est un petit réacteur qui n’a pas pour objectif de fournir de la puissance. Son rôle est de fournir un flux de neutrons, ce qui permet d’étudier la tenue mécanique des matériaux sous irradiation, et ainsi de prévoir leur comportement au cours de la vie d’un réacteur. Il permet aussi de prédire le taux de combustion (burn-up) que l’on peut atteindre avec un combustible nucléaire nouveau. Ce type de réacteur est donc un outil indispensable pour le développement de toute nouvelle filière nucléaire. Une autre fonction, importante pour la médecine, est la production d’isotopes. OSIRIS est un des six réacteurs dans le monde qui produisent du Technicium99m, utilisé en scintigraphie. Il devait être remplacé en 2015 par le Réacteur Jules Horowitz (RJH) en construction à Cadarache. Il se trouve que le chantier du RJH, grâce aux bons soins des prêtres de l’ASN et à la restriction des budgets, est en train de prendre un an de retard chaque année, et nul ne sait quand il sera achevé. Le CEA a donc demandé une prolongation d’OSIRIS au-delà de 2015. Mais les prêtres de l’ASN n’accorderont cette autorisation que sous réserve de travaux du niveau requis pour un réacteur de puissance : dôme en béton capable de résister à la chute d’un avion, etc. Ce réacteur est donc condamné, et il va être arrêté en 2015. Nous n’aurons plus d’outil de développement et plus de production de radio isotopes pour la scintigraphie.

 

Le grand enfumage des énergies renouvelables

L’électricité est le moyen le plus commode et le plus rentable pour transporter de l’énergie. C’est ce qui a permis le développement des grands centres urbains, avec leurs réseaux complexes de transport des personnes et des biens, tout en réduisant la pollution par rapport aux temps anciens de la révolution

industrielle. Il n’est pas raisonnable de penser que, à moins d’un bouleversement majeur de la société, il soit possible de renoncer au confort et à la puissance industrielle que ce vecteur d’énergie procure. Le grand mensonge est de prétendre que les EnR (énergies renouvelables) sont en mesure dans l’immédiat de répondre à cette demande en prenant le relais des énergies fossiles et du nucléaire. Ce n’est pas, comme l’affirment leurs aficionados, parce que les pouvoirs publics ne dépouillent pas assez vite le nucléaire. C’est pour des raisons techniques. On rétorquera que beaucoup de pays d’un niveau de vie comparable à celui de la France n’ont pas de parc nucléaire. En fait, parmi eux, la France est le pays ayant le ciel le moins pollué, le seul qui ne dépende pas du charbon (directement ou indirectement, par production d’électricité délocalisée en Pologne), celui qui est le moins dépendant du pétrole, et un de ceux où le prix de l’électricité est le moins élevé.

 

Il ne s’agit pas de nier l’intérêt évident des EnR dans certains secteurs, comme le chauffage domestique. Ce qu’il faut combattre, c’est l’utilisation des EnR comme monnaie d’échange politique pour la conquête du pouvoir, avec des promesses inconsidérées, ou comme support à une nouvelle bulle financière.

Les promoteurs des EnR parlent habilement d’énergie, jamais de puissance. Or c’est la puissance qui compte. Un réseau électrique interconnecté doit être en permanence à l’équilibre, c'est-à-dire que la puissance produite doit être égale, à chaque instant, à la puissance consommée, avec des délais d’adaptation très courts. C’est tout l’art des techniciens en charge du réseau de veiller à cet équilibre, qu’ils assurent par différents moyens (prédiction, modification de la fréquence, démarrage d’unités, relèvement de l’eau des barrages ou turbinage), mais ceci a des limites et ils doivent disposer d’un socle de puissance minimal. Le problème que posent les EnR, c’est leur intermittence fondamentale. Ceci ne pose pas trop de problème si leur contribution à la puissance totale est faible.

Mais examinons ce que nous appelons « la folie verte allemande ». Il est prévu d’implanter en mer du Nord une puissance éolienne de 32 GWe (gigawatts électriques). Pour donner une idée de l’énormité de ce chiffre, le record de puissance consommée en France, c’était au cours d’une soirée d’un mois de Décembre particulièrement froid, a été de 92 GWe ! Dans ces conditions, si vous ne tenez pas le réseau, c’est le black-out, c'est-à-dire la panne générale et, de par l’interconnexion du réseau, une panne étendue à toute l’Europe. On voit donc le risque que l’Allemagne court avec cette énorme puissance intermittente. On comprend pourquoi les allemands ont vivement conseillé à leurs sous fifres français de fermer Flamanville plutôt que Fessenheim. 

