Nouvelle Guerre de la hottée de Pommes en Lorraine
par Mirabelle de Lorraine
mardi 23 décembre 2008
Les commentaires guerriers se succèdent depuis quelques jours en Lorraine. Paris va décider où placer les Directions Régionales : diviser pour mieux régner, on connaît la suite... Comment restructurer en profitant de la cacophonie d’une région déjà fortement malmenée par le pouvoir central.
Ca chauffe en Lorraine
Attendez-vous à du cocasse. Partout en France, les directions régionales sont localisées dans la ville-siège de la préfecture de région. Deux exceptions sont admises : Aix et Marseille, et dans le cas présent Nancy et sa rivale Metz où siège la préfecture.
La Chambre des Métiers de la Moselle, derrière Metz, estime que le département créerait la 23ème région (rien que ça !) si elle n’était pas entendue. Les Meurthe-et-Mosellans Hénart et Rossinot se montrent faussement affligés par la chanson de Grosdidier (de Roncevaux), qui "compte ses doigts après avoir serré la main du maire de Nancy"...
Aux origines du conflit
En l’an de grâce 1427, l’abbaye de Saint-Martin-lès-Metz dépendait du duché de Lorraine. Un beau matin, le brave abbé de Saint-Martin, le coeur léger et la soutane au vent, fit cueillir une hottée de pommes en son jardin. Il fit porter les fruits en la proche cité de Metz.
Le duc Charles II de Lorraine réclama alors un droit sur ces fruits, que les magistrats de Metz se refusèrent à lui allouer, comme contraire aux franchises et privilèges de la cité.
"Les religieux de Saint-Martin en donnèrent avis aux officiers du duc de Lorraine, qui demandèrent plusieurs fois, au nom de leur maître, certains droits sur ces fruits, à raison de leur sortie des États de Lorraine pour entrer dans Metz. Les Messins refusèrent de payer, prétendant que cela était contraire à leurs franchises. La guerre naquit de cet incident, on appela pour cela la "Guerre de la hottée de Pommes".
Cette guerre laissa les lorrains épuisés, ce qui permit de proclamer la Trêve en 1429. Le Duc se désista de sa prétention sur la hottée de pommes, cause ou plutôt prétexte de tant de maux, et les prisonniers furent échangés de part et d’autre, non sans grande difficulté toutefois, car Charles II, mécontent de l’insuccès de son entreprise, apporta dans l’exécution de cette partie du traité beaucoup de mauvaise volonté.
Sa mort, arrivée en 1431, mit fin à tous les délais ; la duchesse de Bavière, veuve du feu duc, relâcha tous les prisonniers et vint même rendre visite à la ville de Metz qui la reçut en grande pompe et lui fit des présents magnifiques, la paix fut signée, et tout le monde vécut heureux et eut beaucoup de petits rejetons qui décidèrent de tout recommencer en l’an de grâce 2008.
Paris, l’Elysée, et Matignon soufflent sur les braises
Il semble que près de 600 ans après, les braises permettent encore de ranimer le conflit entre Metz et Nancy, et Paris en profite pour mener tambour battant sa RGPP. L’Elysée et Matignon, dans le rôle du bon et du mauvais gens d’arme, en sont à distribuer les Directions Régionales selon les alliances politiques du moment.
Première constatation : le Préfet de Lorraine Bernard Niquet et le Président de la Région Lorraine, Jean-Pierre Masseret, doivent apposer leur signature au bas du document final.
Jean-Pierre Masseret, adepte de l’équilibre, devrait tel un sage tibétain suivre la voie médiane.
Bernard Niquet, en sa Préfecture de région sise à Metz, fera selon le principe de l’Etat français : diviser pour mieux régner, et tant pis pour les gueux.
Mais quand les différentes seigneureries de Lorraine comprendront-elles que Paris s’amuse et se joue de ces divisions ? Les lorrains non plus ne l’ont pas tous compris, qui déversent ces temps-ci des messages de haine dans la blogosphère régionale. Comment faire autrement lorsque les deux principaux titres de notre Presse Quotidienne Régionale, ne font que relayer benoîtement les clivages politiques ? La presse aux ordres participe aux chaos ambiant, et ce sont les Lorrains dans leur ensemble, qui au final en patiront.