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Commentaire de easy

sur L'anomalie de la Mer Baltique : un étrange objet circulaire de 180 mètres


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easy easy 1er février 2013 22:33



C’est intéressant cette juxtaposition à deux jours d’intervalle entre ce qu’en avait dit Vincent Verschoore et ce qu’en dit Jeremy

Vincent était resté neutre, sans démontage de mystification ni amplification
Jeremy nous vend carrément du tapis, de la moquette



Dans le monde entier il y a des cailloux, des arbres, des animaux, aux formes étranges et ils ont tous excité les fantasmes. 
Le fait de dire par exemple Elephant man prouve que devant l’étrange, la pensée fouille dans ses tiroirs pour y retrouver ce qu’elle connaît de similaire, ce que ça lui évoque.

Une tête pareille lui évoque un éléphant ? Et bien va pour éléphant
Une forme lui évoque le Faucon Millenium ? Alors va pour la SF et un atterrissage en catastrophe


Cheminées des fées, cercles de sorcières, homme grenouille, chaussée des géants, orgues basaltiques, main de Fatima, dent de l’Enfon, pont du diable, coco fesse, Pilier de la sagesse, aigle de mers, bec de lièvre, dragon de Komodo, cerf-volant, Pain de sucre, chenille tigre, amoureux de Peynet, enfant de Montmartre, Don Juan, complexe d’Oedipe, syndrome de Stockholm, moloch des sables, rose des vents, rose des sables, fée du logis, serpent à sonnettes, Poule de Hienghène, cheveux de sorcières, serpent corail, ange des mers, satyre puant, phallus impudique, oeuf du diable, Mer de la tranquillité, constellation du scorpion, marmites des géants...

N’en jetez plus, la mer en est pleine

Les scientifiques eux-mêmes ne sont jamais en reste pour inventer et doctement entériner des associations d’idées poétiques. Ils ne tirent certes pas des plans sur la comète à partir de leur étiquettage fantasmatique mais ils contribuent à la majeure partie des désignations poétiques.

Et une fois qu’une image d’autre chose est associé à une chose, notre pensée a du mal à s’en défaire

En 1933 et suivantes, on associait l’Empire State Building à King Kong 
Ensuite, c’est la Samaritaine qui a été associée à cette bestiole, ensuite le WTC 
Mais depuis 2001, nous ne savons plus revoir le WTC sans l’associer à une marque de machine à laver ainsi qu’au complot d’Etat.
Quiconque présenterait un projet de construction de deux grandes tours jumelles à section carée, sera jugé provocateur.
(Depuis 2001, les occupants des tours Mercuriales de Bagnolet -d’une architecture différente- sont très stressés dès qu’ils voient un avion ou un zeppelin en approche)

Chicago, pour les étrangers, avait été longtemps associée à Al Capone, même après sa mort.

Pour se défaire de l’image du Faucon Millenium associée à cette formation de la Balique, il va falloir attendre que quelqu’un propose une association d’idée encore plus fascinante

 



Les gens qui n’ont jamais fait de géologie, même s’ils sont savants d’autre choses, ne se doutent pas des étrangetés géologiques


Ce n’est qu’au XIXème siècle que certains, démarrant la science géologique, ont commencé à concevoir les ères glacières. Ils avaient d’abord remarqué les érosion très spéciales des glaciers existants puis, ayant retrouvé des érosions de même genre dans des endroits éloignés des glaciers vivants,ils se sont dits qu’il y avait forcément eu des glaciers et même énormes, même vers l’Equateur, alors qu’on n’en voit plus.

Avec le darwinisme et la dérive des continents, la découverte des ères glaciaires a été déterminante dans la compréhension de notre Terre

Une ère glaciaire peut durer des dizaines de milliers d’années pendant les époques où la Terre était dejà vieille, usée d’érosions atmosphériques, où il y avait des bestioles et où les fonds des océans étaient déjà tapissés de sédiments qui, en vieillissant, devenaient des roches sédimentaires enfermant des coquillages, comme le calcaire sur lequel est posé Paris.

