Roulez petits bolides

par olivier cabanel
mardi 15 avril 2014

Cette phrase lancée par le patron d’un stand de forains qui fait tourner sur une piste improbable des quads et autres petits bolides, nous rappelle combien le pétrole est indispensable à notre vie de tous les jours, et à quel point nous sommes en sommes dépendants.

Ce pétrole pèse non seulement lourdement sur la balance des ménages, mais aussi sur celle du pays, puisqu’il est importé.

C’est pour cette raison que les chercheurs s’ingénient à nous proposer des moteurs de moins en moins gourmands.

On est loin des « belles américaines » qui dans les années 50, consommaient allègrement leurs 30 litres aux 100 km, (lien) et aujourd’hui, il existe des moteurs qui se contentent d’un peu plus de 3 litres aux 100 km, comme par exemple la « Kia Rio », voiture coréenne, qui ne consomme que 3,2 l/100 km. lien

Ce qui devrait faire baisser considérablement notre dépendance au pétrole, et permettre une amélioration du budget des ménages.

On connait le système Pantone, du nom de son inventeur, Paul Pantone, qui a le double avantage d’économiser pas mal de carburant par la vaporisation d’eau dans le carburateur des moteurs diesels (vapo-cracking), et de diminuer les émissions de particules polluantes. lien

Il y a pourtant beaucoup mieux à faire.

Il faut tenir compte du fait que le carburant utilisé pour le transport n’entre en compte que pour 40% sur la totalité du pétrole nécessaire au pays.

En effet le pétrole est aussi utilisé pour le bitume, pour fabriquer des engrais, pour produire de l’électricité, pour le chauffage, pour fabriquer des solvants, des cosmétiques, des textiles, des détergents, des médicaments, du caoutchouc, des adhésifs, et bien sur des emballages, (lien) ces fameux sacs plastiques en partie responsable de la mort de tortues, et autres espèces marines. lien

Pour une consommation totale en France en 2012 de 154 MTep (millions tonnes équivalent pétrole), le pétrole compte pour 42%, soit près de 65 millions de tonnes de pétrole, ce qui pour le seul poste transport correspond à 26 millions de tonnes de pétrole. lien

Or, il est possible aujourd’hui de remplacer la totalité de ce pétrole, soit en fabriquant du « pétrole artificiel », soit en fabriquant du méthane.

En effet, il est possible de fabriquer du pétrole en utilisant, par exemple, des algues.

C’est ce que permet le projet Kerosalg qui prévoit de fabriquer du carburant à partir de micro-algues en Ile de France, dans l’agglomération de Cergy-Pontoise ce qui devrait à terme permettre la production de 100 kg d’huile de micro-algues par jour. lien

Dans cette vidéo, une démonstration de cette technologie, que maitrisent en tout premier lieux les espagnols.

En effet, c’est la société BSF (Bio Fuel System) qui la première à permis de convertir du CO² en pétrole artificiel, en utilisant des algues, après 5 années de recherche en coopération avec les universités d’Alicante et de Valence. lien

A terme, l’usine espagnole produira 230 000 barils de pétrole par an, soit  0,037 MTep puisqu’un baril correspond à  159 litres de pétrole.

Il suffirait donc de 700 installations de ce type dans notre pays pour fabriquer tout le pétrole nécessaire au transport.

Outre que la fabrication de ce bio-pétrole permettrait d’enrayer notre dépendance en la matière, il a aussi l’avantage d’être dépourvu de soufre, de métaux lourds, et d’être en quelque sorte un pétrole propre. lien

Mais il existe d’autres solutions pour fabriquer du pétrole artificiel, en recyclant les plastiques usagés par exemple.

On sait aujourd’hui fabriquer quasi un litre de pétrole avec 1 kg de plastique. vidéo

(La traduction du texte anglais est sur ce lien)

Or bon an, mal an, nous produisons en France 1,500 millions de tonnes de déchets de plastiques, ce qui pourrait se transformer en autant de pétrole. lien

C’est l’occasion d’évoquer la société française Biométhode qui va construire au Etats-Unis une usine pilote dédiée à la fabrication de carburant à partir de biomasse non alimentaire, grâce à un procédé qui utilise des enzymes développés par l’entreprise : l’usine, pour l’instant pilote, devait rentrer en service début 2014, et pourra être convertie ultérieurement en site de production commerciale. lien

Et quid de Lauri Venoy, cette homme d’affaire norvégien qui récupère la graisse issue de liposuccion d’un hôpital de Miami pour en faire du carburant, ce qui n’est pas anodin, car les 11 500 litres de graisse humaine récoltée hebdomadairement permettent de produire 10 000 litres de biodiesel. lien

Ce ne sont pas les seules solutions alternatives pour faire rouler nos voitures, et personne n’ignore la quantité potentielle de méthane fabriqué qui existe dans notre pays, ce qui représenterait théoriquement 54 MTep/an, et permettrait de faire tourner la totalité du parc automobile français, poids lourds compris. lien

Ce méthane pourrait être fabriqué grâce aux 868 millions de tonnes de déchets que nous produisons annuellement, aux stations d’épuration, aux 38 millions de porcs dont on sait que les déjections d’un seul correspondent à 1,2 m3 de lisier, soit l’équivalent de 400 millions de m3 de méthane annuels.

