Le mariage ainsi que l’adoption homo pose de lourds problèmes d’identification
L’identification de soi (Qui suis-je ?) nous vient du mix entre l’image que les autres nous renvoient et la protestation criée ou sourde que nous émettons sur certains points.
« »« On me dit que je suis blond, j’y réfléchis. Ça ne me pose pas de problème, je l’accepte et je peux même le répéter. Mais on me dit aussi que je suis nul au tennis. J’y réfléchis, ça me déplaît, je trouve que ce n’est pas vrai, je proteste (à haute voix ou en sourdine selon mon courage)
Et c’est dans mille domaines que chacun doit se définir et être défini.
Grosse fatigue.
Heureusement, il y a des points sur lesquels il n’y a pas photo.
»« »J’ai une allure de mec, une voix de mec même au téléphone donc je suis un homme donc j’aime les femmes. Quand j’entre en boîte, elles savent au moins qu’elles m’intéressent. J’ai certes à gérer les autres mecs mais en termes de concurrence directe et j’y suis habitué
« »« De la même façon, dès qu’on me demande si je suis marié et que je réponds oui, mon interlocuteur sait que je suis avec une femme et il me demande si j’ai déjà des enfants etc.
»« »Le fait qu’il y ait une proportion importante d’homos, de mariages homos et de parents homos va donc m’obliger à me fatiguer pour me définir sur des nouveaux points qui m’étaient jusqu’alors des havres où j’étais en sécurité identitaire.
« »"Je vais certainement développer des trucs nouveaux pour signifier dans quel groupe je suis mais je sens que ça va me prendre la tête et là tout de suite, je ne sais pas comme je vais faire alors je trépigne de colère parce qu’en attendant, je vais me faire draguer par des mecs et passer pour un homo Grrrrrr !
Ça fait longtemps que les gens doivent batailler dur pour s’identifier.
Tiens déjà en Catholique Vs Protestant ou Vs Juif.
Grosse fatigue pendant des siècles
Et chaque détermination religieuse valait certes assurance vis-à-vis d’un camp mais risque de mort vis-à-vis de l’autre.
On en était venu à convenir que le plus simple était d’arborer un signe religieux distinctif.
Un coup on le portait très volontairement, un coup on y était contraint si on relevait d’une minorité. Il y a même eu des endroits-moments où si une personne était d’une certaine communauté, elle ne pouvait sortir de son ghetto que pieds nus
Quand on était d’un pays (en France) on s’habillait d’une certaine manière afin de s’identifier. Et il ne faut pas croire que c’était facile de porter tout le temps ces costumes régionaux parfois très encombrants.
M’enfin, une fois habillé pays, on arborait une marque identitaire pays indiscutable
Et puis il y avait le patois.
Là encore c’est du boulot, mais bon, au bout de 5 ans, on l’avait acquis et ça constituait un trône identitaire.
Il y avait aussi le métier qui faisait une identité.
Mais à partir de 1800, quelle galère !
La plupart des gens ont été déménagés de leur pays. Ils se sont retrouvés dépaysés à Paris où ils durent se défoncer pour se refaire une identité, l’ancienne étant moquée.
Oh la honte de parler avec l’accent auvergnat à Paris !
Si les métiers traditionnels identifiaient bien leur bonhomme, y compris sur le plan de la confiance et du crédit, les métiers nouveaux du XIXème siècle ne disaient rien aux gens.
Que devient le fier cocher dans une automobile où le fouet ne sert plus à rien ?
Voilà des ex maquignons jusque là appuyés sur leur réputation de pays qui se retrouvent à huiler des machines à Billancourt ; ce qui n’est d’aucune sorte de référence identitaire. La honte.
Ce n’était plus exactement le métier industriel nouveau qui définissait une identité mais sa position hiérarchique dans la fonction. C’était donc souvent des teigneux sans éthique ni scrupules mais Parisiens qui devenaient chefaillons de fiers Ardéchois identitairement ruinés et humiliés.
Ensuite, à partir de 1910, chacun s’est identifié en grande partie sur la voiture qu’il pouvait enfin acheter, puis sur son pavillon de banlieue, puis sur sa télé, plus récemment sur son plasma, etc
Tout ça c’est de la fatigue. On se tue à s’identifier. (D’autant que les vétérans de la guerre tenaient à s’identifier comme tels, tant ils avaient payé cher pour cet insigne)
Et voilà que les homos obligent tout le monde, eux compris, à une série de nouvelles batailles identitaires
-Ah t’es marié ?
-Oui mais avec un mec, autant te le préciser
-Ah bon
-Et t’as des gosses ?
-Oui mais vraiment de moi et d’un autre mariage avec une femme
-Ah, parce que t’as changé de voilure ?
-Bin oui,
Fatigue, évidemment fatigue
Et colère de la part de ceux qui ronronnaient au port
Mais, bon, ce ne sera pas la première fois qu’il faudra batailler pour s’identifier
Ce nouveau travail identitaire que nous avons à accomplir sera probablement plus difficile que celui par les métiers et celui par les biens matériels affichés (car ça touche un point identitaire qui ne se révèle qu’en chambre) mais il sera tout de même plus facile que celui par la religion (qui ne se révèle que dans la tête) puisqu’on pourra le prouver par le conjoint)
L’un dans l’autre, fainéants que nous sommes devenius, j’ai idée que nous allons tous nous simplifier ce travail identitaire en arborant un insigne. Une sorte d’os dans le nez ou de plume dans le cul.
J’ai d’aileurs un ami chinois qui est en train de fabriquer des millions d’insignes ad hoc. Vous verrez, cépamal.
J’espère qu’il y a assez de couleur dans l’arc-en-ciel pour que nous puissions nous les partager et en récupérer chacun une.
Les enfants aussi porteront un insigne qui explicitera dans quelle sorte de famille ils sont tombés.
Bon, s’il y a trop de bagarres à l’école, s’il y en a qui se font tout le temps cogner, on les peindra peut-être tous en arc-en-ciel ou alors on les séparera
Puis, arriveront les compétitions. Elles arriveront de manière inattendue.
En Chine, il y avait chaque année un super concours de mandarinat et parfois il arrivait que les lauréats fussent tous du Sud.
Oh la la ! je te dis pas le foin que ça a fait.
Ceux du Nord ont hurlé au complot
Du coup, il a été proposé des quotas et un lourd système de recopie des devoirs par des tiers afin d’être sûr qu’un correcteur ne pouvait pas identifier un candidat et le favoriser
En France, un jour, on s’apercevra que les gosses ou les employés de telle couleur d’arc-en-ciel sont plus ceci ou plus cela. Je suis sûr que l’INSEE ne manquera pas de nous pondre ce genre de stats
C’est à ce moment là que ceux des groupes baltringues auront envie de rejoindre ceux des groupes réputés.
Et puis, très probablement, nous distinguerons-nous par un jargon particulier. C’’est déjà le cas pour les minorités mais la majorité hétéro devra accentuer son côté hétéro. Peut-être en recourant à des articles définis spéciaux
Peut-être aussi en n’achetant jamais deux objets identiques.
Bon, on n’en est pas encore là.
Pour l’instant, nous n’en sommes encore qu’aux colères bleues, blanches, rouges et noires.