Wikileaks, ou Vichy sur la Toile

par Phileas
mardi 30 novembre 2010

Connaissez-vous Wikileaks ? Pourtant on ne parle que de cela : "un site Web[1] de ressource et d’analyse politique et sociétale, à la fois ouvert et sécurisé, dont la raison d’être est de donner une audience aux fuites d’information".

Chacun y va de son couplet. Les uns affirmant que le Net a déclaré la guerre à la démocratie, d’autres parlant de déontologie bafouée ayant attrait à la protection des sources. Où d’autres encore, philosophant et citant Karl Popper et la prophétie de sa société ouverte qui deviendrait le pire ennemi de nos démocraties.
 
Pendant ce temps, des journaux comme le Monde font le grand écart entre la dénonciation du phénomène et l’exploitation des infos dans ses colonnes. Le sérieux journal, devenu pour l’occasion schizophrénique, délivre les ragots, balancent à son tour des noms et des familles.
 
Les médias poussent à une surenchère dangereuse du seul fait de leur modèle économique qui ne peut se passer de scoops. 
 
Deux camps s’affrontent, les vertueux, qui tous condamnent – comprenez ceux qui n’ont pas eu accès aux infos et qui révèlent ainsi toute leur frustration – et les autres qui essayent de ramasser les miettes pour vendre du papier et qui sont loin de se poser la seule question qui vaille : est-ce de l’investigation, d’où proviennent ces sources ?
 
Entre temps un bordel diplomatique sans précédent. Des Ministres des Affaires étrangères qui s’appellent, s’excusent à l’avance, se congratulent, se demandent pardon. Qui tentent de désamorcer avec les moyens du bord, les brouilles qui pourraient découler des noms d’oiseaux dont ils se congratulent à peine se sont-ils serrés la main et ont pénétré leur limousine. On dirait un sketch de Sylvie Jolie.
 
La transparence intégrale est une monstruosité. Imaginez que vous entendiez une seule journée durant, tout ce qui se dit de vous, derrière votre dos, à votre bureau, dans votre famille, entre vos voisins et de la bouche de celles et ceux que vous considériez jusqu’ici comme vos amis. A tous les coups, vous péteriez un câble. C’est un peu le principe de Wikileaks.
 
Après le viol du secret d’instruction, les conversations de Bettencourt enregistrées et révélées sur le Net, les petites phrases assassines de nos politiques qui se croyaient à l’ombre de la caméra ou hors d’atteinte des micros : voici le langage diplomatique démystifié. 
 
C’est l’époque qui veut cela et rien d’autre. Canal Plus en a fait un modèle de reportages et d’informations. Un modèle entré dans les mœurs, dont les politiques aiment à prêter leur image, jouant au chat et à la souris avec le reporter plus que collant, dont il ne viendrait à l’esprit de personne d’en condamner la démarche. On est dans la distraction et rien d’autre.
 
Quant à Julian Assange, j’ai personnellement beaucoup de sympathie pour lui. De cette sympathie qu’on aurait pour Robin des Bois ou Arsène Lupin. Il est un véritable anarchiste des temps modernes qui sait manifestement, utiliser les armes de son époque.
 
Ce n’est pas le Net qui est en cause, mais comment un personnage plus intelligent et plus tordu que la moyenne, aura su en tirer profit. Un peu comme Mark Zuckerberg, mais dans un autre registre.
 
Le type se planque, on ne sait pas où il habite, il tweet, il poste et balance en 12 langues des milliers de ragots que des milliers de fonctionnaires, devenus informateurs zélés, l’en nourissent en permanence. C’est Vichy sur la Toile, La délation comme mode opératoire absolu.
 
J’imagine qu’il doit être plus recherché que n’importe quel pédophile de la terre. Et bien jusqu’ici, il s’en sort toujours. Il déjoue tous les plans. Alors que la DST, le Pentagone, la CIA et que sais-je encore sont tous à ses trousses.
 
Hollywood en fera très certainement le héros de son prochain film : Neo, The One et l’absolu.

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