Nouvel Ordre Mondial. Pourquoi Trump sera obligé de mettre fin à la guerre en Ukraine ?
par Hamed
lundi 7 juillet 2025
Au-delà de l'image des faits historiques, de l'image du monde humain, il faut se poser la question : « qu'est-ce que l'histoire ? ». Oswald Spengler, dans son essai « Le déclin de l'Occident », écrit :
« La nouvelle image historique nous oblige à admettre l'existence de faits de premier ordre, qui se succèdent en grandes séries, et dont nous ne saurons jamais rien au sens scientifique du mot.
Il nous faut apprendre à compter sans limite avec l'inconnu. En second lieu, l'existence des vérités est pour l'esprit, les faits n'existent que par rapport à la vie. L'histoire scientifique, ou selon ma terminologie, le tact physionomique, c'est le décret du sang, la connaissance des hommes, élargie et étendue au passé et à l'avenir, le coup d'œil inné, pour les personnes et les situations, pour ce qui était événement réel, pour ce qui était nécessaire, pour ce qui a dû exister, et non la simple critique scientifique et la connaissance des dates. [?] Parce que la puissance de l'être faustien a développé aujourd'hui une foule d'expériences intérieures, qu'aucun autre homme d'aucun autre temps n'a jamais pu acquérir ; parce que nous attachons, dans une mesure toujours croissante, aux événements les plus lointains un sens et un rapport qu'ils ne pouvaient pas avoir pour tous, ni même pour ceux qui les ont subis : voilà précisément pourquoi aujourd'hui, pour nous, beaucoup de choses sont historiques, c'est-à-dire vie en harmonie avec notre vie, qui ne l'étaient pas encore il y a un siècle. »
Ces mots d’Oswald Spengler ont paru en 1922, et que dirons-nous des sombres moments de l'histoire qui, ensuite, se sont succédé, après la parution de son livre ? Aujourd'hui, pratiquement un siècle nous sépare de ses idées « méditées » et dans un certain sens « prophétique ». Et aujourd'hui, un siècle plus tard débouche la guerre en Ukraine.
Spengler ne reprend-il pas seulement les grandes idées que l'homme a sur les civilisations passées. Grandeur et décadence qui ont longtemps marqué l'Histoire de l'Humanité. Grandeur et décadence de l'Égypte pharaonique, de la Perse antique, de Rome, de Byzance, de la civilisation islamique, chinoise ?
Mais comment ne pas ressentir ces images sinistres de l'époque, du Premier conflit mondial avec son cortège de destructions et de morts dans tous les pays d'Europe et outre-mer. Des horreurs inimaginables que les Européens auxquels se sont joints les Américains ont connues durant la Grande Guerre ; y compris des indigènes et arabes d'Afrique.
Comment ne pas ressentir ce doute quand l'auteur constate ce qu'il en a résulté du Premier conflit mondial sur la civilisation européenne ? Ne sont-elles pas très humaines ces méditations sur l'histoire de la civilisation européenne ? Et jusqu'où va cette vérité de déclin pensée par Spengler ? Est-elle vraie cette idée de déclin ? Et encore aujourd'hui, on parle de déclin de l'Occident.
Peut-on parler de déclin dans le sens de décadence de l'Occident, si on ne s'interroge sur l'« essence » même de l'histoire de l'humanité, a fortiori aujourd'hui après un siècle passé ? Et que les esprits, nonobstant les accidents de l'histoire, normalement sont apaisés sur l'histoire et le devenir du monde.
Que ce qu'on dit de la « vieille Europe » n'est pas du tout ce que l'on croit, que ses avancées scientifiques et démocratiques restent toujours un phare pour les pays en développement comme pour les pays émergents. Y compris pour les « Nouveaux mondes avancés » ; le Canada, l'Australie, les États-Unis doivent à l'Europe leur existence.
Y compris le monde asiatique et le monde de l'islam dont les peuples ont les yeux rivés sur l'Occident. Les peuples musulmans, par exemple, y voient les droits de l'homme dans ces pays avancés qu'ils ne voient pas ou faiblement chez eux ; de même pour les autres peuples du monde. Pour comprendre cela, il faut connaître et surtout saisir l'histoire dans son essence, et l'histoire reste toujours à « connaître » ; elle est sans fin à méditer.
