Journal d’un BAC+5 SDF #55

par Patchwork Mental
samedi 29 juin 2024

Samedi 22 Juin 2024

Encore une nuit répugnante où les étoiles étaient masquées par un ciel oppressant et nuageux. Même la Lune restait invisible, alors que c’était normalement son tout premier jour de réflexion maximal.

Yves est rentré de son énième matinée de vélo. Il a cherché à remplacer la chambre à air d’une de ses roues, et la moins chère était aussi la plus éloignée. Donc pour quelques euros de différence il a sacrifié quelques heures de sa vie à pédaler. Ensuite il a pris le temps de prendre une bonne douche, puis va se rassasier avant de faire une sieste.

 

Un petit mulot est entré dans la salle commune. Je l’ai reconduit à la sortie. Sans violence.

 

Il fait trop froid (15-16°C à la fin juin, en plein après-midi… sisi !), donc je suis allé remettre un pantalon. Juste après m’être changé, alors que je m’extirpais de ma tente crasseuse et mettant dehors une araignée un peu trop entreprenante, arriva la nouvelle recrue saisonnière. Elle passait justement par là avec ses deux enfants, les emmenant à la balançoire et sans doute pour leur montrer où elle travaillait maintenant.

« Si vous ne voulez pas terminer comme ça plus tard, il faut travailler à l’école. » C’est le genre de phrase qu’elle aurait tout à fait pu leur dire. Sauf que ça ne s’applique pas à moi. Si j’ai droit à recommencer une autre vie en tant qu’humain, un jour, j’espère ne pu gober tout ce qu’on me dit étant petit.

 

Aie aie aie, Yves a perdu sa carte bancaire. Pourtant il dit être interdit bancaire. Il va voir dans le dernier magasin qu’il a visité s’il peut la retrouver. Sinon il falloir faire opposition en allant à sa banque. Sauf que celle-ci serait fermée aujourd’hui, demain (dimanche) et lundi…

 

Il y a un orchestre de klaxons pas très loin. Probablement un mariage.

Temps pourri pour une telle célébration. Mais ça se prévoit des mois à l’avance… Fin Juin, il ne peut y avoir que du Soleil, n’est-ce pas ? Et puis avec le réchauffement climatique Juillet et Août risquent d’êtres trop chaud, donc Juin est parfait !

 

Gros soulagement pour Yves : il a pu récupérer sa carte. Il l’avait oublié au Leclerc.

 

Le site internet de France Travail est en maintenance… Mais pourquoi avoir l’information seulement après avoir saisi mes identifiants ? O_o Là encore ça n’a aucun sens pour moi.

Bon le système de recherche d’emplois est a priori fonctionnel… jusqu’au moment où on clique sur une offre. Là ça plante. Vachement utile de laisser le site accessible dans ce cas.

 

Un gars dehors porte un magnifique perroquet tout blanc sur l’épaule.

 

Il est 20h et j’aperçois les premiers rayons de Soleil de la journée. Comme on dit, il n’est jamais trop tard.

 

Personne n’est là pour le match de foot, cool. Je suis tout seul bien tranquille.

Ca n’a pas duré très longtemps. Et il a suffit d’une unique personne qui allume la télé pour remplacer le calme par des bruitages, des cris et des gueulantes. Deux autres sont ensuite arrivées. En plus ça parle allemand, pour changer.

 

Yves est rentré. Il a un talent indéniable pour discuter avec des inconnus même s’ils ne partagent pas la même langue. Au pire ils peuvent tenter d’échanger en mélangeant anglais, allemand et français. Ils s’apprennent à prononcer divers mots dans diverses langues, parlent de leurs familles, de la dernière guerre et de plein d’autres sujets comme la religion. Ils n’en ont plus rien à faire du foot. Personne ne regarde en fait.

Le truc le plus fatiguant c’est qu’ils ne parlent pas normalement, mais particulièrement fort.

Un jeune vient vers moi avec un traducteur pour me donner des messages de Dieu, et il m’assure que celui-ci existe et qu’il m’aime. Ils sont tous ici croyants, pas moi. Ensuite il reste planté là, à coté de moi le temps d’écrire d’autres phrases que son appareil va alors prononcer en français. Alors si je comprends bien, Dieu… euh j’avoue ne plus trop savoir… Il paraît qu’il est comme un père, il est dans notre cœur, et qu’il veille sur nous, surtout dans les moments difficiles. Quelque chose comme ça. Et puis le jeune me tapote l’épaule.

Le match est terminé depuis longtemps. Ils échangent leurs numéros de téléphones.

 

Bon je suis assez fatigué là. Je vais aller me coucher plus tôt que d’habitude. Faites de beaux rêves.


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