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Commentaire de easy

sur Course au moins disant salarial


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easy easy 9 novembre 2012 11:43

J’ai deux sortes de besoins :

Des besoins matériels : de l’eau, des carottes, des fraises, des grives. Pour y accéder, il m’en coûte. Je ne dois pas dépenser plus d’énergie pour manger un lapin qu’il ne m’en apporte. Ët pour utiliser ces solutions je dois les tuer.

Des besoins immatériels : de la communication avec les ruisseaux, les carottes, les lapins, les montagnes, les chiens, les chats, les êtres humains. Pour y accéder il y a aussi un coût mais je ne dois pas tuer, au contraire. Ce souci de ne pas tuer ce avec quoi j’ai besoin de communiquer me pousse même à me tuer pour elles.


La somme de ces deux soucis me conduit à être mixte : tueur-tué ou sacrifiant-sacrifié. Je suis essentiellement ambivalent.


En raison de cette ambivalence, surgit un phénomène qui n’existe que chez l’Homme : l’intercession, l’intermédiation, le commerce : un type me dit « Te casse pas la tête à planter des carottes, je me charge de te les fournir si tu me fournis des grenouilles »
 

L’autre ressort alors comme solution mixte : il m’offre carottes et communication. Il résout à la fois mes besoins matériels et mes besoins immatériels. L’autre me devient solution universelle. L’autre me devient important.

Mais l’autre, qui est donc important et universel, je peux toujours y accéder par un autre encore. Chacun peut être l’intermédiaire entre moi et mes besoins. Je découvre le jeu de la méta intermédiation où, en jouant bien, je peux résoudre tous mes besoins en ne faisant qu’intermédier, en ne pratiquant que la médiation. Je découvre qu’il est possible, en ne développant que mon art médiatique, à résoudre tous mes besoins matériels. Donc à me faire livrer des carottes déjà épluchées, des coqs déjà en croûte. Me voilà à manger des choses tuées que je n’ai pas tuées. Me voilà avec une conscience légère.

Ce jeu médiatique qui soulage la conscience se développe et il vient à chacun l’idée qu’il est possible de sacrifier même des Hommes dans ce jeu : « Je te livre des Hommes que j’ai capturés et tu me livres des carottes cuites. Tu n’as pas conscience d’avoir sacrifié des Hommes puisque c’est moi qui te les ai livrés et moi, je n’ai pas conscience de les avoir sacrifiés puisque c’est toi qui va les exploiter. Idem pour les carottes cuites que tu me livres. Tout ça s’inscrivant dans le médiatique jeu du commerce où la source est lointaine, cachée »

On se retrouve avec un jeu planétaire où chacun a une position d’intermédiaire physique et moral entre les uns et les autres. Dans ce jeu, comme dans tout jeu, il y a les doués qui parviennent à jouir de méta communications avec les autres et de méta expoitations des carottes, des oies, des pigeons et des Hommes. Mais doués et maladroits, tout le monde participe à ce jeu qui offre le meilleur exutoire pour obtenir ce qu’on veut sans se sentir responsable de sacrifier quoi ou qui que ce soit.


Croire qu’il est possible que chacun de nous veuille vraiment que les autres ne soient pas exploités c’est du déni.
Que chacun lutte pour exploiter le plus possible les autres sans être lui-même trop exploité, c’est de bonne guerre. Il est logique que chacun proteste pour obtenir un meilleur salaire qui lui permettra de mieux profiter des autres (en obtenant plus de satisfactions tout en ayant moins le sentiment de tuer). Mais personne n’est réellement innocent de ce cannibalisme urbanisé.

La course au moins disant salarial est logique de ce Jeu devenu quasiment universel




Ceux qui tiennent réellement à ne jamais profiter d’autrui ne participent en aucune manière au commerce. Ils tuent eux-mêmes les carottes et les lièvres, ils assument ces meutres et assouvissent leurs besoins de communication de la manière la plus directe sans procéder d’un jeu triangulaire. Ils ne procèdent que d’un jeu relationnel à deux où il n’y a que Moi et Toi, où il n’y a pas de Lui. Je te juge et tu me juges mais nous ne jugeons pas Lui et Lui ne nous juge pas. 


Un Parisien est forcément partie prenante dans le Jeu du cannibalisme blistérisé. De toutes ses relations, il y en a quelques unes qui sont de ce type direct, dyadiste, sans Lui : elles se situent dans le couple et avant l’arrivée des enfants.
Chacun connaît donc une période pendant laquelle il vit avec une autre personne une relation dyadiste au sein de laquelle il n’y a aucun déni « Je m’offre à Toi, tu t’offres à Moi, nous n’avons aucun besoin de Tiers dans notre relation qui est immédiate et où tous nos sens sont immédiatement excités ».
Il en sera différemment lors du divorce où surgira un Tiers nommé Justice qui offrira à chacun de cannibaliser l’autre de manière indirecte, médiate.

La relation amoureuse est intéressante à vivre pour savoir ce qu’est la non exploitation d’autrui (C’est peut-être pour ça que le romantisme a tardé à surgir et n’est advenu qu’à la suite des grandes remises en question autour de 1800).
Mais des Parisiens amoureux de 2012 achètent tout de même leur viande sous blister et s’offrent des colliers en or que quelqu’un, quelque part, s’est échiné à trouver en sacrifiant sa santé et celle d’autrui. 


Nous ne sommes vraiment innocents que dans la relation amoureuse.



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