1. L'aveuglement de puissances européennes dans leur ambition de domination
Le Premier conflit mondial a vu des pays et des économies d'Europe en ruine où tout n'était pas réglé pour reconstruire. Pourquoi la « Grande Guerre » ? Nous n'entrons pas dans le sujet, l'explication pourra d'une certaine façon être déduite des relations de causes à effets entre ce qui a été et ce qui a suivi à la fin de la guerre.
En 1918, après l'armistice, l'Allemagne devait payer les réparations de guerres (traité de Versailles, juin 1919) aux vainqueurs comme la France a payé les siennes après le conflit armé avec la Prusse, alliée à plusieurs États allemands, en 1870. Ce qui en apparence n'était qu'une équité puisqu'un précédent a existé. Mais à travers la victoire des Alliés, et la France victorieuse, le « jacobin » Clemenceau n'a pas compris ce qu'il ne pouvait comprendre que l'histoire était en marche ; que la situation en 1870 et 1918 n'était pas la même. D'abord, la guerre en 1870 n'était qu'entre la France et l'Allemagne, alors que la Première Guerre mondiale était internationale. L'Allemagne n'a été vaincue que parce que les États-Unis étaient entrés dans le conflit en avril 1917, au côté des Alliés, surtout que la révolution a éclaté en Russie en février 1917 et le tsar Nicolas II a abdiqué en mars 1917.
La révolte populaire et l'insurrection qui a suivi en Russie ont probablement joué aussi dans l'entrée en guerre des États-Unis ; sans la puissance américaine, il était probable que la situation aurait évolué autrement.
Donc, l'appui des États-Unis d'Amérique a été déterminant, ce qui sauva la France et l'Angleterre au moment de la débâcle russe où le régime tsariste affaibli par la guerre, emporté par la révolution bolchevique russe, libéra le front Est, ce qui permit aux Allemands de porter toutes leurs forces vers le front occidental. Le sort de la guerre balançait donc du côté des « centraux ».
Étrangeté de l'histoire, l'implication des États-Unis en Europe survint l'année même où la révolution bolchevique va avoir un double impact sur l'humanité. D'abord, signifier un « péril rouge » pour les puissances coloniales occidentales et de l'autre, offrir une « lucarne », un « phare pour la liberté » pour les peuples occidentaux transformés en chair à canon et les centaines de millions d'êtres humains sans droits, colonisés ou sous protectorat, d'Afrique et d'Asie.
Aussi, peut-on dire que l'« Essence » de l'Histoire a parlé en ce tournant de la guerre, année 1917 qui va voir deux « entités », deux grandes puissances l'Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) et les États-Unis influer sur l'histoire avant même leur couronnement en 1945.
Si Georges Clemenceau réussit à imposer l'unité de commandement par un maréchal français, en l'occurrence le maréchal Foch, et à récupérer l'Alsace-Lorraine, son slogan « l'Allemagne doit payer, réparer, restituer » aura-t-il été une erreur ? On sait très bien que l'Allemagne n'a pas été vaincue par la France mais par une coalition de puissances, ce qui est différent. D'autre part, la situation économique et politique de l'Allemagne était tout aussi désastreuse que la France. Une économie en grande partie tournée vers la guerre, et avec la défaite, les « réparations » allemandes apparaissaient de plus en plus illusoires. Pour payer, l'Allemagne devait posséder un excédent commercial ; ce qui n'était pas le cas, puisque l'Allemagne, au même titre que la France, avait besoin de capitaux pour se reconstruire et relancer son économie longtemps affectée à la guerre.
La Première Guerre mondiale n'a rien à voir avec la guerre de 1870 qui n'a duré que six mois et quelque jours et la France a payé rubis sur l'ongle ses réparations. Qui plus est, la France était très riche par ses excédents commerciaux et ses richesses issues des formidables possessions outre-mer, en Afrique, en Asie et dans les îles du Pacifique. Alors que l'Allemagne, en 1918, une économie en déroute, des possessions coloniales confisquées, l'Alsace-Lorraine retournée à la France et le bassin de la Sarre occupé pour quinze ans. Libérée de l'Allemagne, la France peut occuper la Syrie, et l'Angleterre la Palestine et la Mésopotamie.