Il est donc indispensable, pour contrôler cette intermittence, de construire, pour tout champ d’éoliennes, des centrales thermiques (fuel ou charbon) d’une puissance comparable à la puissance crête. Ceci, les politiques et les journalistes ne le disent jamais. En fait, développer les EnR et réduire la part du nucléaire, c’est augmenter la proportion d’énergie d’origine fossile dans le mix, puisque seulement 20 % de l’énergie nominale sera en réalité de l’éolien. Merci Monsieur Hulot !

De plus, à l’inverse, il est nécessaire d’évacuer la surproduction par rapport à l’équilibre du réseau. L’Allemagne prévoit de tirer du Nord au Sud de l’Allemagne en parallèle quatre lignes à haute tension pour un coût estimé de 60 milliards d’Euros ! Il faudrait que Monsieur Hulot se penche sur ce problème. Est-ce que l’Allemagne n’aurait pas tendance à sous estimer le prix de son courant électrique, déjà deux fois plus élevé qu’en France ?

On a vite compris que, en dehors des chauffe-eau et autres chauffages domestiques, le problème de la puissance intermittente est une limitation très contraignante. Pour l’instant, on ne sait toujours pas stocker l’énergie électrique, sauf de façon limitée dans des batteries. Les fabricants de panneaux solaires ne s’y trompent pas, qui parlent exclusivement d’énergie calorifique. Or, l’énergie électrique est une forme plus noble que la chaleur, facilement transportable et rapidement mobilisable. Elle est la force motrice principale et incontournable des sociétés industrielles surpeuplées. On envisage, quand on aura résolu techniquement ce problème de stockage, d’avoir des zones immenses de panneaux photovoltaïques dans les contrées désertiques de la planète. L’énergie sera stockée et redistribuée. Ceci suscitera probablement de nouveaux conflits, de nouveaux djihads, une nouvelle activité intense des services secrets et des forces spéciales (il semble que ceux là auront toujours du travail), peut-être des bombardements de l’OTAN.

Une des pistes pour le stockage de l’énergie électrique est la filière hydrogène (électrolyse), par exemple solaire→ électricité→ hydrogène→ méthanisation→ transport →chauffage ou électricité ou cogénération. Pour l’instant, les rendements envisagés sont très faibles, et on ne pense pas que cette filière soit au point avant trente ou quarante ans.

En conclusion, les énergies renouvelables qu’on veut nous vendre sont en réalité issues du gaz et du charbon (ou des huiles de roche). La soit disant « transition énergétique » est un immense bluff monté au profit de capitaux bénéficiant d’effets d’aubaine et au profit de montages électoraux. La grande confusion qui règne, entretenue avec maestria par la grande manipulatrice du Poitou, tient au fait que personne n’a le courage de présenter la seule alternative : ou bien on abandonne le climat et on repart sur les combustibles fossiles, ou bien on a recours au nucléaire avec les risques que ce choix implique. Il faut reconnaître que nos voisins allemands ont le courage de faire clairement le premier choix (alors que nous Français, nous sommes toujours dans la lâcheté et le flou).

Quelques données utiles

1 MWe (mégawatt électrique) est une puissance d’un mégawatt sous forme électrique, à ne pas confondre avec la puissance thermique (MWth). Par exemple, le rendement de conversion étant d’environ 30% (partie non nucléaire d’un réacteur), un réacteur de 900 MWe correspond à une puissance de la chaudière nucléaire de 2700 MW thermiques (la puissance transmise aux lignes secondaires).

Puissance spécifique d’un panneau photovoltaïque

Le flux d’énergie solaire est, au niveau du sol et sans tenir compte de l’atmosphère, égal à 1367 W/m2 (Watts par mètre carré). C’est un flux théorique obtenu en considérant le rayonnement solaire comme un rayonnement de corps noir à 5700 degrés Kelvin, et par un simple calcul géométrique d’angle solide. Ce flux est établi pour une surface perpendiculaire à l’axe terre-soleil et une distance de 150 millions de km. L’atmosphère réfléchit directement 6% du rayonnement incident, en absorbe 19%, et 20% sont réfléchis par les nuages. Donc, la transmission directe est de 55 %. Ensuite, 4% sont réfléchis par la surface du sol, principalement dans l’infra rouge, ce qui permet d’en rediriger une partie de l’atmosphère vers le sol : c’est l’effet de serre. Ces données dépendent évidemment de la latitude, et de la saison.

