Symboles, lapsus et chute des prétendants au pouvoir

par La voix de Kali
samedi 5 juillet 2025

Et si les trajectoires politiques n'étaient pas uniquement dictées par des stratégies, des sondages ou des erreurs humaines, mais aussi par des signes plus subtils ? Cet article propose une lecture inhabituelle – mais pas irrationnelle - de certaines chutes politiques récentes, à la lumière des symboles, des coïncidences et des décalages entre apparence et réalité. Une invitation à lire le réel autrement, même pour les esprits pragmatiques.

Une grille de lecture singulière, mais pas absurde

Ce qui suit ne relève ni de la prédiction, ni de la pensée magique. Il s'agit d'une lecture symbolique des événements politiques, mais qui peut aussi se comprendre comme une réflexion sur la cohérence entre le rôle social et la vérité intérieure.

Quand un individu cherche à incarner une fonction aussi forte que celle du pouvoir, il entre dans une zone d'exigence invisible. Et cette exigence, parfois, se manifeste à travers des signes. Non pas des signes surnaturels, mais des détails, des lapsus, des incidents - autrement dit : des dissonances.

L'archétype du pouvoir : un costume trop grand ?

Dans toutes les cultures, accéder au pouvoir n'est pas un simple changement de statut. C'est endosser un archétype collectif : le Roi, la Reine, le Sage, le Guerrier, le Juste. Mais si ce rôle n'est pas habité de manière authentique, il produit un malaise, une tension - parfois visible dans les moindres détails du réel. Et le collectif le perçoit d'une façon qui défie la raison. 

Dominique Strauss-Kahn (2011) - L'homme qui s'est perdu dans la chambre d'hôtel

Avant la présidentielle de 2012, DSK est perçu comme l'incontournable favori. Mais tout bascule. Une image d'abord : lui, sortant d'une Porsche Panamera - véhicule clinquant, au nom étonnamment proche de "porcherie". Puis l'affaire du Sofitel : un lieu de passage, intime, chargé symboliquement. Pas un procès, mais une chute dans l'inconscient, comme si l'univers soulignait une démesure non alignée.


François Fillon (2017) - Le rigoriste trahi par son costume

Se présentant comme l'homme du devoir et de l'intégrité, Fillon tombe pour des affaires liées à l'argent public et à ses proches. Le symbole qui frappe ? Un costume à 13 000 euros offert. Dans toute tradition, le vêtement représente le rôle social. Ici, le masque craque. L'homme du devoir est pris en flagrant délit de duplicité. Ce n'est pas qu'une faute : c'est une incohérence visible.

Éric Zemmour (2022) - La parole sans ancrage

Zemmour a la posture du prophète, du polémiste visionnaire. Mais sa campagne échoue à s'incarner : pas de terrain, pas de peuple rassemblé. Beaucoup de symboles... peu de matière. La vibration ne suit pas. Et l'univers ne le détruit pas : il l'éteint doucement, par une forme d'indifférence. Pas de coup fatal, juste un vide autour.

Valérie Pécresse (2022) - La voix qui se brise 

Son grand meeting devait la relancer. Mais sa voix au sens propre lâche. Dans les traditions anciennes, la voix est le souffle de l'autorité - le Verbe qui manifeste. Une voix qui casse, c'est un signal. Une fonction qui ne passe pas. Autour d'elle, les soutiens se dispersent, la ynamique s'effondre. Elle reste seule. Comme une Reine sans royaume. 

Ségolène Royal (2007-2022) - La veste blanche virginale et l'impossible retour

En 2007, Ségolène Royal surgit comme une figure singulière : femme, déterminée, investie d’une énergie presque mystique. Mais dès le débat de l’entre-deux-tours face à Nicolas Sarkozy, un signal visuel trouble la scène : elle porte une veste blanche, presque virginale. Un symbole de pureté, de candeur, qui dérange dans l’arène politique, surtout face à un adversaire au style frontal, dominateur, tendu comme un prédateur.

La symbolique est forte : la Reine blanche face au mâle alpha. Elle s’emporte, sa voix monte, son autorité glisse. La candeur n’est pas audible dans un duel de pouvoir. Elle apparaît désarmée, presque naïve, alors que la fonction réclame de la verticalité, du tranchant, du feu contrôlé. 

Les retours politiques qu’elle tente ensuite seront multiples, mais l’énergie initiale est passée. L’archétype l’a quittée, ou ne veut plus d’elle. Le pouvoir se détourne. Elle reste une figure familière… mais désaccordée. Présente, mais sans autorité.

Emmanuel Macron (2022) - Le pouvoir reconduit dans le vide

Réélu sans campagne réelle, sans débat, sans enthousiasme. Un pouvoir sans symbole, sans
incarnation, sans feu. Macron reste, mais comme une ombre de lui-même. Il n'émet plus rien. Une fonction spectrale. Or l'indifférence est la mort symbolique du pouvoir.

Lucie Castets - Le feu éteint

Une scène forte trahit un désalignement profond entre Lucie Castets et la fonction qu’elle tente d’incarner. 

En 2024, à la sortie de la réunion du Nouveau Front Populaire avec Emmanuel Macron visant à la faire nommer première ministre , elle déclare avec candeur :

« Cela s’est bien passé. » Alors même que le président s’apprête à écarter sa nomination à Matignon. Ce sourire, ce calme, trahissent une erreur de lecture du réel. Elle confond courtoisie présidentielle et validation politique. Elle ne sent pas qu’elle vient d’être disqualifiée. C’est précisément ce que Macron perçoit : une femme droite, mais sans tension symbolique. 

Sincère - trop - mais sans feu. Sans verticalité. Et le pouvoir, lui, sent immédiatement quand la vibration ne suit pas le rôle. 

Lire les signaux faibles du réel

Ceux qui ont l'habitude de lire les signaux faibles - en stratégie, en intelligence économique, en psychologie politique - savent que les détails sont des révélateurs puissants.
Quand le rôle social ne colle pas à l'être intérieur, des failles s'ouvrent. Et le "réel", la société... peu importe le mot, réagit. Ce n'est pas magique. C'est systémique, vibratoire.
Le pouvoir ne se prend pas. Il s'incarne. Le pouvoir n'est pas un objet de conquête. Il est une fonction à incarner. Et pour cela, il faut que l'image sociale, l'énergie personnelle et le rôle symbolique soient en phase. 
Quand ce n'est pas le cas, quelque chose lâche. Un mot, une voix, un costume, un détail. Et cela suffit souvent à inverser le destin.

Aux suivants ! Et la file est longue...


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