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Commentaire de easy

sur Petit vocabulaire personnel : Homme


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easy easy 7 décembre 2012 12:23


Notre première problématique est la bouffe.
Et au quotidien.

Pour l’obtenir nous passons par tant de biais que nous finissons par être obsédés par les biais et oublions qu’au fond, c’est la bouffe qui nous angoisse (avec l’abri, tout de même pas loin derrière)

Ces biais pour se procurer de la bouffe posée juste là, à 40 cm de soi sont obligatoirement plus lointain puisque tant que la bouffe n’est pas devant notre bouche, elle est plus loin. Il y a donc une obligation de regarder plus loin, de repousser les horizons de considération.

Cette obligation de préoccupation au-delà des collines (que les brigandages mutuels n’amoindrissent pas) finit par nous obliger à toujours regarder-flipper au lointain.
Même quand on est parvenu à obtenir de la bouffe devant soi. Car déjà on se préoccupe de la bouffe de demain. Ce stress permanent sur le lointain (parfois 40 ans à l’avance, par exemple sur le sujet de sa retraite) est très logique et même normal puisque c’est le lot de tous mais à force, beaucoup d’entre nous accumulent des montagnes de noisettes pour mille hivers et que ça a pour conséquences de rendre les relations ou le commerce entre individus de plus en plus tendu.

Il est donc capital que chaque conjoint, que chaque personne dépendant d’une livraison de bouffe, se dise non seulement rassasiée, mais mieux, se prétende no-bouffe. « Moi, la bouffe, je n’en ai pas besoin » 

C’est exactement ce que fait Alinéa incidemment. 

Elle ramène la problématique de la vie à l’eau fraîche. 
Elle dit, « Toi, là, en face de moi, tu suffis amplement non seulement à la survie mais aussi à mes passions, à mes enfollements ». 
Elle dit « Je n’ai rien à faire de la bouffe que tu me livres, je peux me nourrir rien que de ton haleine »

Pour réduire le stress des Scrat que nous sommes, pour réduire les tensions et compétitions entre nous, il n’y a pas mieux que ce genre de déclamation.

Cette déclamation produit déjà un effet considérable dans l’intimité.
Mais comme les messes aussi produisent des effets, il n’aurait pas été dommage qu’à Rome, qu’à Persépolis, qu’à Carthage et Lutèce, des femmes déclament publiquement se suffire de l’odeur de leur compagnon. Ce qui sous-entend que les noisettes déjà livrées sont amplement suffisantes et qu’on peut se détendre.

Sont-ce les hommes, sont-ce les femmes qui nous rendent de plus en plus Scrat ?
Mettons que ce soit à part égale de responsabilité par effet de mise en résonnance mutuelle.
 
Mais dans ce contexte scratiste, il est indispensable que des hommes et des femmes fassent régulièrement des déclamations en « Tu me suffis, faire l’amour me suffit » pour nous apaiser les uns les autres. 
 

Imaginons que par je ne sais quelle règle de vie millénaire, chaque individu ait toujours eu à se procurer son bol de riz par ses propres moyens et qu’il le mange seul. Chacun n’aurait alors eu comme souci premier que de se nourir, il n’aurait subi que sa propre pression. Et je vois mal pourquoi il se serait sur-pressurisé.

Pour X raisons, sont rarissimes les cas de Diogène
Les gens vivent au minimum par deux et avec charge d’enfants à nourrir. Chacun se retrouve alors à subir sa pression propre plus celle que les autres lui infligent. Et il ne serait pas faux de dire que la pression totale est souvent plus forte sur le garçon que sur la fille (qui a cette exclusive d’enfanter et d’alimenter au sein)

Lorsque le couple vit 40 ans, la fille a la charge d’allaiter pendant 20 ans puis meurt. Le garçon a la charge d’alimenter sa compagne pedant 20 ans puis meurt. Il y a égalité de souci alimentaire et le garçon n’est pas inéquitablement surpressé.

Lorsque le couple vit 100 ans, la fille passe 60 ans sans avoir la charge d’allaiter pendant que le garçon continue d’avoir la charge de la nourrir (C’est surtout éthique, traditionnel, culturel, car concrètement, surtout de nos jours, la fille a ses propres ressources de noisettes)

De nos jours, parce qu’on vit encore très souvent en couple, parce que la vie en couple passe encore pour idéale, il est indispensable que, passé 40 ans, les filles déclament se suffire de câlins.

De nos jours, surtout en France, parce qu’elles ont leur propre stock de noisettes, les filles de plus de 40 ans ont objectivement la possibilité de prétendre se suffire de câlins. Si elles ne le font pas, c’est très, très stressant pour le garçon et il ne peut être qu’agressif.

Je décris là un schèma situationnel tant de l’individu que du couple que de la société et les réalités de chacun sont différentes mais ce schéma en sorte de moyenne des cas, est bel et bien celui que nous avons en tête. Il se dessine une tendance à l’individualisation des vies mais ce schéma est encore largement valable.

Comme en dépit de cette tendance à l’individualisation des vies (célibat), chacun convient au moins in petto, qu’il faut (globalement) d’une part faire des enfant, d’autre part se mettre à deux parents pour les nourrir pendant 20 ans, même les plus célibataires conviennent que ce schéma ne peut que perdurer, du coup son éthique perdure et la tension qu’elle implique perdure.

Les déclamation a-stomacales ou a-Scrat telle que celle d’Alinéa sont donc préciosissimes et les filles de plus de 40 ans devraient piger qu’elles ont la responsabilité d’en faire d’équivalentes (à moins qu’elles apprécient notre surtension).

Il me semble tout à fait possible que la tendance homo soit née de cette problématique que j’ai schématisée. Car à scratisme égal, il vaut clairement mieux former couple homo pour réduire le déséquilibre des charges garçon/fille.

Que le couple soit lesbien ou gay, qu’on y ajoute un enfant surgi ex nihilo et on aura deux adultes en situation éthique tout à fait équitable. Je ne vois pas en vertu de quelle éthique un des conjoint homo pourrait infliger à l’autre -explicitement ou implicitement- une obligation scratiste, les deux modéreront donc leur scratisme et si le monde entier passait couples homos (avec échanges de bon procédés pour faire des enfants), le scratisme mondial diminuerait, la tension globale diminuerait.

Je vois dans le monde des milliers de couples hétéros ayant scraté à la manière du couple Ben Ali mais je ne vois aucun couple homo ayant eu besoin de tant de noisettes. Je pose l’exception YSL et Bergé mais vous conviendrez que leur fortune est directement fruit du génie artistique d’YSL allié au pragmatisme de Bergé. On est loin des couples voraces.

J’étonne peut-être quelques uns en faisant ressortir ici la problématique bouffe, en la posant en base de tout, mais je crois que c’est précisément parce que nous avons fini par oublier que tout vient de là, que nous ne comprenons plus rien à ce qui se passe en dépit des tsunamis de discours.
(Ce que des Parisiens disent de leur problématique -où il n’est jamais question de peur de manquer de bouffe- sera incompréhensible à un Himba alors qu’il pigera probablement ce que j’en dis)

Si nous ne savons pas faire comprendre nos problèmes à des Himbas, c’est que nous sommes aveuglés par nos empilements de biais.


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