Perspectives d’avenir : construire pour demain

par romG
lundi 12 juin 2006

Des échos du Salon européen de la recherche et de l’innovation 2006. Dans les actions de développement durable, le bâtiment semble être à la traîne, distancé par les domaines de l’énergie ou du transport. Et pourtant : globalement, les bâtiments sont responsables d’un tiers des rejets de gaz à effet de serre (un quart « seulement » pour la France, grâce au nucléaire). Quand, autour d’une table, un entrepreneur, un architecte, un fournisseur de matériaux, un chercheur en sciences et techniques du bâtiment et une consultante en développement durable se retrouvent, il se mettent à parler de construction durable (conférence du 8 juin).

Le cycle de vie du bâtiment

Au début était l’idée, et l’architecte pensa une conception qui soit compatible avec les exigences du développement durable. L’entrepreneur s’en saisit et, à l’aide de matériaux respectueux de l’environnement, mit en place des process de construction propres... Ici se termine l’histoire ? Non, c’est plutôt là qu’elle commence, car pour évaluer l’impact d’une construction, il s’agit de la replacer sur la globalité de son cycle de vie, en prenant en compte son exploitation et sa déconstruction. La difficulté réside dans la divergence d’intérêts entre le constructeur et l’exploitant.

Pourquoi en parle-t-on plus maintenant qu’autrefois ?

S’il fut un temps où le logement rural était prépondérant, et essentiellement constitué de matériaux locaux, et récupérés en fin de vie du bâtiment, un fort déséquilibre a été provoqué par la civilisation urbaine, la liberté de fabrication et de circulation des matériaux, ainsi que par le désir de confort demandé par cet animal de la savane qui a décidé de vivre en ville : l’être humain.

Une autre construction est possible

Si les bâtiments à énergie positive sont d’ores et déjà une réalité, au moins est-il possible, très facilement, d’économiser les trois quarts de l’énergie consommée par les bâtiments. Le progrès est possible à la fois par l’optimisation de l’ingénierie, l’évolution de l’architecture, mais surtout par des gestes responsables et le comportement citoyen des occupants des bâtiments. En effet, 80% de la consommation d’énergie d’un bâtiment se fait durant son exploitation ! Mais c’est là que les difficultés apparaissent, le bâtiment étant - d’un point de vue sociologique - au service de ses occupants et non l’inverse...
Il semblerait que nous allions vers des bâtiments dont la complexité se rapprochera de celle des êtres vivants ; dont l’ossature pourrait s’inspirer des crustacés (ossature externe), dont la peau serait dynamique (façades tantôt opaques, tantôt transparentes), ayant un cerveau et un système nerveux (palpeurs, automatismes).

Une approche systémique et révolutionnaire

Cependant, la réflexion ne peut se cantonner là, et doit être menée au niveau du quartier, voire de la ville. Se pose alors une question cruciale : que faut-il garder, et ne pas garder ? Il s’agit alors de revoir notre idée du "correct", culturellement ou esthétiquement. Pourquoi rejeter la généralisation des panneaux photo-voltaïques, qui signerait le déclin de nos chères tuiles et ardoises ? Quand elle-mêmes ont bouté, du temps de l’invasion romaine, ces chers toits de chaume...
L’époque est peut-être venue d’un grand chamboulement. Car faire "un petit peu mieux" ne sera pas suffisant : il faudra faire radicalement différemment si l’on veut répondre aux enjeux. A ceux qui penseraient que nous n’en avons pas les moyens, qu’ils se demandent ce qui aurait pu être réalisé avec les 500 à 1500 euros (par mètre carré) dépensés par les récents acquéreurs d’un logement quelque part, ici et partout en France. Somme qu’ils ont dépensée sans contrepartie ou exigence en matière de réduction de dépense d’énergie, et qu’ils ont préféré investir dans le foncier plutôt que dans le bâtiment lui-même. Pour mémoire, un mètre carré de panneau photo-voltaïque coûte aux environs de 250 euros...
Et si la réflexion doit se faire au niveau supérieur, urbain et citadin, la nécessaire densification de la ville pourrait suivre une règle simple : que les maires ne l’accordent qu’aux projets entraînant une diminution avérée de la dépense énergétique. |left>


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