Le Var a soif, son fleuve et ses rivières sont à secs... mais le gaspillage d’eau continue !

par Gilbert Spagnolo dit P@py
mardi 23 octobre 2007

Le Var à soif, son fleuve et ses rivières sont à secs, mais on continue à gaspiller l’eau !

Il y a pénurie d’eau, fleuves et rivières sont à secs, mais par endroits l’eau est honteusement gaspillée !

Depuis quelques années le Var et les départements du Sud-Est de la France sont en déficit pluviométrique.

Déjà en avril 2004, la Direction départementale de l’agriculture et de la forêt (DDAF) évoquait un "risque écologique fort".
"Cette sécheresse serait la plus forte depuis celle de 1989, selon Météo France.

Hélas depuis la situation s’est aggravée et, en avril 2007, la préfecture du Var lançait son « Plan sécheresse  ».

Début octobre, j’apprends par la presse locale (Var-Matin) que l’Argens (fleuve côtier de 116 km) est à sec par endroits, en consultant le web je découvre un reportage d’Europe 1 qui a pour titre : « Le Var souffre d’une sécheresse inquiétante », dans lequel le maire de Chateauvert déclare : « que c’est du jamais vu  ! »

Alors voyons ensemble où en est la situation !

Pour commencer, je me rends à l’embouchure de l’Argens, à l’endroit ou le fleuve se jette dans la grande bleue à l’ouest de Fréjus, en regardant ces photos on s’aperçoit qu’il serait plus judicieux d’employer le passé, en effet depuis le début de la saison estivale son estuaire du fait de son faible débit... à toujours été bouché par un ban de sable :1 - 2 - 3 .

Deux campings sont installés en amont de son embouchure, certains campeurs étaient venus avec leur embarcation loués un ponton, amarrés leurs bateaux en pensant avoir ainsi un accès direct à la mer... Pas de chance pour eux, pendant tout leur séjour ils ont été dans l’impossibilité de rejoindre la mer et de pouvoir naviguer sur la Méditerranée.

Maintenant il ne me reste plus qu’à remonter plus en aval afin de voir dans quel état se trouve l’Argens.

A une quinzaine de kilomètres, je rencontre un petit plan d’eau qui sert également de stade nautique, ce petit lac est situé sous le rocher de Roquebrune : 1 - 2 , et là, il est encore possible de trouver des images bucoliques, pour preuve cette petite vidéo qui montre un couple de canard et ses canetons qui « jouent » dans les vagues qu’a formé le sillage d’un bateau qui tractait un skieur nautique. ¤¤¤

Comme je savais que le manque d’eau était situé plus en amont, le vendredi 5 octobre je décide d’aller sur place dans l’arrière-pays constater cette sécheresse et voir la source du fleuve qui est située au village de Seillons, source de l’Argens.

Mon périple !

Mon premier arrêt a été pour Chateauvert ; là, un pont de pierre enjambe le fleuve ; sous ce pont, je constate avec joie que l’Argens qui est à une bonne centaine de kilomètres de son embouchure est toujours en eau, son eau est limpide, mais le débit est assez faible (petite vidéo).

Je mets le cap plus en amont et je finis de me retrouver sur le pont qui est sur la D 34 entre Bras et Barjols :1 - 2., à cet endroit l’Argens se trouve approximativement à moins de 10 kilomètres de sa source :

Voici les deux vidéos qui montrent l’état de sécheresse qu’a l’Argens de part et d’autre sous ce pont : 1 - 2 (dans les commentaires, j’ai fait une erreur, ce n’est pas la D.35 entre Bras et Saint-Estève, mais la D.34 qui va de Bras à Barjols).

4 photos prises de chaque côté de l’ouvrage : 1- 2 - 3 - 4 -

et cinq autres prises à une centaine de mètres plus en aval : 5 - 6 - 7 - 8 - 9

Lorsqu’il n’est pas en période de sécheresse le cours de l’Argens est agrémenté de vasques et autres toboggans, ces derniers aux dires des anciens que j’ai rencontré dans le coin servaient de piscines aux jeunes (et aux plus anciens) qui demeuraient aux alentours.

