La saison froide a repris ses droits en Arctique et on peut dresser le bilan de l’été 2008. Actuellement à son minimum, la banquise
est un peu plus étendue qu’à la même époque l’an dernier, lors de sa
régression historique. La tendance générale reste à la baisse.
Le NSIDC (US National Snow and Ice Data Center)
vient de publier un état des lieux de la banquise arctique, indiquant
qu’elle avait atteint 4,52 millions de kilomètres carrés ce 12
septembre. Pourquoi cette date ? Parce que l’été se termine et que la
banquise a de nouveau commencé à s’étendre vers ses quartiers
hivernaux. La valeur annoncée est donc proche du minimum annuel. Depuis
une dizaine années, la question est de savoir si le record sera battu
car en effet la banquise (eau gelée à la surface de la mer) a tendance
à se rétrécir davantage à chaque minimum estival.
En septembre 2007, la banquise arctique ne mesurait
plus que 4,13 millions de kilomètres carrés. Le chiffre avait
impressionné car il pulvérisait le précédent record de 5,32 millions de
kilomètres carrés qui ne datait que de 2005. La comparaison avec des
données plus lointaines donnent la mesure du phénomène. Durant la
période 1979-2000, la moyenne était de 6,76 millions de kilomètres
carrés. Mais sur la banquise, aucune année ne ressemble à une autre car
sa formation et sa fonte dépendent considérablement de multiples
facteurs, notamment le régime des vents et celui des courants. La modélisation de la fonte de la banquise est encore loin d’une science exacte.
Estimations
de la surface de la banquise arctique de juin à octobre, en millions de
kilomètres carrés. En tirets verts, l’année 2007. En pointillés bleus,
l’année 2005. En bleu, les données de 2008. En gris, la moyenne des
années 1979-2000. ©
National Snow and Ice Data Center
Une banquise plus fine
Cette année, observe Walt Meier, un chercheur NSIDC cité par le magazine Nature, le nombre de jours très chauds a été plus faible et la direction a varié plus souvent qu’en 2007 (ce qui a évité à la glace
d’être poussée dans un sens privilégié). De ce fait, conclut le
climatologue, 2008 serait une année plus représentative que 2007.
La tendance à la baisse ne fait pas de doute mais
sa mesure, elle, reste délicate. L’un des paramètres est l’épaisseur de
la glace mais elle n’est pas facile non plus à estimer. En 1999, Andrew
Rothrock (université de Washington), se basant sur d’anciennes
observations réalisées à bord de sous-marins de l’US Navy, concluait
que la banquise avait perdu 1,3 mètre depuis les décennies 1960 et
1970, soit 40 % en quantité. Cette année, Ron Lindsay et ses collègues
du Polar Science Center (à la même université de Washington)
ont soumis une publication qui indiquerait une réduction d’épaisseur
moyenne de la banquise sur l’ensemble de l’Arctique de 3,6 mètres en
1987 à 2,60 mètres actuellement.
Avec ces incertitudes, il est impossible de dire
que le minimum estival régresse de X% par an. Aujourd’hui, les
scientifiques admettent tous qu’il est possible que la banquise
disparaisse complètement en été au cours de ce siècle. Mais les pronostics s’étalent de 2012 à 2050...