Nucléaire, le syndrome du Titanic

par olivier cabanel
mercredi 12 octobre 2016

L’aveuglement des lobbys qui se refusent à imaginer s’être trompés pendant tant d’années, ajouté aux sommes pharamineuses déjà dépensées, font du nucléaire l’histoire même de l’échec prévisible.

Tout comme pour le Titanic, lui qui était réputé insubmersible, les tenants de cette énergie étaient convaincus qu’elle était l’avenir, et malgré les catastrophes récentes, ils se refusent encore à imaginer pouvoir s’être trompé… et pourtant.

Tchernobyl avait changé la donne : on découvrait que l’accident nucléaire majeur était possible, et Fukushima, toujours en cours, a enfoncé le clou.

Vient aujourd’hui le problème Cigéo, solution irresponsable qui consisterait à enterrer des déchets dont certains seront encore dangereux dans 100 000 ans, mettant en évidence que la décision du choix nucléaire a occulté volontairement l’absence totale de solution concernant ces déchets.

Là ou l’affaire se corse, c’est qu’à l’approche de l’hiver, dont nombreux affirment qu’il sera dur, les exploitants des centrales s’inquiètent.

À ce jour, 23 des 58 réacteurs nucléaires du pays sont à l’arrêt pour des raisons diverses... pannes, inspections, ou en service réduit, et en haut lieu, on commence à s’inquiéter.

« Pourvu que l’hiver soit doux »... c’est le leitmotiv que l’on peut entendre dans le petit monde du secteur de l’énergie.

Or, c’est le contraire qui semble s’annoncer, si l’on veut bien croire certains prévisionnistes, lesquels annoncent que cet hiver serait le plus froid depuis les 100 dernières années.

Le météorologue allemand Domink Jung évoque un hiver anormalement froid, en se basant sur les cartes et les modèles établis par son service météorologique national, et selon lui, les températures les plus basses seront enregistrées durant les mois de janvier et février, avec absence de dégel au printemps...

Jo Bastardi, du service météorologique AccuWeather ne dit pas autre chose, ajoutant que la diminution de l’activité solaire durant cette période accentuera la chute des températures, prévision que partage Elena Volosiouk, spécialiste du centre météorologique Fobos. lien

Ces prévisions pessimistes ne sont pas partagées par tous, dont par exemple le site « lameteo.org  », qui se flattant d’une fiabilité de 61%, assure qu’il faut être très prudent quand à ses prévisions catastrophiques. lien

Quoi qu’il en soit, nous serons fixés sous peu...

Mais revenons à nos réacteurs...

Il est prévu que la moitié de ceux qui sont arrêtés redémarrent sous peu, mais au moins 7 devront rester à l’arrêt jusqu’à la fin de l’année.

Ajoutons qu’à la demande de l’ASN, des «  investigations » sont menées par EDF et Areva sur des générateurs de vapeur, ce qui laisse supposer d’éventuels arrêts supplémentaires.

4 réacteurs supplémentaires pourraient encore être arrêtés (Tricastin 2 et 4, Fessenheim 1 et Gravelines 4), mais en haut lieu, on se veut rassurant.

EDF affirme : « si des tranches supplémentaires devaient être indisponibles, en prenant des hypothèses pénalisantes, vague de froid notamment, on a encore des marges avant d’arriver à des situations potentielles de baisse de tension par exemple ».

Le gestionnaire du réseau RTE relativise lui aussi : « nous allons voir comment la disponibilité nucléaire s’agrège avec les autres moyens de production, les interconnexions et les scénarios climatiques de Météo France. On ne peut pas tirer d’enseignements à partir d’une seule donnée ».

Même si le jargon utilisé est propre à cacher une évidente crainte, on sent bien, entre les lignes, qu’il existe une sourde inquiétude.

Or ces fermetures de réacteurs font grimper le prix de l’électricité, qui rappelons le, dépend pour les ¾ du nucléaire.

En effet, concernant le prix du MWh, 40 €, s’il est vrai qu’il avait connu une jolie baisse début 2016, on peut légitimement s’inquiéter de sa remontée, plus de 50%, par rapport au point bas du printemps. lien

Il est donc à craindre que le portemonnaie des français qui se sont tournés vers l’électricité pour leur chauffage soit largement sollicité pour l’hiver à venir.

Pour finir sur une relative bonne nouvelle, le ministre de l’intérieur a adressé le 3 octobre dernier une instruction élargissant à 20 km autour d’une centrale nucléaire, en cas d’accident nucléaire majeur... ce qui est une avancée encore trop modeste si l’on se souvient que la radioactivité relâchée par Fukushima a largement dépassé la limite des 30 km.

Cette mesure préconise aussi l’évacuation immédiate dans un rayon de 5 km, ce qui est largement insuffisant au vu des récentes catastrophes nucléaires majeures. lien

On se souvient que l’ANCCLI (association nationale des comités et commissions locales d’information) réclamait une extension à 80 km, ainsi qu’une distribution d’iode dans un rayon de 50 km. lien

Comme dit mon vieil ami africain : « n’accuse pas ton puits d’être trop profond, c’est seulement ta corde qui est trop courte ». 

L’image illustrant l’article vient de agoravox

Merci aux internautes de leur aide précieuse

Olivier Cabanel

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