Hélas avec les sécheresses persistances de ces dernières années, ces scènes idylliques appartiennent désormais au passé, en effet maintenant le spectacle que l’on peut voir et malheureusement celui-ci : 1-2- , pour vous rendre compte de l’échelle mon épouse est dans le lit du fleuve qui est à sec : 1 -2 .

Sur le parking qui jouxte le pont, j’ai rencontré deux pêcheurs du coin, tous deux m’ont déclarés que la Fédération et leur société de pêche avaient fait le nécessaire pour sauver les poissons, et que ces derniers ont été transportés dans d’autres rivières ou lacs qui sont toujours en eau.

Comme les minutes et les heures s’écoulaient, pour aller à la source de l’Argens pourtant située à moins de 10 kilomètres par la route, je décidais de revenir un autre jour, et c’est le jeudi suivant que je suis arrivé au village de Seillons, source de l’Argens (en fin d’après-midi, car depuis le matin je préparais également un autre article reportage sur le lac de Besse sur Issole et sur celui de Carcés).

Pour trouver la source de l’Argens !

En venant de Saint-Maximin, par la RN 560, ne prenez pas à gauche l’embranchement qui conduit à Seillons, mais continuez tout droit sur la RN 560 en direction de Barjols. Vous faites 2 km environ, et vous allez trouver à votre droite une ferme abandonnée (le bâtiment est en bordure de route), quelques mètres plus loin à gauche vous allez apercevoir une petite route goudronnée et remarquer ce panneau blanc tagué et la petite maison dans les bois, la source est à 500 mètres environ de l’embranchement, et après ce pont la source est à gauche à 200 mètres environ à pied.

Voilà la source de l’Argens (vidéo), son cours à 200 mètres environ plus en aval, pour montrer son débit, cette vidéo que j’ai prise sur le pont que j’évoque quelques lignes plus hautes.

Le lit de l’Argens... est un lit « passoire » !

L’Argens prend sa source sur un sol siliceux et calcaire, ce terrain est très perméable à l’eau, ainsi dès son départ le fleuve a de nombreuses résurgences, tantôt comme ici l’eau apparaît, pour disparaître sous terre quelques mètres plus loin... il en sera ainsi pendant plusieurs kilomètres !

Les ronds-points et autres golfs, ou quand les hommes gaspillent l’eau à qui mieux mieux !

Dans le Var bien que l’état de sécheresse soit déclaré et l’utilisation de l’eau réglementée son utilisation indécente continue.

Bien que la région connaisse depuis quelques années des problèmes d’eau, nos pouvoirs publics hélas continuent à marcher sur la tête.

Ainsi dans de trop nombreuses communes les ronds-points sont végétalisés avec du gazon, et arrosés à qui mieux mieux : 1 - 2 - 3, mais heureusement que dans d’autres, des décideurs sont bien plus sages et bien plus raisonnables par exemple ce rond-point qui se trouve à proximité du lac de Carcés (Var) ou celui-ci sur l’ancienne RN n° 7 du côté de Brignoles (également dans le Var), en voyant ces deux exemples, il est facile d’imaginer que ceux-ci sont certainement bien moins gourmands en eau !

Toujours du gaspillage de l’eau, et notamment celui des terrains de golf !

Dans notre Sud qui manque d’eau, un autre modèle de gaspillage et d’utilisation aberrante... c’est la création de nouveaux golfs qui, nous le savons bien, sont de très gros consommateurs d’eau.

Sur la commune de Roquebrune-sur-Argens (à une quinzaine de bornes au sud-ouest de Fréjus), début 2006, la construction d’un nouveau golf est annoncée, voyez sur cette photo prise en avril 2006 le panneau qui signale sa construction, sur celle-ci prise à la même époque elle montre que les travaux de terrassement sont en cours, au final en octobre 2007, en pleine période de sécheresse,... un golf verdoyant abondamment arrosé lui aussi fonctionne : 1 - 2

Un golf... c’est la consommation d’une ville de 7 000 habitants !