On a donc, au niveau du sol, un flux théorique de 752 W/m2 (à l’équateur, à l’équinoxe, à midi). Le rendement de conversion en électricité est compris entre 10% et 20% (20% est le rendement maximum obtenu pour des cellules qui sont du domaine de la recherche). On a donc une puissance crête spécifique qui est au grand maximum de150 W/m2. Prenons l’exemple d’une tranche de deux réacteurs de 1300 MWe (ceux de la génération actuelle), qui représentent une implantation au sol équivalente à une zone commerciale comme on en voit en périphérie des villes, donc 2600 MWe. On voit que cette puissance est équivalente à, au grand minimum, 17.3 millions de panneaux de 1 m2, ce qui est la taille standard (sans parler du taux de disponibilité qui est de 75% pour le nucléaire). On comprend pourquoi on parle de champs photovoltaïques dans les déserts ! Malgré cette absurdité, quelques maires, par idéologie ou opportunisme électoral, ou pour attirer sur leur commune la pluie de subventions, gaspillent des terres agricoles pour construire des « fermes solaires » hideuses, inaugurées à coup de beaux discours sur la planète et de banquets républicains.

Cas des éoliennes

Il y a une loi que personne ne peut contredire, c’est que, quel que soit le niveau de développement technique, la puissance d’une éolienne varie comme le cube de la vitesse du vent. C’est une loi de la mécanique des fluides. Si la vitesse du vent est réduite d’un facteur deux, la puissance est réduite d’un facteur huit. C’est donc une énergie éminemment intermittente. Comme on ne peut la stocker, ce qui compte, c’est la puissance, que l’on doit maintenir 80 % du temps par transfert sur le réseau ou par appel au thermique (même en Poitou-Charentes, n’en déplaise à Madame Royal). La puissance crête est 2 MWe (3MWe pour les plus récentes). Reprenons l’exemple de la tranche de deux réacteurs de 1300 MWe, qui correspond à l’emprise au sol d’une zone commerciale. Cette puissance équivaut à celle de 1300 éoliennes en puissance crête. Compte tenu de l’espacement minimal entre éoliennes qui est de 300 mètres, le champ d’éoliennes couvrira une surface de 1100 hectares. Le pêcheur de la baie de Saint Brieuc qui contemplera, médusé, ce spectacle, aura du mal à l’avaler, sauf si on arrive à le convaincre que sa facture d’électricité devrait lui coûter trois fois plus cher (à cause du nucléaire, bien sûr).

La déconstruction en marche

La destruction de la France, dont l’affaire du nucléaire n’est qu’une bataille parmi d’autres, se poursuit, à la grande joie des prêtres gaucho-écolos. Pour être politiquement correct, il convient d’employer le terme de « déconstruction », ce chef d’œuvre de novlangue inventé par le philosophe Derrida. Ce qui est encore pire, dans le débat actuel au parlement, c’est l’hypocrisie du plafonnement du nucléaire à 63.2 GWe (même ceci est désormais abandonné). En réalité, l’arrêt du développement de la filière est synonyme de condamnation. En effet, pour compenser l’arrêt définitif des réacteurs de 900 MWe (mégawatts électriques), prévisible d’ici dix ans, il faudrait mettre en chantier un réacteur EPR chaque année, et nous sommes loin du compte : l’unique réacteur EPR en construction à Flamanville accuse un retard considérable, principalement à cause d’obstacles sournois et malveillants disposés en permanence par l’ASN (Autorité de Sûreté Nucléaire). Nous avons vendu, entre autres, deux EPR à la Chine et deux EPR, avec option de deux supplémentaires, à la Grande Bretagne, mais nous n’arrivons pas à terminer le nôtre ! Par comparaison, les Chinois qui ont commencé la construction il y a deux ans de deux réacteurs EPR vendus par AREVA (avec l’aide d’ingénieurs français, donc ce n’est pas un problème de compétence) ont déjà pratiquement terminé. C’est donc un sabotage technico-idéologique délibéré, alors que le nucléaire est en train de redémarrer partout dans le monde. Il est certain que, tôt ou tard, quand l’Allemagne sera revenue de sa folie verte, on va repartir en Europe ou en France, et on construira des réacteurs Américains, Russes, Chinois, Coréens ou Japonais, alors que nous avions une telle maîtrise ! Certains fanatiques s’en réjouissent déjà. On a vu sur les réseaux sociaux des manifestations de joie en apprenant que les Etats Unis ont raflé en Chine un marché contre AREVA, ou en apprenant les difficultés financières de cette société. Pour en remettre une couche, l’Autriche a déposé une plainte devant la commission européenne pour la vente des deux EPR à la Grande Bretagne par EDF (aucun mouvement de la presse française). 

