Quel avenir pour vos souvenirs ?

par Lilian Elbé
mardi 6 avril 2010

Alors que la tendance est loin d’être à l’album photo poussiéreux rangé au placard, certains scientifiques s’inquiètent de la durabilité des nouveaux supports de stockage. Les CD, disques durs et nouveaux papiers photo seraient-ils moins résistants au temps ?

Aujourd’hui, ce n’est pas un scoop, les boutiques de photographes périclitent. Logique, pourquoi faire développer ses photos souvenir, quand on peut les regarder en famille sur son iPad - pardon, ordinateur ? On prend ses photos ou ses vidéos, on les range dans un répertoire, on les grave sur un CD et basta. C’est contre la tradition de la vieille école, on ne peut plus apprécier le toucher du papier glacé, mais là n’est pas le propos.

Si l’histoire a prouvé que le bon vieux papier photo argentique est très résistant, du moment qu’on ne l’expose pas à la lumière ou l’humidité, personne ne sait si les supports numériques tiendront le coup après 60 ans de poussière. Surtout que la durée de vie moyenne d’un PC est de moins en moins longue, on en change tous les 3 à 5 ans, au risque de perdre de précieux souvenirs au passage. Sans compter les formatages... Facebook est là, soit, soyez sûr que vos infos personnelles sont bien gardées, mais généralement pas les plus flatteuses...

L’éminente Académie des Sciences, elle, s’inquiète sérieusement de la résistance des données numériques, et a publié le 29 mars dernier un rapport intitulé : « Longévité de l’information numérique ». L’étude a de quoi faire peur. Souvenez-vous, à l’époque de la sortie sur le marché des déjà mythiques formats CD et DVD, l’argument principal était : fini les bandes magnétiques des VHS et cassettes audio qui s’abîment, les galettes de plastique et d’aluminium sont bien plus résistantes après des dizaines de lectures. Des dizaines de lecture oui, mais des dizaines d’années non, selon ce rapport. Le Laboratoire national d’essai (LNE) a montré que certains lots de CD ou DVD enregistrables pouvaient ne plus être lisibles au bout de quelques années seulement. Côté disque dur, le risque est le même, le nombre d’unités produites par an augmentant de plus en plus face à la demande, la qualité et la solidité baisse, pour une durée de vie moyenne d’environ 10 ans. On en reviendrait presque à la bonne vieille VHS et ses 30 ans de carrière...

Mais ne vous ruez pas trop vite vers les bornes de développement numérique à 25 centimes pour imprimer le plus de photos possible de vos dernières vacances en Ardèche, car le problème est le même. La qualité des encres en a aussi pris un coup avec la banalisation. On trouve de moins en moins de photographes proposant un vrai développement équivalant la qualité argentique, ou alors pour de plus en plus cher. Pour les bornes instantanées à la sortie d’Auchan ou de Carrefour, ne comptez pas plus de 20 ans de vie... Techniquement, c’est l’impression par jet d’encre qui n’est pas assez résistante, car pas assez profonde. Et ne parlons pas de l’effet de la lumière. De nouvelles techniques sont à l’essai, comme l’impression éternelle par chaleur ou le Century Disc en verre, mais cela reste très cher encore.

Quelques conseils donc : bannissez le développement sur vos imprimantes personnelles, vous le regretterez dans quelques années. Quant aux inconditionnels de l’archivage numérique, pensez tous les 5 ou 8 ans à basculer vos données sur un disque neuf. Pas très réjouissant certes, mais il est trop tard pour avoir des pulsions vintage et retourner au Super 8 ou au Pola, à moins de fabriquer vous même vos bobines...


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