Mais l'écueil que fut l'Allemagne a-t-il été annihilé pour autant ? Les coudées franches obtenues par la France et l'Angleterre sur les pays du reste du monde ont-elles été acquises ? Ont-elles façonné l'Europe pour « une paix juste et durable » ? N'ont-elles pas donné non seulement à l'Allemagne de légitimes motifs de mécontentement mais avec la crise politique, économique et sociale, la défaite et l'incroyable aveuglement des Alliés dans l'acceptation des clauses du traité de Versailles surtout des réparations mais amener le pays le plus puissant d'Europe à tanguer entre le « social-communisme » (spartakisme et communisme) et le « national-socialisme » (nazisme) ?
Deux mouvements qui ne sont que la réponse de l'aveuglement de puissances européennes dans leur ambition de domination. Mais là, force de dire que rien ne vient sans cause ; ni le spartakisme, ni le communisme, ni le national-socialisme n'était une fatalité ni pour le peuple allemand ni pour les peuples d'Europe ? En réalité, l'histoire était en marche ; il y avait une « finalité » dans les finalités que visait chaque puissance dans ce conflit devenu malgré eux mondial.
2. L'Allemagne comme la France ne sont-elles pas victimes de leur histoire, de leur puissance ?
Comment comprendre ce champ illusoire des réalités pour la France comme pour l'Allemagne ? Il était évident que le traité de Versailles manquait d'équité envers la puissance vaincue. Mais la France était confrontée à une grave crise financière. Clemenceau qui cherchait à laver l'affront de 1870 et, en homme intransigeant comme il était décrit, voulut faire payer l'Allemagne. Les États-Unis et l'Angleterre avaient, dès 1919, suspendu leur aide de guerre à la France qui était terriblement endettée envers l'Amérique pour ses emprunts de guerre. La France n'avait d'alternatives qu'« exécuter à la lettre le traité de Versailles ».
Mais comment pourrait rembourser une Allemagne acculée et déjà en faillite ? L'occupation de la Ruhr, pour non-paiement, en janvier 1923, sous Poincaré, allait-elle régler les choses ? N'allait-elle pas précipiter les événements ? Si cette décision isola la France sur le plan international, en Allemagne, la situation va revêtir une allure catastrophique. Que sera la réponse du gouvernement allemand ? L'Allemagne avait déjà connu, durant le premier conflit mondial, une forte hausse des prix liée à l'excès d'émission monétaire, aux pénuries, ce qui était valable pour tous les autres pays d'Europe en guerre. Et même après la fin de la guerre, vu la grave crise politique, économique et sociale, l'inflation s'est accentuée.
Après l'occupation de la Ruhr, la riposte allemande ne se fait pas attendre, elle prend la forme d'une grève générale soutenue par le patronat et l'État. Mais c'est surtout la riposte monétaire de la jeune république de Weimar qui va mettre le feu aux poudres ; elle n'aura pas de solution de sortie que le recours aux émissions monétaires pour financer les réparations et l'économie allemande.
Ce recours monétaire se traduisit en une formidable « hyperinflation ». Les prix des denrées ont augmenté de façon incroyable, l'indice des prix était multiplié par plus d'un milliard ; le dollar qui s'échangeait contre 7.200 marks en janvier valait 130 milliards en novembre 1923. Les États-Unis et la Grande-Bretagne, devant cette situation, étaient « sommés » de prendre toutes les mesures économiques et financières urgentes pour sauver l'Allemagne de ce péril qui était bien plus grand que ne le seraient les réparations de guerre envers la France.
L'Allemagne présentait tous les risques avec la montée en puissance du parti communiste KPD de passer sous régime communiste. On comprend avec une Allemagne communiste et une Russie qui l'est déjà, le « feu communiste » va prendre sur toute l'Europe. Que seront alors la Grande-Bretagne et l'Amérique ?
En octobre 1923, une monnaie provisoire, le Rente mark, garantie par une hypothèque générale sur l'agriculture, l'industrie et le commerce allemand, fut créée. Et un plan américain Dawes fut adopté en 1924 et qui a permis à l'Allemagne de lancer des emprunts sur les marchés internationaux (?) qui étaient, en réalité, pour l'essentiel américain et anglais ? Et créer une nouvelle devise, le Reichsmark (RM), sur la base de 4,20 RM pour un dollar. Une partie de cette aide à l'Allemagne a permis de payer une partie des montants de réparations de guerre à la France.