La véritable transition énergétique, les réacteurs à neutrons rapides et l’agonie de Super Phénix

L’utilisation intelligente et rationnelle des ressources en Uranium passe par le développement complémentaire des réacteurs à neutrons rapides (RNR). Ces derniers permettent de rentabiliser considérablement le cycle du combustible, d’éliminer une partie des déchets (en brûlant les transuraniens), et d’augmenter les ressources disponibles d’un facteur 60 à 80 (chiffre officiel) ! Les neutrons rapides sont des neutrons issus des réactions de fission qui ne sont pas « thermalisés » à la température du combustible. Les neutrons thermiques sont capables de fissionner l’Uranium 235, mais celui-ci est très peu abondant dans la nature (0.7 %). C’est pourquoi on doit réaliser un enrichissement isotopique à 3.5 % (de l’Uranium total) avant de l’incorporer dans la matrice combustible. Les neutrons rapides sont capables de fissionner des noyaux de Plutonium 239, qui est produit dans les réacteurs (le Plutonium n’existe pas à l’état naturel). Dans les RNR, une partie du flux de neutrons rapides est capturée par les noyaux de l’Uranium 238 qui est disposé dans la couverture autour du cœur. L’Uranium238 est très abondant dans la nature (99.27 %) mais, dans le nucléaire classique, il n’est qu’un composant inerte. La capture de neutrons par les noyaux d’Uranium 238 conduit, par deux transitions β-, à la production de Plutonium 239. Celui-ci est extrait du combustible usagé au cours du processus de retraitement, et il est ensuite incorporé dans un nouveau combustible (oxyde mixte). C’est pourquoi on emploie le terme de « réacteur surgénérateur ». Le cycle complet exige donc de disposer d’une usine de retraitement. C’est ce qu’avaient anticipé les concepteurs du parc électronucléaire français, en construisant l’usine de retraitement de La Hague, qui est unique au monde. Avec l’usine d’enrichissement Eurodif du Tricastin, on avait un ensemble cohérent et autonome (on a beaucoup critiqué Eurodif qui utilisait la diffusion en phase gaz mais, à l’époque, les centrifugeuses n’étaient pas au point). Cette remarquable conception d’ensemble est liée au fait que nous avions aux responsabilités des hommes courageux et compétents, comme André Giraud, et pas les misérables hommes politiques actuels.

Avec le cycle combiné réacteurs à neutrons thermiques-réacteurs à neutrons rapides, on estime que les réserves d’Uranium suffiraient pour 3000 ans de consommation d’énergie de la population de toute la planète. La seule vraie transition énergétique dans un futur proche.

Le point faible des RNR est que, à cause de la très grande densité de puissance (et pour ne pas ralentir les neutrons), on doit utiliser comme caloporteur (fluide de refroidissement) du sodium fondu, ce qui soulève des problèmes techniques et des problèmes de sûreté (réaction sodium-eau) très difficiles. La construction d’un RNR de puissance par la France a été un exploit technique.

