Si l’on enseignait la physique et la chimie, des sciences dures, sans jamais offrir aux élèves la possibilité de faire des travaux pratiques, on pourrait leur faire croire la même chose ou le contraire sans preuves.
Il n’est pas logique que les sciences molles soient enseignées sans TP
Une classe de 30 élèves c’est une cohorte très suffisante pour réaliser des TP sur les sciences molles.
On ne le fait pas.
On est donc dans une religion.
La religion, enseignée dans un couvent, c’est tout sauf des TP. C’est le contraire des TP. Une religion pratique c’est une religion qui marche à tous les coups, dans toutes les circonstances de la vie naturelle où il faut se cogner la neige, les sauterelles et la sécheresse ainsi que les razzias. Il ne peut pas y avoir de religion qui marche sur le terrain de la nature, elles ne marchent que par abstraction.
La morale est très similaire à une religion. Son Dieu c’est Modus vivendi.
Si l’on refuse de procéder à des TP de morale à l’école c’est parce qu’on sait qu’elle ne marche pas parce que c’est une idéologie une religion (de même que la laïcité, la fraternité, l’égalité, la liberté..).
Des TP de comportement ça consisterait à procéder à des expériences (genre Milgram, Hawthorne, Rosenthal & Jacobson, Matthieu, Bernstein...) où il n’y aurait aucune règle de morale d’énoncée mais où l’on ferait une analyse de tout ce qui se passe au cas par cas.
Mis devant le fait qu’un élève régresse depuis quelques mois et où l’on fait remarquer qu’à l’époque où il était bon, il était stigmatisé comme fayot, qu’il aura donc régressé pour se faire mieux accepter, chacun en tirera tout seul la morale qu’il veut.
Il n’y a pas à indiquer ce qu’il faut faire ou ne pas faire. Il n’y a pas à indiquer qui mérite le paradis, qui mérite l’enfer. Qui a été gentil, qui a été méchant.
Il faut seulement sensibiliser chacun sur le fait que tout le monde a une sensibilité, que tout le monde a des peurs de subir des humiliations et que chacun développe une stratégie pour s’en sortir, par exemple en renvoyant les risques sur la tête de quelqu’un en position de faiblesse.
Dès que chacun a conscience que l’autre est plus fragile qu’il ne l’affiche pour se protéger de blindage, chacun réduit automatiquement ses violences, sans qu’il soit besoin de quelque règle de comportement que ce soit.
Il serait beaucoup plus productif d’intérêt de montrer aux jeunes que les transactions relationnelles se font par deux (cas du couple) mais aussi très souvent par principe triangulaire où, en une fraction de seconde, il y en a deux qui conviennent de la jouer « Toi + moi formons donc la paire sauveur+sauvé et dénonçons le troisième qu’on accusera d’être persécuteur »
Il serait bien plus intéressant de montrer aux enfants comment se forment les meutes, comment se lancent les opérations de type cercueil volant katangais. On verrait alors que nos plus grands dangers ne viennent jamais d’un individu seul mais toujours d’un groupe.
Or enseigner une morale, une éthique, pour tous identique, c’est justement inculquer le principe de coagulations autour de mêmes valeurs pour fondre sur un original ou trublion qui n’aura pas respecté la morale.
Chaque fois qu’une meute attaque un individu, elle a un slogan.
Il tient en peu de mots et c’est ce simplisme qui permet la coagulation rapide, sans discussion.
On crie « DSK violeur » et en 3 seconde il y a mille personnes qui fondent sur lui pour le mettre en pièce.
Nous devrions trouver une manière pour éviter de se comporter comme lui et aussi comme ses lyncheurs.
Or une morale ne peut pas réussir ces deux volets à la fois.
Une morale se trouvant obligée de dire « Cépabien de forcer Dialo » « Cépabien de manger du cochon » elle pousse automatiquement au lynchage de quiconque transgresse.
La morale ne peut pas être la solution pour réduire les lynchages en tous genre.
Mais avant toute chose, il y aurait à sonder les gens avec la question suivante :
Quelle qu’en soit la raison, êtes-vous catégoriquement opposé au lynchage sous toutes ses formes. Tenez-vous toujours à ce qu’un individu poursuivi puisse constamment s’expliquer tranquillement ?
Si l’on découvre que plus de 50% sont favorable aux lynchage, autant laisser les choses en l’état.
Ce n’est que s’il est très officiellement établi que 80% des gens refusent le lynchage sous toutes ses formes, que ça vaut le coup de se lancer dans la recherche de solutions pacifiantes. Ce n’est que si l’on obtient ce chiffre qu’on peut, devant chaque départ de violence, appeler au pacifisme avec des arguments solides en poche.
Tant que cette question très simple et à laquelle il n’est pas compliqué de répondre n’est pas posée, il n’y a aucune raison sinon hypocrite de postuler que les gens ne veulent pas de la violence la plus sauvage.