Que peut-on dire de cette séquence de l'histoire entre 1923 et 1924 ? Certes la France et ses gouvernants, confrontés aux problèmes économiques et sociaux de leur population, ne pouvaient faire autrement que d'exiger le remboursement intégral des réparations à l'Allemagne. Si la France se donnait le rôle de victime, de juge et de gendarme, que dirait-on de l'Allemagne ? N'est-elle pas aussi victime de son élite qui l'a menée sans clairvoyance des conséquences qui ont résulté de la guerre ? Une guerre extrêmement destructrice et meurtrière non seulement durant la guerre mais après la guerre, quand on constate que la jeune république de Weimar vivait pratiquement une situation insurrectionnelle qui ne dit pas son nom. Tout le monde était armé en Allemagne ; partout des milices se sont constituées avec la défaite allemande.
L'Allemagne comme la France ne sont-elles pas toutes deux victimes de leur histoire, de leur puissance ? Il faut le dire : « quel intérêt est d'être une puissance si cette puissance est destinée à succomber par la puissance ? ». Une vraie question de fond. Où est l'honneur patriotique, l'honneur national ? Si le peuple doit se défendre contre soi-même, contre ses élites qui, en manque d'ambition, cherchent leur « ambition propre qui est virtuelle parce qu'elle est personnelle et non collective » (qui n'existe pas), et surtout qu'elle est autodestructrice en envahissant d'autres Etats pour le seul objectif de dominer l'autre.
Pour le seul objectif d'asseoir sa race, ou son ethnie, parce que les pays européens sont différents de langues et un tant soit peu en religion. N'est-ce pas incompréhensible telles visions à l'époque surtout entre des puissances européennes dites « avancées » ? Et leurs peuples pris en otage, sommés de faire la guerre, devenus simple matière à faire la guerre, simple « chair à canon » pour les « élites politiques européennes censées être éclairées ».
3. Comment comprendre l'arrivée d'un inconnu, Hitler, venu bouleverser « peuples et élites dites éclairées » ?
On a tant écrit sur Hitler, sur la crise de 1929, sur la guerre 1939-1945, et certainement on continuera d'écrire car ce sont des événements qui ont été une charnière dans l'histoire de l'humanité.
Ils ont été vécus comme de véritables cataclysmes pour l'humanité ; mais force de dire par leur avènement, qu'ils s'inscrivent dans les « Lois de l'Histoire ». Et qu'est-ce que les « Lois de l'histoire » dont on sait peu de choses sinon qu'elles accompagnent l'humain. Hegel aurait dit qu'il y a un « Esprit du monde » dans l'Histoire, et celle-ci n'est que le « Tribunal de la Raison » qui règne dans l'Histoire de l'humanité. Alors comment comprendre qu'un homme inconnu sur la scène de l'histoire, Hitler, allait changer le cours de l'histoire ?
Sa trajectoire n'a pas d'équivalent ni dans l'histoire allemande ni dans l'histoire de l'humanité. Comment un homme dont on dit un raté scolaire allait changer le monde ? Les convictions désormais n'étaient-elles pas déjà entamées après que l’Europe soit sortie du Premier conflit mondial ?
Comment un simple soldat dont le courage lui vaut la croix de fer de première classe et qui ne dépasse pas le grade de caporal à la fin de la guerre, cherchera, cinq ans plus tard, à renverser le gouvernement de Bavière, le 8 novembre 1923. Un prodige humain ? Cela nous fait rappeler les putschs dans les républiques bananières en Afrique ou en Amérique du Sud où un sergent prend le pouvoir.
Est-ce seulement imaginable, possible dans un pays aussi puissant que fut l'Allemagne ? Un pays avancé sur tous les plans ? Culturellement (Goethe, Wagner, Kant, Hegel, Schiller ?), scientifiquement (Planck, Bore, Clausius, Heisenberg, Schrödinger ?), technologiquement, voir seulement les réalisations de son industrie, une des plus puissantes du monde. Cela va contre la raison même, et Hitler a existé.
Comment le peuple allemand est tombé sous l'envoûtement d’un homme qui, par sa voix, ses discours, a su subjuguer les masses avec une facilité inouïe ? Sous l'empire d'un homme qui eut en tout et pour tout qu'une voix métallique capable d’émotionner les foules, il invoque Dieu dans ses discours comme s'il détenait la « vérité du monde » ? Ou qu'une volonté d'acier pour arriver à ses fins ?