L’agonie de Super Phénix

Le RNR français de 1500 MWe Super-Phénix avait au moins trente ans d'avance. En effet, ce type de réacteur (réacteur à neutrons rapides refroidi au sodium) est aujourd'hui considéré dans le monde comme le meilleur réacteur de la future génération IV (réacteurs répondant aux exigences d’économie du combustible, de sûreté, et de capacité à limiter les déchets). Le réacteur a été démarré en 1986, et saboté en permanence. Comme toute installation prototype, il a eu un début de parcours difficile, plusieurs pannes sur la boucle primaire de sodium demandant interventions et modifications. Il a très peu fonctionné à sa puissance nominale, le sabotage venant des autorisations de redémarrage accordées avec des délais excessifs, ce qui permettait à la propagande anti nucléaire de dire qu’il ne fonctionnait pas. En réalité, le réacteur de même conception à plus petite échelle Phénix (250 MWe ) a fonctionné pendant plus de trente ans sans un seul incident, ce qui démontre que la conception était correcte. Après avoir été bloqué arbitrairement pendant des années, Super Phénix a finalement été définitivement arrêté en 1998 par le gouvernement Jospin, comme cadeau de mariage à la Voynet, et avec la complicité de tous les partis de droite comme de gauche. De plus, des actes de brigandage se sont produits, dans le silence général : pour empêcher tout redémarrage, la cuve du réacteur a été volontairement endommagée. Ainsi, ce fleuron de la technologie française, qui a coûté à la nation 10 milliards d'Euros, a été transformé en une gigantesque poubelle, pour des raisons purement politiciennes. Rien ne fut épargné : sabotage de la machine, hémorragie des connaissances, dissolution des équipes, mise à la poubelle massive de documents qui représentaient le fruit d'investissements considérables de la nation. On peut considérer cette triste histoire comme de la haute trahison, ni plus ni moins. Nos amis Russes, qui travaillaient avec nous, ont continué dans cette technologie : ils ont fait diverger cet été le réacteur BN800 et se préparent à faire un malheur sur le marché international, alors que nous avons disparu corps et biens de cette filière.

L’auteur a écrit ces quelques lignes à la mémoire de tous ceux qui ont travaillé sur la filière RNR et dont beaucoup sont aujourd’hui dans l’autre monde. La nation reconnaissante continuera de cracher sur leurs tombes.

Pour parfaire la trahison, on a fait semblant de lancer récemment un nouveau projet de RNR, dénommé ASTRID, mais tout a été fait pour un étouffement dans l’œuf et un torpillage immédiat. Pour la classe politique, aucun gaspillage n’est un souci.

En guise de conclusion

Dans la nuit du 10 au 11 Octobre 2014, l’assemblée nationale fortement réduite a voté en catimini la loi de transition énergétique, du moins la seule partie de cette loi qui intéressait les écologistes politiques. On fera semblant, pour tromper l’opinion, de faire des débats, des aller retour avec le Sénat, mais ce qui était visé a été obtenu d’entrée. Un paragraphe stipule la réduction du nucléaire à 50 % de la production (approuvé, il va sans dire, par la majorité des français, manipulés par les médias), contrairement à la promesse de plafonner cette production à 63.2 GWe. Un amendement a été déposé par un député de droite pour supprimer ce paragraphe. Cet amendement a été rejeté. Etaient présents, 35 députés. Les écologistes ont dormi dans la salle alors que les autres étaient partis pour la plupart. Résultats du vote : 11 voix pour l’amendement, 24 contre : terminé. Vive la démocratie ! Mamère a du pleurer de joie. En effet, tout le reste ne sera que de l’habillage, l’essentiel était ce paragraphe et le rejet de cet amendement.

La porte est ouverte à la « déconstruction » de la filière nucléaire française. Sur les 58 réacteurs du parc, 33 sont des REP 900 qui vont arriver à la limite des 40 ans et qui, par les bons soins de l’ASN, ne seront pas prolongés. Les études et les développements vont péricliter. Tout va s’éteindre inexorablement. Dans quelques années, la folie verte va être confrontée à la réalité économique et sociale. Finies les simagrées de l'Allemagne qui prétend nous vendre de l'énergie électrique issue du renouvelable et qui, en réalité, vient du lignite, et les contorsions pitoyables de ceux qui font semblant d'y croire. Tous les experts de l’énergie pensent que le marché du nucléaire va repartir, mais la France en sera absente. En attendant, nous allons être placés encore plus sous la dépendance des importations d'énergie fossile.

Ainsi, une décision majeure pour l’avenir de notre pays a été prise dans la nuit, par 35 députés (24 contre 11), dans l’indifférence générale. C’est une honte pour la représentation nationale.

Supplément : La révolution énergétique.

Elle se produira un jour, c’est inscrit dans l’histoire. Ce sera la maîtrise de la fusion thermonucléaire contrôlée et la réalisation de matériaux supra conducteurs, mais personne ne sait à quelle époque ceci se produira. Est-ce à dire que l’humanité sera sauvée de ses maux ? Certes non. L’histoire nous apprend que, quels que soient les progrès techniques, l’obscurantisme et la cupidité trouvent toujours leur chemin.

  12 Octobre 2014 


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