Ajoutons-y les 2143 laiteries françaises, dont le petit lait pourrait produire chaque année 125 millions de m3 de méthane, sur le modèle de ce que font les moines de l’Abbaye du Tamier, (lien) et les 4 millions de tonnes de fumier produites par les 500 000 chevaux du pays correspondant à 400 millions de m3 de biogaz. lien

On ne peut non plus passer sous silence le méthane qui pourrait être fabriqué à partir des déchets végétaux, ou produit par nos égouts, nos fosses septiques, (il y en a plus de 5 millions dans notre pays) (lien) : ce méthane utilisé comme carburant en Norvège (lien), en Suède et ailleurs, a l’avantage supplémentaire de ne faire quasi pas de pollution. lien

Ce n’est pas une nouveauté, en Asie, il y a longtemps que les ménages font cuire leurs aliments en produisant du biogaz obtenu à partir des déjections animales, comme on peut le constater sur cette photo.

Pour ceux qui seraient tentés de fabriquer une petite unité de biogaz pour l’éclairage et la cuisine, il y a ce lien.

Sur la question du prix, le méthane « carburant » couterait  60 cts à la pompe, bien loin des tarifs exorbitants que nous payons aujourd’hui pour l’essence ou le fuel. lien

Mais il y a mieux…

Ce sont des chercheurs de l’université Stanford, en Californie qui ont mis au point une « pile microbienne » produisant de l’énergie grâce à la digestion des déchets organiques provenant des égouts.

Il s’agit de permettre aux micro-organismes de s’agglutiner autour d’une électrode négative en carbone, permettant la libération des électrons qui seront captés par l’électrode positive, procédé simple et efficace qui permet non seulement de produire de l’énergie, mais aussi de dépolluer l’eau.

Le rendement est significatif puisque il est de l’ordre de 30%, soit légèrement supérieur à celui des meilleurs panneaux photovoltaïques. lien

Pour terminer ce tour d’horizon, impossible de ne pas évoquer la voiture électrique, qui pour être propre, et donc acceptable, devrait être électro-solaire, puisque notre électricité nationale dépend largement du nucléaire, (et en moindre mesure du pétrole et du charbon).

Il faudrait aussi que les batteries de ces voitures soient rechargeables rapidement, le moins polluantes possible, ce que permettent les batteries au lithium, voire celles à l’oxyde de manganèse, ou l’oxyde de nickel, sauf que les réserves mondiales de lithium sont relativement limitées (30 000 tonnes en 2008). lien

La dernière née des voitures solaires a été réalisée à Cambridge en aout 2013, (lien) et le 8 avril Volkswagen présentait sa dernière née électrique « e-load ». lien

De son coté le sud-coréen Hyundai, annonçait le 7 avril 2014, avoir déjà vendu 75 « ix35 », cette voiture à hydrogène dont l’autonomie atteint plus de 500 km, et qui ne relâche que de la vapeur d’eau. lien

La Tata Mini Cat à air comprimé de Guy Nègre, est annoncée en Inde pour 2014. lien

Quand au moteur à eau, qui, en 1998, a couté probablement la vie de Stanley Meyer, son inventeur (lien) ou à la Pierce Arrow propulsée en 1931 grâce à l’énergie libre, chère à Nikola Tesla, (lien) ils ne sont toujours pas à l’ordre du jour.

Mais en France, les promesses rendent les enfants joyeux, même si elles n’aboutissent pas, et celle de la transition énergétique piétine depuis 2 ans, alors que, pour permettre le rafistolage des vieilles centrales nucléaires, soit un minimum de 55 milliards d’euros, les français, déjà fauchés, vont une fois de plus être mis à contribution, et vont voir leur facture d’électricité faire un nouveau bond en avant, jusqu’à 40 euros par foyer, pour 28,7 millions de foyers, et pour les petits professionnels. lien

Problème, cette nouvelle taxe ne rapportera qu’un seul milliard d’euros, il faudra s’attendre à remettre la main au portemonnaie pour trouver les 54 milliards restant…au lieu d'engager enfin cette « transition énergétique ».

Comme dit mon vieil ami africain : « au lieu d’apprendre aux enfants le passé simple, les enseignants feraient mieux de leur apprendre le futur compliqué  ». 

L’image illustrant l’article vient de www.forum-auto.com&nbsp ;&raquo ;

Merci aux internautes de leur aide précieuse

Olivier Cabanel

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