Peut-on croire que ce sont ces qualités qui lui ont fait gravir en quelques années les échelons pour qu'il soit appelé par Hindenburg à devenir « Chancelier du Reich », le 30 janvier 1933. Et quelque temps après, il devient le « Führer » de l'Allemagne ; et adoré par toute l'Allemagne. Est-ce possible ce « prodige humain » et les « conséquences qui allaient advenir ensuite pour toute l'humanité » ?
Il est évident qu'il y a des forces à la fois politiques, humaines et surtout métaphysiques non visibles, cachées à l’esprit humain, qui ont permis l'ascension d'un homme qui va changer le cours de l'histoire de l'humanité. Et effectivement le monde a changé après 1945 de fond en comble.
Tout le système mondial qui régissait les relations internationales a disparu, à la fin de la Deuxième Guerre mondiale ; un monde complètement nouveau est sorti après 1945.
Et donc, sans ces forces qui étaient déjà en marche à la veille même du Premier conflit mondial, et qui ont suivi après le Premier conflit mondial, Hitler n'aurait pas existé ce pourquoi il devait être dans la marche de l'histoire qui était en train de fermer une page de l'histoire ; et cette page de l’histoire s’est effectivement fermée et Hitler apparaît en fait comme une « ruse de l’histoire » pour changer le cours de l’histoire.
4. La guerre en Ukraine n’a pas seulement pour enjeu les territoires de l’est, elle aura à influer sur tout le devenir de l’ordre géostratégique mondial
Si on regarde la Première Guerre mondiale au XXe siècle et ce qui se passe aujourd'hui avec la guerre en Ukraine, depuis 2022, en ce premier quart de siècle du XXIe siècle, on constate qu’il existe des ressemblances entre les deux conflits. Le seul facteur qui dissuade les puissances d’« aller au-delà de ce qu’il leur est permis sans la guerre », et ce facteur est central, sans recours, irrévocable, sinon à s'autodétruire dans les minutes ou les heures qui suivent, au plus tard quelques jours, et ce facteur, on le sait, ce sont les arsenaux nucléaires disséminés un peu partout dans le monde. Une épée de Damoclès qui pèse sur les grandes puissances et sur le monde.
L'Occident tout entier est aujourd'hui sous la menace nucléaire de la Russie ; et la Russie est aussi sous la menace nucléaire, en particulier des États-Unis qui détiennent pratiquement l’équivalent nucléaire russe.
Sur un autre front autre que militaire, le front économique, financier et monétaire. La Russie, malgré les sanctions financières occidentales, a commencé à internationaliser sa monnaie nationale, le rouble russe ; les pays d'Europe, en revanche, ont beaucoup perdu de l'euro qui était la monnaie de facturation de leurs importations de pétrole et de gaz de Russie. Les liquidités monétaires en euros injectées pour financer les importations pétrolières de Russie ne tenaient qu'à la Banque centrale européenne (BCE) d'émettre ; émissions monétaires qui se faisaient à la discrétion de la BCE ? Voire même liquidités monétaires émises sans contreparties de richesses européennes, « adossées » uniquement aux importations pétrolières et gazières de Russie, ce qui signifie dans un sens « gratuitement ». En clair, la BCE crée un surplus de monnaie-dette, non remboursable, parce que les liquidités monétaires émises se fondent dans le système monétaire international, dominé par les Banques centrales occidentales ; la Banque de Chine, avec sa monnaie, le yuan, fait partie du système monétaire international, mais n’a pas le « pouvoir exorbitant » qu’ont les deux grandes monnaies du monde, le dollar US et l’euro.
Donc un « pouvoir exorbitant » pour l’Europe qui a été perdu au début de la guerre en Ukraine ; il ne reste que le « pouvoir exorbitant » du dollar US, en tant que monnaie de facturation des exportations pétrolières de l’Arabie saoudite et des autres monarchies arabes du Golfe.
Et, depuis l'invasion de l'Ukraine, en février 2022, et les sanctions occidentales prises à son encontre, la Russie a exigé que les pays d'Europe règlent leurs importations de pétrole et de gaz en rouble ; depuis, l'euro ne finit pas de se déprécier face au dollar, il est aujourd'hui à parité avec le dollar.
Avec la hausse des prix énergétiques, et le pétrole et le gaz qui sont réglés en dollars US, l'économie européenne en ressent les effets. Et on le constate la dépréciation de l'euro vis-à-vis des autres monnaies internationales et donc au dollar, et la forte poussée inflationniste qui a suivi après la guerre en Ukraine, le 24 février 2022.
