Attention ! Le progrès peut nuire gravement à la santé

par ALBIE Alain
vendredi 8 octobre 2010

Si l’être humain n’est à la base qu’un des éléments d’une chaîne complexe, il s’est attribué toutefois un rôle supérieur dont la prédominance n’est d’ailleurs discutée qu’au sein de sa propre race, ce qui en limite naturellement la portée. Même s’il est le seul à pouvoir remettre en cause l’existence même de la planète où il vit, cette supériorité ne l’a pas rendu pas plus raisonnable pour autant, et l’on peut se demander si l’attribution initiale des rôles n’a pas connu dès le départ quelques ratées. Se jugeant lui-même imparfait, il a tenté au fil du temps d’améliorer ses capacités au travers de ce que l’on appelle de nos jours les progrès technologiques.

Dans les faits, ces progrès se résument en fait à des choses pas toujours évidentes dans leur utilité, et ce, malgré le fait que tout être humain « civilisé » se doit de posséder ou du moins de savoir utiliser.

Parmi ces « nouvelles technologies », l’informatique occupe une place de choix. Après avoir été la cause de millions de suppressions d’emplois à travers le monde, cet outil est censé apporter dans chaque foyer la connaissance et l’ouverture d’esprit. Les personnes ne trouvant plus de travail dans leurs domaines pour cause d’informatisation peuvent en effet prendre connaissance des raisons de leur chômage au travers de services dédiés, ce qui paraît-il est un progrès.

Si Internet s’est révélé de son côté une fabuleuse ouverture sur le monde, il est également devenu l’espace idéal où l’on vend n’importe quoi à des consommateurs n’ayant pas un besoin réel du dernier gadget à la mode, mais qui doivent prouver à leur entourage qu’ils sont « modernes ». Avec ce système, on se déplace bien moins pour se rendre chez son commerçant, préférant « fureter » sur divers sites pour trouver l’objet de ses rêves, et ce, au meilleur prix. Si la commande une fois livrée se révèle défectueuse ou non conforme, il ne reste plus qu’à la renvoyer à ses frais, ce qui fait perdre une bonne partie des économies initialement réalisées. Toutefois, il s’agit là aussi d’un progrès incontournable.

Dans ce domaine de la technologie, la téléphonie occupe une place considérable. Là où autrefois on s’écrivait de longues lettres d’amour dans un Français dont chaque mot était pesé, la rapidité des transferts de données a bizarrement réduit le dialogue à un « Je ta tend a 21 h a l’an droit abituel.Noublie pas les preservatifs ». Également grâce à ces outils, on se parle de moins en moins directement, mais on se téléphone, même si l’interlocuteur est de l’autre côté de la rue.

La généralisation d’un outil tel que le GPS s’est également révélée comme faisant progresser nettement la race humaine. Là où autrefois on demandait sa route au paysan du coin qui vous invitait souvent à partager son repas, c’est à présent une voix synthétique qui vous annonce que vous êtes arrivé à destination. Lors de ce voyage, les enfants assis à l’arrière n’auront rien vu du paysage, car passionnés par le DVD de« L’âge de glace épisode 244 ». Cela permet toutefois aux parents de pouvoir discuter tranquillement de la manière dont ils vont pouvoir payer les mensualités tant de la voiture qui les transporte, que du crédit « vacances » qui leur permet d’aller non pas à l’endroit dont ils rêvent, mais là où il est de bon ton d’aller pour en discuter ensuite avec ses amis ou collègues de travail.

Une fois rentré dans leur luxueuse demeure, qui en fait appartient à un établissement bancaire, ils pourront enfin voir où ils sont allés grâce au Home Cinéma qui projettera sur grand écran le film de leurs vacances dont ils n’ont que peu profité, car trop occupés à réaliser ce même long métrage. Lors d’une soirée entre relations, ils vanteront les aspects culturels des lieux visités grâce aux renseignements trouvés sur Google, ce qui leur donnera l’impression d’être ce qu’ils auraient voulu devenir, mais ne sont pas.

Certains m’opposeront que les progrès technologiques ont permis une espérance de vie bien plus longue que par le passé. Si la période entre la naissance et la mort s’est effectivement allongée, encore faut-il que cet allongement soit propice à y faire quelque chose, sans pour cela supposer de laisser son œuvre à la postérité. Délayer en effet 80 ans d’ennui dans quelques mois de vie réelle finit par donner un breuvage insipide, même si l’équivalent moderne d’une rondelle de citron peut donner un aspect plus présentable. 

Description caricaturale me direz-vous ! Oui, sans aucun doute, mais assez proche de ce qu’est devenue la vie dite moderne, faite d’apparences, de paraître et de faux semblants. Si l’être humain vit depuis sa création grâce à ce que lui donne quotidiennement la nature, il s’en est progressivement écarté. La raison de cet éloignement progressif et constant réside en un seul raisonnement qui est un besoin d’expliquer l’inexplicable, de comprendre l’incompréhensible, sans pour cela consentir le moindre effort qui pourrait l’amener à un sentiment de modestie face à cette nature qui lui donne tout sans rien demander en échange .

Il est donc important de se créer son propre monde que l’on puisse maîtriser par la simple pression du doigt sur une touche « Marche/Arrêt », ce que l’être humain n’a pas réussi à faire pour sa propre vie, sans parler des fonctions avance ou retour rapide.


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