Une présidente de 45 ans au Medef ! La France se défossilerait-elle ?

par Noël Goutard
mercredi 6 juillet 2005

Laurence Parisot vient d’être élue présidente du Medef. L’événement est lourd de sens. Elle est PDG de l’Ifop, société de services. Ses prédécesseurs provenaient de l’industrie. C’est le signe que l’économie française, des années après l’Amérique et la Grande Bretagne, prend un virage en donnant la prééminence aux activités de services. Pour autant, elle ne doit pas délaisser l’industrie, comme les Anglais l’ont fait. La nouvelle présidente saura-t-elle défendre efficacement les intérêts de celle-ci ?

Le Medef donne l’exemple aux politiques en se dotant d’une présidente de 45 ans. Est-ce un signal du dégel de la banquise dans laquelle se sont fossilisés les institutions et corps constitués ainsi que les autres détenteurs de toutes les formes de pouvoirs, avantages acquis et privilèges, au détriment de l’accès des jeunes générations au marché et à l’emploi ? Laurence Parisot est probablement pugnace mais a-t-elle suffisamment mangé de vache enragée et accumuler de hargne pour surmonter le handicap d’être née avec une cuillère d’argent dans la bouche et pour avoir envie de bousculer le système ?

On dit que les Français doivent apprendre à aimer leurs entreprises. Laurence Parisot déclare qu’elle s’y emploiera. Mais ses compatriotes admirent Airbus, Michelin, ou encore Zinedine Zidane, parce que tous marquent des buts. Le jour où le Medef sera perçu comme un club de champions qui gagnent, son problème d’image sera réglé.

Les syndicats clament n’avoir qu’une hâte, c’est rouvrir le dialogue social avec la nouvelle présidente du Medef. Voilà celle-ci déjà menacée de s’empêtrer dans les filets institutionnels en s’attaquant aux vaches sacrées comme le code du travail. A juste titre : le code est le boulet de l’économie française. Cependant sa complexité fait le fonds de commerce des appareils syndicaux, des administrations, des tribunaux et des professions satellites, comme les avocats et la médecine du travail. Les syndicats sont très minoritaires dans le secteur privé (heureusement pour eux, il leur reste les gros bataillons de la fonction publique et des nationalisées). Ils vont essayer de regagner du terrain en diabolisant Parisot et en s’interposant entre elle et le gouvernement ou le parlement qui ont le pouvoir de changer le code.

Laurence, gare aux gorilles !


Lire l'article complet, et les commentaires