Le taux d’inflation de l’Allemagne est passé de 7,2% en mars 2022 à 10,9% en septembre 2022 ; le taux d’inflation de la France est passé de 5,2% en mars 2022 à 6,2% en septembre 2022 ; le taux d’inflation de la zone euro est passé de 7,8% en mars 2022 à 9,9% en septembre 2022. La situation n’est revenue à la normale qu’en septembre 2024, le taux d’inflation pour toute l’Europe, y compris pour l’Allemagne et la France, avoisine 2%. (Données du site : https://www.touteleurope.eu/economie-et-social/le-taux-d-inflation-en-europe/)
Une situation qui impactera à la hausse les dettes publiques des États de la zone euro avec un grand risque de stagnation ou même de récession pour l'économie européenne, dans ces années de guerre.
Qu'adviendra-t-il de cette guerre ? Il est clair, dans l’enjeu dans le conflit en Ukraine, que si la Russie l’emporte dans cette guerre, ce sera une remise totale de la puissance occidentale comme cela a été le cas avec la fin des empires coloniaux européens après 1945 ?
De même, une remise en cause du système monétaire occidental ? Le dollar et l'euro perdront- leur prééminence sur les autres monnaies mondiales ; évidemment, ce ne sera pas juste après la fin de la guerre en Ukraine, mais certainement dans les années à venir ; et déjà certaines données internationales montrent que le dollar et l’euro ont beaucoup perdu, aujourd’hui, sur le plan international ; le renminbi ou yuan chinois depuis sin internationalisation en 2016 (intégré dans le DTS du FMI) est en pleine ascension.
Les pays du BRICS + 5 (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud, Iran, Égypte, Émirats arabes unis, Éthiopie, Indonésie) travaillent pour lancer une monnaie commune ; ce qui sera extrêmement négatif pour l’Occident au cas où cette monnaie-BRICS viendra à être lancée et à être intégrée dans le système monétaire international.
Donc la guerre en Ukraine obéit à plusieurs donnes géostratégiques ; ce n’est pas seulement la perte des régions à l’Est de l’Ukraine, c’est tout l’ordre géostratégique mondial qui est en jeu et qui sera rebattu ; en clair, un nouvel équilibre mondial entre l'Occident et les nouvelles nations industrialisées cherchera à s’affirmer et pourra amorcer une recomposition de l’équilibre de puissance à l’échelle mondiale.
5. La guerre se terminera ; Trump n'a pas le choix ; il mettra fin à la guerre en Ukraine qui a trop duré et sans gain pour l'Occident
Et on comprend pourquoi les pays d’Europe sont poussés à soutenir l’Ukraine en guerre contre la Russie. Cependant, ce ne sont pas les pays d’Europe qui vont trancher sur le conflit russo-ukrainienne, ce sont les États-Unis, en tant que superpuissance ; et elle a les moyens militaires pour influer sur l’évolution de la guerre. Cependant, malgré les moyens dont elle dispose, la première puissance du monde a toutes les difficultés du monde pour influer sur la guerre ; l’Ukraine tient certes sur les fronts, mais elle perd des villages ; le territoire annexé par la Russie ne cesse de s’agrandir, certes lentement, mais s’agrandit de nouveaux villages pris sur le territoire ukrainien.
D’autre part, on comprend pourquoi c’est le président américain Donald Trump qui téléphone à son homologue russe Vladimir Poutine, et non Vladimir Poutine qui téléphone au président américain. Et c’est lié aux rapports des forces, de la réalité de la guerre, et donc du théâtre de guerre ; la Russie détient plus de cartes dans cette guerre que les États-Unis.
Et si le président des États-Unis Donald Trump a appelé son homologue russe, à plusieurs reprises, et continuera de l’appeler, c’est essentiellement pour deux raisons.
- Trouver si possible un compromis entre l’Ukraine et la Russie pour mettre fin à la guerre et qui ne lèsera pas trop l’Ukraine ; le problème est que le président russe campe sur ses positions, maintient ses conditions qui constituent une défaite pour l’Ukraine et l’Occident ; les États-Unis en premier puisque la plus grande partie de l’aide est américaine et elle affectera la puissance américaine dans le « nouvel ordre mondial ».
