Nouvel espoir pour lutter contre le cancer avec la nouvelle biologie

par Bernard Dugué
vendredi 20 février 2015

Le cancer est une maladie que l’on guérit parfois mais que l’on soigne le plus souvent avec des résultats contrastés dépendant du type de cancer affectant le patient et du stade où il a été détecté. Les types de tumeur sont bien identifiés et les protocoles d’intervention et de soins élaborés soigneusement. L’ablation de la tumeur est souvent efficace (quand on peut opérer, ce qui n’est pas le cas des leucémies notamment). Ensuite, les traitements d’appoint sont indiqués selon la configuration thérapeutique du patient. Les rayons et la chimiothérapie font partie de l’arsenal conventionnel pour contrecarrer la propagation des cellules tumorales et prévenir ce qui aboutit à un sombre pronostic, les métastases. Les cancérologues ne parviennent pas à améliorer sensiblement le traitement des cancers avancés ou ceux dont le pronostic est mauvais, par exemple le cancer du pancréas ou l’estomac. Il se dit que l’on guérit d’un cancer sur deux. C’est vrai. Mais tout dépend ce qu’on entend par guérir. Si c’est une survie à cinq ou dix ans, cela n’a rien d’une guérison, surtout si on est dans la cinquantaine.

Ces petits détails illustrent combien l’évaluation du traitement des cancers n’est pas parfaitement exact et les progrès en la matière ne sont pas aussi tangibles que ne le laissent entendre les évaluations statistiques. Mais c’est mieux d’avoir quelques chiffres plutôt que de s’en passer, même si les conclusions sont parfois biaisées. Le propre de la science est de discuter des expériences et des résultats thérapeutiques. L’efficacité de la chimiothérapie ne suscite pas un parfait consensus et il se dit que plus d’un médecin sur deux refuserait ce traitement qui est rarement efficace, prolongeant l’espérance de vie de quelques mois dans bien des cas, et ce, avec des molécules conventionnelles ou bien issues de la recherche récente et dont le coût dépasse parfois les 50 000 euros, ce qui a suscité des débats outre-Manche sur le rapport coût efficacité. Le bilan global est donc en balance et compte tenu des moyens mis en jeu depuis cinquante ans, on ne peut pas dire que le traitement du cancer ait progressé largement. Modérément, c’est certain et maintenant, la recherche semble dans une impasse malgré les tentatives nouvelles et les traitements personnalisés avec des molécules très sophistiquées. Ces questions sont controversées et chaque opinion, si elle s’appuie sur une interprétation des résultats, est légitime. Lorsque l’on est dans le système, il vaut mieux croire en ce que l’on fait.

Le véritable enjeu n’est pas de faire fonctionner le système médical en tant que système mais de proposer des solutions, des pistes, des voies et d’être au service des personnes atteintes par ce mal. En matière de science, il n’y a aucune vérité établie. Juste la possibilité d’utiliser les meilleures théories dans un champ ou d’employer les meilleures méthodes disponibles pour traiter des pathologies. On peut croire en la médecine conventionnelle adossée au paradigme matérialiste et réductionniste ou bien envisager un autre paradigme, avec d’autres modèles, descriptions et théories du vivant, pour ensuite réfléchir à des conséquences sur la santé.

Cette autre approche peut se définir comme globale ou holistique. Sur le plan philosophique, rien de neuf. On sait très bien que la médecine conventionnelle a fini par traiter la maladie plutôt que le patient. C’est une approche rationnelle qui a montré son efficacité mais aussi ses limites. L’approche globale est pourtant courante. La relation médecin malade est en amont alors qu’en aval se situe la relation médecin, malade, maladie. Avec cette philosophie, le malade n’est plus une matière vivante passive mais il participe à la guérison ou du moins au traitement. Il est impliqué dans le retour vers la santé. Ces questions d’ordre philosophique relèvent de la sagesse humaine. Elles ne dispensent pas d’attaquer la question sur un plan scientifique qui lui aussi, peut se scinder en deux approches, réductionniste et mécanique ou bien une approche qui relève de la nouvelle biologie, en accord avec les conceptions toutes aussi nouvelles provenant de la physique et les sciences du Temps et de l’information. Car la science est sur le chemin de la refondation.

Les approches nouvelles du vivant ont toujours été assorties d’applications médicales. Qu’on songe par exemple aux découvertes de Pasteur et aux conséquences thérapeutiques ainsi que dans la prévention et l’hygiène. L’élaboration d’une nouvelle biologie ne garantit pas nécessairement une nouvelle approche thérapeutique mais la rend plausible. Et si l’on jette un œil rétrospectif sur la science, toutes les découvertes ont rendu plausibles des applications et même ont conduit à des applications que les scientifiques eux-mêmes n’avaient pas imaginées. Parfois, les scientifiques se plaisent à évoquer la serendipité.

Alors, la question que l’on se pose : ai-je par ces propos suscité de faux espoirs ? La réponse est négative. On évoque un faux espoir quand on dispose d’une connaissance correcte d’une situation sans issue ou qu’un raisonnement est mal ficelé. Dans le cas de la nouvelle biologie, le raisonnement est correct. Une théorie nouvelle offre des applications inédites. Mais on ne peut pas savoir à l’avance ce qui va résulter. Il y a donc espoir ne serait-ce que parce qu’on explore une voie qui n’a pas été déjà tracée. Une voie nouvelle n’est pas sans issue. Avec une remarque sur la dimension du temps. Ces recherches peuvent prendre 10 ou 20 ans avant que les résultats tombent pour autant qu’il y ait des résultats.

Concrètement, comme on dit, il faut quelques bonnes volontés, pas mal de soutiens citoyens et un financement modeste bien inférieur à un pour cent des fonds alloués à la recherche contre le cancer. C’est à vous de voir. Mais je peux comprendre que vous n’ailliez pas confiance, que donner des crédits à des chercheurs atypiques vous hérisse. Chacun apprécie les choses avec ses informations et sa raison. Vous êtes responsables du monde qui advient. Je n’aime pas penser que vous avez démissionné face au cancer et à d’autres enjeux de société même si c’est en partie la vérité. Le cancer s’harmonise avec la culture de la mort.

Pour ceux qui seraient partant dans cette aventure plus théorique qu’expérimentale, je précise que je suis basé sur la métropole de Bordeaux, pour un échange de visu, sinon, passez par le canal des emails. Je vous embrasse.


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