Sueurs froides dans l’espace

par Henry Moreigne
vendredi 15 juin 2007

Alors qu’EADS dévoilait dernièrement la maquette de son avion-fusée destiné à offrir 3 minutes d’apesanteur à quatre passagers à 12 000 mètres d’altitude, la NASA a révélé que la Station spatiale internationale (ISS) a été victime d’une très inquiétante panne de communication de plusieurs heures dans la nuit de mercredi à jeudi. Des communications vitales pour l’oxygène, l’eau et la stabilité du vaisseau entre le centre de contrôle spatial de Moscou et l’ordinateur central russe de la station.

Depuis novembre 2000, deux ou trois spationautes occupent en permanence la station. Actuellement deux Russes et un Américain. Leur présence est renforcée par la visite de la navette américaine Atlantis et de ses sept astronautes. A ce titre, mais aussi comme initiatrice et propriétaire de la majeure partie de la station, la Nasa, à travers Bill Gerstenmaier, a évoqué l’incident lors d’un point de presse à Houston le 14 juin. Le désordre a été qualifié de "panne sans précédent".

L’interruption durant plusieurs heures des communications, survenue entre le centre de contrôle spatial de Moscou et l’ordinateur central russe de la station, aurait pour origine, selon les Russes, le déploiement mardi d’une nouvelle antenne solaire par l’équipage américain d’Atlantis. Les ingénieurs russes ont eu le plus grand mal à trouver l’origine de la défaillance et n’y sont parvenus qu’après avoir ouvert puis fermé à plusieurs reprises le système.

Côté Nasa, on minimise la gravité des faits, jugeant que la situation n’était pas critique et que le risque que le problème conduise à abandonner la station était extrêmement faible. Pourtant, outre le contrôle de la production d’oxygène, d’eau et de la stabilité orbitale de l’ISS, les ordinateurs qui étaient hors service sont ceux qui assurent l’élimination du dioxyde de carbone (CO2) de l’air respiré par les astronautes.

La détermination des origines de l’incident est donc une priorité.

A ce jour, les dimensions de la station sont équivalentes à celles d’un terrain de football. Plus de quarante vols ont été nécessaires pour assembler la centaine d’éléments qui la composent. Sa configuration définitive est prévue pour 2010.

Un tel défi n’est rendu possible que par une coopération internationale poussée. Etats-Unis, Russie, Canada, Japon, et l’Europe avec onze pays membres de l’Esa (dont la France) ont uni leurs compétences en ce sens. Suite à la tragédie de Columbia en février 2003, des incertitudes demeurent cependant quant au calendrier de développement et à la configuration finale de la station. L’ISS représente pourtant un terrain d’expérimentation unique pour les sciences de la vie et de la matière, la physique fondamentale, mais aussi une plate-forme exceptionnelle d’observation de la Terre et de l’univers.


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