L’arlequin de Tolède...

par rosemar
samedi 5 juillet 2025

Une chanson qui commence sur un magnifique tableau nocturne hispanisant : une guitare ornée d'une rose, un rayon de lune qui éclaire la scène, et qui "joue sur la peau brune" d'un "arlequin de Tolède"...

 

Le tableau s'anime avec ce rayon de lune qui "joue", l'arlequin qui "passe dans la nuit tiède" et qui chante "la sérénade des amants de Grenade."

 

Et déjà dans ce premier couplet, on perçoit plusieurs fragilités : celle de la "rose", symbole de beauté fugace et éphémère, celle que suggère que le verbe "passer" pouvant évoquer aussi le temps qui passe inexorablement, celle de l'amour enfin.

 

Et on retrouve plus précisément et plus intensément ce thème de la fuite du temps dans le refrain avec de nombreuses indications de temps : "hier, printemps, hier, vingt ans, le temps d'un instant", avec une anaphore insistante de l'adverbe de temps "hier".

L'imparfait vient souligner aussi le temps qui a passé : "le printemps, les vingt ans" qui se sont enfuis... et l'amour paraît fragile face au temps qui s'écoule. Cette idée est scandée avec intensité dans le refrain :

"Hier, il avait vingt ans
Mais cela ne dure
Que le temps d'un instant
Car la vie est dure
Pour les jeunes amants
Qui veulent croire aux serments"

Les noms propres qui ponctuent le texte : "Tolède, Grenade, Estrémadure" confèrent un charme exotique à la chanson.

 

Dans le couplet suivant, l'arlequin de Tolède fait naître sur son instrument des images :

"Un écho de mandoline
Il revoit Colombine
Vibrant à la sérénade
D'un Pierrot de Grenade"

Des personnages de la Commedia dell'arte surgissent : Pierrot épris de Colombine, Pierrot qui chante une sérénade, chanson d'amour pour sa Colombine...

 

Le refrain vient briser cette douce ambiance amoureuse avec encore l'évocation du temps qui passe et emporte les serments des amants. On perçoit toute la mélancolie du musicien dans cette phrase : "Hier, c'était lui l'amant, Mais cela ne dure Que le temps d'un serment."

 

Voilà l'arlequin de Tolède qui "avec cette leçon En a fait une chanson", une sorte de mise en abyme, la chanson évoquée étant aussi celle que nous écoutons...

Et l'arlequin de Tolède d'entendre "sous la lune blonde
Tous les amants du monde
Qui chantent la sérénade
Des amants de Grenade"

Une généralisation de cette sérénade qui apparaît ainsi universelle....

 

Et le refrain de scander encore le thème mélancolique de la fuite du temps : le printemps, les vingt ans, la jeunesse enfuis...

 

Pourtant, la chanson s'achève brusquement sur ces mots, comme une urgence :

"Aujourd'hui c'est l'été
Et vive la liberté !"

C'est le présent qui importe, c'est le présent qu'il faut savourer avec bonheur... La mélancolie s'efface pour laisser la place à un message différent : jouir de l'été, de la liberté qu'il offre, jouir de l'instant... Ce message n'étant au fond que la conséquence du message contenu dans toute la chanson : le temps passe très vite, il faut savoir le savourer...

 

Magnifique chanson qui délivre un message simple mais essentiel !
 

La mélodie très douce, mélancolique s'intensifie dans le refrain comme pour souligner la dureté du temps qui passe...

 

Le blog :

https://rosemar.over-blog.com/2025/06/l-arlequin-de-tolede.html

 

Pour mémoire :

Cette chanson parue en 1960 a été écrite par Jean Dréjac et composée par Hubert Giraud.

 

Les paroles :

https://www.paroles.net/compagnons-de-la-chanson/paroles-l-arlequin-de-tolede

 

Vidéos :

 


Lire l'article complet, et les commentaires