- La deuxième raison, en maintenant le contact avec la Russie, le président Donald Trump s’assure aussi qu’il n’y ait pas à la fin des dérapages, c’est-à-dire qu’en cas d’affaiblissement et d’échec, la Russie sera obligée de recourir à l’arme nucléaire qui lui octroiera de facto la victoire.
Et Donald Trump sait que si la Russie n’arrive pas à l’emporter dans la guerre, et que le temps travaillerait contre elle, c’est-à-dire l’affaiblirait, elle recourait à des frappes nucléaires contre l’Ukraine. En cas d’usage d’armes nucléaires, les États-Unis seraient forcés de s’abstenir à une riposte nucléaire ; une riposte nucléaire par les États-Unis contre la Russie entraînerait alors une guerre nucléaire, ce qui déboucherait sur une « Troisième Guerre mondiale ». Ce que les États-Unis ne voudraient en aucun cas, une guerre nucléaire pour l’Ukraine.
Donc, ce qui adviendra dans cette guerre, ce sera l’usure, l’épuisement surtout de l’Occident, bien entendu et de la Russie, mais la Russie a toujours un recours « l’emploi d’armes nucléaires », en cas où elle y sera obligée pour protéger les territoires ukrainiens annexés dont les populations majoritairement d’origine russe ont par référendum demandé à rejoindre la « mère-patrie », la Russie.
Donc le président américain Donald Trump aura à atermoyer tant qu’il le peut, mais il sera contraint de mettre fin à la guerre ; une guerre qui a trop duré et sans gain pour l'Occident. Le gouvernement de Kiev exécutera ; il n’a pas le choix ; commenceront alors véritablement les négociations entre la Russie et l'Ukraine ; et la guerre prendra fin. La décision finale prise par Trump sera en rapport avec l’évolution des rapports de forces et la réalité de la guerre sur les fronts de combat.
Une décision prise comme toutes les décisions de fin de guerre depuis la fin des deux guerres mondiales et celles qui ont suivi : au Vietnam, en Irak et dans d’autres conflits, et très récemment, en Afghanistan, et l’humiliation qu’ont connue les États-Unis, dans leur retrait à Kaboul, la capitale afghane, à l’été 2021.
La fin de la guerre en Ukraine sera vécue très normalement par les peuples ukrainien et russe ; bien plus, ce sera surtout le peuple ukrainien qui soufflera ; libéré de la guerre, il ne sera plus obligé à chaque nuit d’aller se protéger dans les abris, caves, stations de métro, etc. ; et des destructions et pertes humaines et blessés quasi quotidiennes ; de même pour les villes russes les plus exposées aux bombardements ukrainiens.
Évidemment, la fin de la guerre en Ukraine aura des conséquences considérables pour l’Occident, en particulier pour les États-Unis et l’Europe, et les autres conflits du monde, notamment le conflit israélo-palestinien, la guerre à Gaza, et les cessez-le-feu avec l’Iran et à venir à Gaza ; bref Israël apprendra à revoir ses objectifs à la baisse, à réduire ses prétentions à vouloir dominer le monde arabo-musulman ; Israël cherchera plutôt à s’intégrer au monde arabo-musulman en ayant à ses côtés, un État palestinien souverain, seule garantie pour la survie d’Israël.
En fait, si on regarde la marche de l’histoire du monde, ce ne sont pas les peuples qui tracent leur destinée, mais l'histoire même qui avance vers sa finalité qui est déjà tracée par l'« Essence qui gouverne le monde, qui fait le monde ». Le monde humain n’est pas venu de lui-même ; il a été fait venir à son corps défendant sur terre ; il doit donc assumer sa destinée comme elle lui est donnée, et c’est là « la faiblesse de l’humanité dans sa destinée ».
On lit sur internet la définition : La « faiblesse de l'humanité dans sa destinée » fait référence à la fragilité inhérente à la condition humaine, qui est souvent perçue comme un obstacle à la réalisation de son potentiel ou de son objectif ultime. Cette faiblesse se manifeste à travers divers aspects de l'existence humaine, tels que l'impermanence de la vie, les limitations physiques et intellectuelles, les faiblesses morales et spirituelles, et la capacité à l'erreur et à la souffrance.
Il faut ajouter les « souffrances par les guerres » et, malheureusement, par les « ambitions des hommes ».
Medjdoub Hamed
Chercheur