L’Association des Green-keepers français (Agref) a calculé, en 2005, les besoins en arrosage d’un terrain classique. Ce dernier absorbe 3 176 m3 d’eau par hectare et par an. Le Sénat, auteur d’un rapport en 2002-2003, est plus sévère. Selon son étude, la consommation d’eau atteint 6 800 m3. Sachant que la taille moyenne d’un terrain est de 40 hectares, cette consommation correspond à la satisfaction des besoins d’une collectivité de plus de 7 000 habitants... pour une année entière.

(source)

Ce qui m’inquiète le plus dans la création de tous ces golfs, ce sont leurs pouvoirs polluants, car pour obtenir une belle herbe verte, les golfs utilisent moult quantités d’engrais, de pesticides et autres fongicides (exemple de planning pour l’entretien d’un golf !)

Hélas une grande partie de tous ces produits chimiques se retrouvent dans l’eau des nappes phréatiques.

Alors entre l’écologie, l’avenir des générations futures (notamment les risques de cancers liés aux pesticides particulièrement avec les herbicides et les fongicides, et les problèmes d’emplois, il va falloir choisir !

(nota : pour avoir de l’herbe bien verte et lutter contre les maladies cryptogamiques 1- 2 , les terrains de golf sont de gros consommateurs d’herbicides et de fongicides), je ne suis pas sûr que les propriétaires qui achètent ces belles villas situées près d’un terrain de golf connaissent les risques de la pollution de l’air et les dangers pour leur santé que peut engendrer l’usage des pesticides qui sont utilisés pour l’entretien de leur beau tapis vert !

La réutilisation des eaux usées (REU)

La consommation moyenne journalière d’eau par personne en France est d’environ 140 litres : 1 - 2 - 3, et comme l’indique l’enquête citée plus haut la récupération des REU d’une ville de 7 000 habitants serait suffisante pour assurer l’arrosage annuel d’un terrain de golf.

Une enquête menée en 2005 par l’AGREF, sur un échantillon de 105 golfs (sur un total de 550 golfs français ) :

- 43 utilisent des forages (41 %) ;

- 27 utilisent de l’eau provenant des canaux (26 %) ;

- 10 utilisent de l’eau provenant des cours d’eau (9 %) ;

- 5 utilisent des retenues collinaires (5 %) ;

- 12 utilisent de l’eau potable (11 %) ;

- 8 utilisent de l’eau recyclée (8 %). Alors que l’approvisionnement en eau potable reste encore trop souvent la seule source envisageable pour les golfs urbains ou très anciens, l’eau recyclée semble plus judicieuse au regard des expériences étrangères et des tendances observées dans la construction des nouveaux terrains (source).

Pour terminer quelques lignes plus positives !

Au cours de mon périple en « Provence Verte  », j’ai vu des splendides paysages, en venant de Brignoles par la RN 554 quelques vues avant d’arriver à Chateauvert :

- La maison du tourisme du village de Chateauvert, le château, et :1 - 2 - 3 - 4.

- Couleurs d’automne entre Chateauvert et Barjols, l’entrée du village de Barjols.

J’ai été également surpris par l’abondance des restanques et autres vieux murs en pierres : 1 - 2 - 3 - 4 - 5 6 - 7 - 8 ... Il n’y a pas de doute à cette époque les campagnes étaient peuplées.

Pour admirer ce travail qu’effectuaient nos anciens, en venant de Brignoles prendre à gauche avant Chateauvert la petite route où est placé le panneau qui annonce que ce village est classé « Natura 2000  ».

Aux dires de quelques-uns, un certain nombre de ces restanques auraient été construites par les soldats de Napoléon dans le but d’occuper les troupes entre deux campagnes ou entre deux batailles, un entraînement physique en quelque sorte ! (Pour ceux qui ont fait leur service militaire, cela peut leur rappeller peut-être de pittoresques souvenirs !)

Quelques liens sur les pesticides :

1 2 3 - 4, enfin dans Google tapez : cancers et pesticide, cancers et fongicides : pesticides pollution par les vents.

Pour terminer en beauté !

Un effet d’eau sur un arrosage d’un champ de luzerne, photo prise le 05/10/07 vers 17 h 30 sur la RN 560 entre Seillons, source d’Argens, et Saint-Maximin (Var) photo - vidéo.

Gilbert Spagnolo dit P@py



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