Gaza : après les carnages de masse, les massacres sporadiques

par Fergus
lundi 7 juillet 2025

Et de plus en plus clairement un nettoyage ethnique dont de nombreuses voix – jusque dans les rangs d’intellectuels juifs et de soldats de l’armée israélienne, horrifiés par la fuite en avant criminelle de leurs gouvernants – dénoncent le caractère génocidaire...

« Ce qu’il se passe à Gaza n’est pas un holocauste. Il n’y a pas ici d’Auschwitz ou de Treblinka. Pour autant, c’est un crime de la même famille, un crime de génocide. » (Amos Goldberg, historien israélien, spécialiste de la Shoah).

Quiconque porte sur l’actualité géopolitique un regard objectif peut le constater : Israël dispose de puissants alliés dans les médias occidentaux et peut compter sur la pugnacité des éditorialistes maison en charge, sans scrupule et sans recul, de relayer la doxa officielle de l’état hébreu. Et cela en n’hésitant pas, pour les plus complaisants d’entre eux, à user le plus souvent de l’amalgame « antisionisme = antisémitisme », délibérément employé dans le but de discréditer les adversaires du criminel Netanyahou et de ses alliés extrémistes, y compris les opposants juifs à l’abjecte politique de nettoyage ethnique en cours.

L’enjeu ? Un territoire palestinien coupé en deux par la volonté d’une nation colonisatrice et hégémonique, gouvernée par des hommes dont l’objectif est l’établissement du Grand Israël (Eretz Israël) au détriment de populations légitimes implantées là depuis des millénaires. Ce faisant, et dans une logique de plus en plus meurtrière et fascisante, l’état hébreu n’a cessé de poursuivre avec opiniâtreté la colonisation de la Cisjordanie où les Palestiniens ne possèdent plus que des lambeaux de territoire et sont placés sous la menace constante de la spoliation et des exécutions sommaires par des colons fanatisés.

C’est ce même état hébreu qui a, de facto, emprisonné les 2,5 millions de Palestiniens constituant la population de Gaza dans une réserve à caractère concentrationnaire, coupée du monde par un blocus drastique. Et cela au mépris constant des traités internationaux en vigueur et des résolutions des Nations Unies. Dans de telles conditions, il n’est pas surprenant que, dans cette enclave ostracisée, les Gazaouis, séduits par les discours de résistance, aient porté au pouvoir un dangereux mouvement islamiste et terroriste, le Hamas, en forme de réponse désespérée au sort qui leur était injustement réservé.

Un Hamas dont, paradoxalement, il a été avéré qu’il est bel et bien une créature des apprentis-sorciers d’Israël, sa fondation ayant été favorisée par l’état hébreu pour saper l’influence du Fatah. On connaît la suite : un processus de renforcement militaire clandestin de ce mouvement sur fond de haine réciproque. Tout cela a conduit à l’épouvantable attaque terroriste commise le 7 octobre 2023 en territoire israélien par des combattants du Hamas et du Jihad islamique, unis dans la volonté de tuer des Juifs, qu’il s’agisse de militaires ou de civils, de jeunes ou de vieux, d’hommes ou de femmes, d’adultes ou d’enfants.

Cette action terroriste, mise en œuvre pour faire le maximum de victimes et traumatiser la population israélienne, a causé la mort de près de 1 200 personnes et en a blessé, plus ou moins grièvement, environ 7 500 autres. Plusieurs dizaines d’otages – vivants ou décédés – sont en outre encore dans les mains des islamistes qui les ont enlevés. Un bilan terrible qui, sans que cela puisse être contesté, a justifié la réponse militaire de l’état hébreu et la volonté affichée par ses gouvernants de détruire le Hamas, cet objectif ayant été très largement atteint dans les mois qui ont suivi le début de la réplique israélienne.

Aussi légitime ait été la riposte au plan du droit, les massacres de la population gazaouie, les destructions délibérées de l’habitat, des écoles, des hôpitaux et des outils de production n’en ont pas moins été monstrueux. Bilan provisoire : d’une part, 55 000 morts palestiniens – dont 15 000 enfants ! – et plus de 100 000 blessés, dont un nombre considérable de mutilés, handicapés à vie ; d’autre part, les deux-tiers du bâti entièrement détruit ou gravement endommagé ! Gaza n’est plus qu’un champ de ruines où tentent de survivre les Palestiniens sous la menace constante de bombardements ou de tirs de snipers.

Un champ de ruines où, de surcroît, le gouvernement de Netanyahou a sciemment créé les conditions d’un ignoble état de famine constitutif de fait d’une dérive génocidaire déjà rendue patente par les carnages mis en œuvre dans la bande de Gaza. Certes, des distributions de nourriture – dramatiquement insuffisantes, et limitées à quatre points de la bande de Gaza – sont organisées, mais par une officine sous contrôle de l’état d’Israël, la Gaza Humanitarian Foundation (GHF), en remplacement des ONG humanitaires traditionnelles, bannies par les dirigeants de l’état hébreu comme le sont les journalistes indépendants.

On comprend pourquoi ces témoins ont été écartés en constatant l’atroce réalité de ces distributions alimentaires, ponctuées de tirs de soldats – ou plus exactement de meurtriers d’état – sur des Palestiniens affamés et désarmés qui ne menacent en rien les militaires israéliens. Chaque jour, ce sont des dizaines d’hommes, de femmes et d’adolescents qui sont abattus comme des bêtes sans le moindre motif, comme cela vient d’être confirmé par une tribune de 300 réservistes, saisis d’un profond dégoût pour leur contribution criminelle à ce qui relève, à l’évidence, d’une volonté d’anéantissement de Gaza. 

Depuis quatre mois, 57 jeunes enfants et nourrissons palestiniens sont morts de malnutrition. C’est abominable, et tout devrait être fait, au niveau des pays occidentaux, pour exercer une pression maximale sur les dirigeants israéliens pour que soit mis fin à ce processus génocidaire inadmissible dans la sphère des états de droit. Mais il ne faut pas se bercer d‘illusions : il ne se passera rien, si ce n’est des protestations indignées de pure forme. Quant aux États-Unis, le seul pays qui aurait les moyens de tordre le bras des criminels de Tel-Aviv, ils resteront de fait complices des massacres à venir.

Dans ce conflit qui oppose depuis des décennies Israël à la Palestine, les torts cumulés sont très largement à porter au passif de l’état hébreu, que ce soit en termes d’appropriation – en toute illégalité – de territoires palestiniens par des colons juifs, ou de réponse militaire atrocement disproportionnée à l’attaque terroriste du 7 octobre. À cet égard, si l’antisémitisme est odieux et doit être combattu, la condamnation de la politique fascisante d’un état administré par des criminels n’en est pas moins un devoir moral, y compris pour les Juifs non pollués par les fantasmes religieux ou les ambitions géopolitiques !

À lire également :

De l’apartheid au génocide : l’honneur perdu de l’état d’Israël (mai 2025)

Netanyahou : de l’épuration ethnique aux dérives génocidaires (avril 2024)

Otages israéliens abattus : bavure ou acte délibéré ? (décembre 2023)

Les Palestiniens victimes d’un « nettoyage ethnique » (novembre 2023)

Au cœur du « Pletzl » : 21 rue des Rosiers (janvier 2021)

Les Juifs, grands absents de l’agriculture (avril 2016)

Musique klezmer : de Pitchi Poï à New York (avril 2011)


Lire l'article complet, et les commentaires