Crédit, quand tu nous tiens...

par aixetterra...
vendredi 23 mars 2007

Quel ne fut pas mon émoi, en ce jeudi 23 mars au matin, en entendant le discours de l’invité de France Bleu Provence, l’expert financier Christophe Millois, de la Caisse d’épargne, s’exprimer au cours de l’émission « Ma banque et moi », chronique traitant des rapports entre les utilisateurs que nous sommes et leur(s) banquier(s).

Thème de l’émission : « Le crédit immobilier »...

A ce propos, M. Millois nous explique qu’aux Etats-Unis d’Amérique, référence suprême de ce qui se fait de mieux dans le domaine du libéralisme forcené, la durée des prêts immobiliers dépasserait largement l’espérance de vie de l’emprunteur, en débordant superbement sur plusieurs générations, pour le plus grand bonheur de l’Américain moyen et de sa descendance, déjà engluée dans le système et donc, contraint à la réussite, avant même que de naître. Alléluia !

Autre pays décrit comme sanctuaire de la consommation effrénée, l’Angleterre. Là, nous apprenons de la bouche de notre avisé financier que l’Anglais moyen serait endetté à plus de 100% - excusez du peu - alors qu’en France ce chiffre ne serait - horreur - que de 40% !

Rouge de honte d’appartenir à un pays rempli de vilains petits canards, d’immondes derniers de la classe, j’écoute avec attention les conseils du saint homme afin de trouver les meilleures solutions de capitalisation à mes 998 € mensuels.

De sa tribune, notre orateur enchérit et montre du doigt. Il évoque l’obligation d’un « changement radical des mentalités » de ces satanés Français - qui décidément, ne comprennent rien à rien - afin de rattraper leur... retard ! Faute de quoi, nous serons tous passer au kärcher haut et court.


Voilà le mot lâché, RETARD. Vous avez bien entendu, nous sommes en retard !

Le Français moyen et son endettement à 40% n’est pas digne d’intérêt aux yeux du capital. Aussi, entrez-vous bien dans le crâne que les prix de l’immobilier continueront de grimper tout autant qu’il demeurera un Français pour accéder à la propriété sans s’endetter sur un ou deux siècles. Voilà, en substance, ce que nous a servi le questeur Millois par une sémantique toute fiduciaire.

Selon toute vraisemblance, il semblerait que dans l’esprit d’un banquier, la longueur du terme de l’endettement soit inversement proportionnelle à celle de la qualité de vie de son client. Mais diantre, ces gens-là ne sont point philanthropes et encore moins poètes ou philosophes...

C’est pour ces raisons, entre autres choses, que Nicolas Sarkozy est attendu au trône de la République par tous les entrepreneurs et tous les banquiers de France et de Navarre. Il leur faut une ruche besogneuse, une masse envoûtée à l’idée de jouer les « people » de quartier, en rêvant de posséder une cage à lapin, « prête à terminer d’aménager », donnant sur la ruelle, ou un pavillon « à finir de terminer », avec ses 100 m² de terrain inculte, au prix extraordinaire de trente ou quarante années de travail, pour autant que tout se passe bien, sans quoi, le banquier reprend le tout pour le céder aussi sec au blaireau affecté au poste d’où on aura révoqué le premier, frais en sus...

A compter de ce jour béni - si aucune malfaçon ne survient - le nouveau proprio, ou du moins qui le sera dans quelques dizaines d’années, aura la satisfaction de travailler beaucoup plus pour gagner guère plus le reste de sa vie, afin de : rembourser capital et intérêts, financer les finitions et les aménagements, payer les taxes foncières et enfin, mettre un peu d’argent de coté pour le jour où tout sera à recommencer.

Ainsi va la vie au pays de Jr. Etant donné que tous les pilotes aux commandes du train de l’économie s’entendent comme larrons en foire, il y a fort à parier qu’à l’avenir, l’écart entre les revenus du travail et ceux du capital se creusent encore un peu plus...

Ne cherchez plus longtemps comment ficeler un peuple. Donnez-lui l’impression qu’il pourra devenir aussi riche que celui qui l’asservit et l’illusion du bonheur de posséder une miette du gâteau pour lequel il s’est engagé à vie et bientôt, peut-être, celle de son engeance.

Il en est de même pour les bonheurs et pour les malheurs, ils arrivent rarement seuls. Aussi, le coup est triplement bien calculé par le marionnettiste qui se voit offert sur un même plateau, d’être déchargé d’autant de réalisations coûteuses dans l’habitat social qu’il bénéficie de projets immobiliers juteux, exécutés par une main-d’œuvre assujettie pour des lustres.

Le bon Jules n’avait-il pas déjà tout compris en distribuant du pain et des jeux ?

Alea jacta est !
Aixetterra


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