Une ère glaciaire crée ue couche de glace de 5000 m dépaisseur qui recouvre intégralement les terres, montagnes incluses, et avec une mer alors plus basse de 130m

Aux différentes époques glaciaires, la formation bizarre de la Baltique était émergée mais sous 5 km de glace. L’inlandsis recouvrant intégralement les terres nordiques actuelles, il avait pour creux de vallée la mer Baltique entière. L’endroit en question était au fond d’une vallée de l’inlandsis géant.



Il est très courant que les roches fixes d’un endroit soient de natures et de duretés différentes. En forêt de fontainbleau, aussi bien les rochers que le sable, c’est strictement les mêmes grains de silice (quartz) mais un coup ils sont collés entre eux en formes de boules, un coup ils sont libres. Là c’est un cas hyper simple

Mais ailleurs, il n’est pas du tout rare de voir, sur un grand miroir de roche, des bandes, des veines, qui sont carrément d’une autre matière minérale, d’une autre couleur, d’une autre dureté

Il y a des différenciations en veines (croisées ou parallèles) et aussi par boules 
Lorsques les boules (ou tâches rondes après érosion) sont de petites dimensions par rapport à notre champ visuel, nous les voyons, quand elles sont de plusieurs kilomètres, il faut être en avion pour les voir ici ou  

Concernant ces grandes sphères montérégiennes, ensuite rabottées, elles ont été formées par une remontée de bulle (pleine) de magma qui n’a pas réussi à percer les dernières couches, qui s’est immobilisée pas très loin de la surface (exondée ou inondée) et dont la chaleur de départ a fait fondre donc métamorphiser les roches sédimentaires de surface en les rendant alors très dures et souvent litées (couches de composition différentes)

La formation de la Baltique est petite par rapport à une colline montérégienne mais elle peut aussi, à son époque originelle, avoir été hémisphérique et formée par un point de chaleur


Une fois qu’existe dans le fond une formation hémisphérique plus dure, le passage d’un glacier va l’éroder et faire ressortir un plateau circulaire

Au-dessus d’un glacier, il n’y a que neige et glace mais à son pied c’est 100% de pierres et cailloux

L’eau d’une rivière étant de faible densité, elle ne peut charrier des pierres de 3 m que lors des crues. 
Un glacier étant bourré de roches, il n’est que 2.7 fois plus léger qu’une roche. Il pourrait trimballer des blocs mesurant 1000 m s’ils ne se brisaient pas une fois saisis par la langue glaciaire
Or les roches trimballées se cassent et finalement, on ne retrouve au pied des glaciers que des roches de 5 m
Si un glacier tombe sur un bloc énorme qui parvient à rester entier, il le trimballe

Il se pourrait que cette masse circulaire soit toujours fixe et enracinée. Il se pourrait que ce soit un bloc trimballé ayant réussi à rester entier 


Le dessous d’un glacier c’est la pire des râpes.
Comme il se déplace toujours car il y a toujours une moindre pente, un glacier râpe le bedrock en y laissant des sillons et traînées mais avec tout un tas de facéties 

Il passe par dessus les pitons en polissant-couchant leur face amont et démonte par blocs sa face aval. Il leur donne une forme dite moutonnée. J’ai vu sur une vidéo le profil de la formation insolite et elle a exactement la forme moutonnée

Les blocs se détachent souvent de la face aval de manière cubique car la roche a souvent des plans de casse réguliers et que bien des cristaux sont cubiques

Lorsqu’on serre entre deux doigts un cube de yaourt naturel, on voit apparaître soudain un plan de faille, un miroir de faille (à 45°). Idem avec la gelée de groseille. Les pierres aussi ont souvent un plan de casse préférentiel
 
L’érosion singulière des glaciers, ajoutée aux écoulements invisibles des eaux très abrasives, ajoutée à la singularité des roches qu’il râpe, produit aussi des queues de rats, des stries, des coups de gouge, des chenaux de Nye et des trous tourbillonnaires 


Enfin, pour des raisons de gel spécial, de cryoturbation, il se produit des pavages, des sols striés et aussi des cercles de pierres 



C’est avec le regard de géologue glaciologue qu’il faut observer le phénomène de la Baltique
 
Et à moins de trouver juteux de mystifier, on ne doit pas faire des dessins d’artiste en accentuant les allures étonnantes.


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