Nicolas et la chocolaterie
par Voris : compte fermé
lundi 9 février 2009
Nicolas, encore candidat, était resté à la porte de la chocolaterie de Lyon qu’il était venu visiter. La crainte des manifestants présents l’avait dissuadé de franchir le seuil de la Croix-Rousse, Bouillet, célèbre pâtissier-chocolatier. Depuis, Nicolas a pris sa revanche, d’abord en limogeant les responsables de ses frustrations dues aux manifestations, ensuite, jeudi dernier à la télé, en promettant de faire la joie des chocolatiers et des gourmands, petits et grands.
"Chocolat pour tous !" Voilà un slogan, une nouvelle promesse qui devrait calmer les mécontentements du peuple et lui faire oublier la baisse constante du pouvoir d’achat ainsi que le refus catégorique de la prendre en compte. Mais est-il normal pour autant d’oublier d’évoquer les problèmes criants de nos compatriotes de Guadeloupe et de Martinique ? Nicolas n’a pas eu un mot pour eux, pendant, pourtant, 90 minutes de monologue ininterrompu. Même l’évocation du chocolat ne l’y a pas fait penser. C’est dire si les français d’Outre-mer sont bien éloignés de ses préoccupations !
Pourtant aussi, Nicolas avait préparé sa prestation et même déclaré bien avant l’heure "J" qu’il y aurait des annonces tout au long de son intervention. Ce n’est donc pas un oubli de sa part mais un sujet délibérément écarté. A la place, il y a eu cette promesse de baisse de TVA pour le chocolat au lait, une façon de se racheter auprès des chocolatiers après sa mésaventure de Lyon ?
En France, il y a une anomalie : la TVA sur le chocolat noir est de 5,5%, tandis que celle sur le chocolat au lait est de 19,6%. Les Confiseurs de France dénoncent depuis longtemps cette aberration. Mais ça y est, Nicolas, n’écoutant que sa gourmandise et son goût de l’opportunisme, a annoncé qu’il mettrait fin à cette injustice. Réflexe pavlovien oblige, chacun souscrit à la mesure et tout le monde est content. D’autant qu’en ces temps de crise et de surconsommation médicamenteuse - sport national après les grèves et les manifs - le chocolat a une bonne réputation pour le moral : lire ici cet article sur Carevox.
Pour faire oublier cette journée noire de visite du 5 février 2007 à Lyon (notez la date presque anniversaire...) et regagner des points de popularité tant auprès des confiseurs et des restaurateurs que de la population qui se met déjà à saliver, Nicolas a donc promis de réformer la TVA sur le chocolat.
Mais je me demande si Nicolas ne nous incite pas à "saliver plus pour consommer plus" pour revenir bientôt dans une seconde émission du même nom, "Face à la crise", mais la crise de foie cette fois-ci...
Enfin, si le titre de cet article vous évoque quelque chose, sachez que ce n’est pas purement fortuit. Le film d’animation de Tim Burton, "Charly et la chocolaterie" en est l’origine. Néanmoins toute ressemblance entre les personnages fictifs et réels ne seront que le fruit d’une pure coincidence. Rappelons en effet que Charly est un enfant très pauvre, tellement pauvre qu’il ne reçoit qu’une barre de chocolat par an, à l’occasion de son anniversaire. L’anniversaire de Nicolas a été fêté ces jours-ci et l’on sait déjà qu’il n’a jamais été privé de rien et qu’il ne s’est pas contenté d’une simple barre de chocolat. Le roman que Dahl a écrit, et dont est tiré le film, ne rime pas avec "que dalle" pour les amis de Nicolas qui vivent à Neuilly-sur-Seine.
Le film a fait l’objet d’une transposition en jeu video, peu prisé semble-t-il. Si un concepteur de jeux vidéo lit cet article, je lui suggère un concept qui pourrait faire fureur : un jeu consistant à tenter de faire entrer Nicolas à la chocolaterie de Lyon malgré l’hostilité des manifestants. Je lui laisse le soin de déterminer le nombre de CRS nécessaire à la réussite de l’opération.
Pour le niveau deux, je suggère des obstacles supplémentaires comme des banderolles "casse-toi pov’ con !" et des lanceurs de chaussure (ça met l’eau à la Bush). Et pourquoi pas, des "connards" de Bretons.