Votre demande et intéressante. Malheureusement, elle se heurte à deux murs :
* Les règlements européens qui, systématiquement interdisent toute action d’un gouvernement ou d’un Etat visant à privilégier son industrie nationale.
* Le coût exorbitant de la main d’oeuvre française, or vous défendez, comme vous le dites très bien, une activité de forte main-d’œuvre.
Ces deux points sont des points éminemment politiques.
Le traité de Lisbonne est une aberration. Le combattre est une priorité si nous voulons pouvoir réinstaurer une économie de plein emploi en France. Souvenez vous de cette image incroyable d’un Président de la République convoqué par une commissaire européenne (une fonctionnaire !!!) pour se faire remonter les bretelles parce qu’il avait osé demander à un PDG de société française (dans laquelle l’Etat est actionnaire) de produire ses voitures en France (membre de l’ UE) plutôt qu’en Turquie (non-membre de l’UE) !!! J’évoque souvent sur mon site (
http://maviemonargent.info) les péripéties européennes, en particulier dans le domaine fiscal, puisque, aujourd’hui encore, la France fait l’objet de condamnations régulières, se croyant encore libre d’établir elle même sa fiscalité.
Ne croyez pas que sortir du traité de Lisbonne soit une impossibilité, que nous serions tenus par notre parole (discours de l’UMP-PS) ! C’est faux. Deux raisons de droit nous permettent en toute légalité de remettre en cause ce traité : 1) Celui qui a été approuvé par les électeurs irlandais lors de leur deuxième vote est différent de celui qui a été approuvé par le parlement français en séance extraordinaire. Dès lors, il est parfaitement légitime de faire approuver ce nouveau texte au peuple français. 2) Le mécanisme du Fonds de secours financier qui intervient aujourd’hui pour sauver la Grèce, l’Espagne, le Portugal (bientôt) et l’Irlande est interdit par le traité de Lisbonne.... Oui oui, interdit ! Dès lors, il convient de modifier le dit traité et de soumettre au peuple français son approbation... Vous voyez, quand on veut, on peut. Récupérer son indépendance économique est capital si nous ne voulons pas finir comme vous le racontez concernant Prato. L’actuelle commission européenne se prend pour l’OMC et fait le jeu de l’étranger contre les intérêts européens.
2) Le coût de la main d’oeuvre. Là encore, le choeur UMP-PS vous récite la leçon CGT-PCF des années 50. Sans les cotisations sociales, pas de protection sociale ! Il faut faire payer les entreprises ! Bougres d’ânes ! Le « coût de la Main d’oeuvre », cela n’a rien à voir avec le « net à payer » dans les fouilles de l’employé ! Le coût de la main d’oeuvre, c’est « à combien va revenir une heure travaillée dans mon entreprise ». C’est ce coût là que je vais répercuter son mon prix de vente (en plus des achats, des amortissements, des frais financiers, des locaux, des coûts des improductifs, des frais de commercialisation, des impôts et taxes et de la part de marge nette (qui n’est pas toujours du bénéfice)...). Or, dans ce coût de main d’oeuvre, je vais payer la protection sociale de la France. Ce sont les entreprises françaises qui produisent en France qui paient l’intégralité de la protection sociale française (en théorie, puisque ce système stupide montre ses limites et que l’on est obligé de plus en plus de faire appel à l’impôt...). Et voilà donc les entreprises françaises en concurrence avec des entreprises dont les coûts de main d’oeuvre sont moindre et qui viennent vendre en France des produits qui ne participeront pas au financement de la protection sociale d’autant plus mise à mal que leurs produits créeront du chômage.... Là encore, faisons simple. Supprimons intégralement les cotisations sociales (de grâce, épargnez moi la différenciation entre « patronales » et « salariales », c’est de toute manière c’est la part de plus value attribuée à autre chose qu’à de l’activité économique). Imposons une augmentation de salaires de 20%. Augmentons la TVA de 5%. Instantanément, des filières comme celle que vous défendez redeviennent compétitives et génératrices d’emplois. Peut être pas sur les plus bas de gamme des produits, mais sur tous ceux de moyenne gamme. En effet, la baisse du coût de main d’oeuvre permettra de rendre compétitive une production qui, de meilleure qualité, aura moins de chutes et de défauts, coûtera moins cher en frais de transports et affrontera une concurrence qui, alourdie de l’augmentation de TVA, connaîtra un surcoût. L’image du « made in France » permettant, associé aux coûts de production allégés, de repartir à la conquête du monde. La protection sociale ? Payée par la TVA. En effet, la TVA est payée à chaque dépense, quelle que soit l’origine des fonds. Que vous ayez gagné cet argent en travaillant, en jouant, en dealant, en vous prostituant, en travaillant au noir, vous payez pour la protection sociale. Cela s’appelle « élargir l’assiette ». C’est à la fois plus juste (pourquoi seuls les gens « honnêtes » et s’inscrivant dans le système doivent ils payer pour la protection sociale dont tout le monde profite, y compris les malhonnêtes et les hors systèmes ?) et plus rentables (pourquoi seuls les produits fabriqués en France doivent ils subir le coût de la protection sociale alors que notre système économique est basé sur la consommation ?).
Long commentaire, mais qui explique pourquoi vous n’aurez jamais de réponse de la part de ceux qui nous gouvernent ni de leurs challengers. Il faudrait remettre en cause toute une organisation politique (transfert de souveraineté à l’actuelle commission européenne qu’ils ont tous soutenu) et une organisation sociale (transfert du coût de la protection sociale au régime fiscal, c’est à dire fin de la gestion paritaire, fin des gros salaires à rien faire versés aux soit disant représentants « des partenaires sociaux » (les syndicalistes professionnels) ) . Or, comment achète-t-on la « paix sociale » ?