Décidément, l’une comme l’autre, vous ne faites l’histoire qu’avec des propos de journaliste. Je vous laisse juge de leur valeur. Jusqu’à preuve du contraire, les journalistes font de l’information (à recouper). L’histoire, c’est autre chose.

Je ne vous reproche pas d’apporter des éclairages (sélectifs) sur des évènements qui concernent la bonne tenue de la planète. Ce qui me choque ce sont vos critères de jugement, vos œillères et votre esprit de chevalier-blanc par rapport à tout ce qui touche la France. Les Américains ne sont pas les anges que vous décrivez. Loin s’en faut. Depuis plus de 100 ans, ils cherchent à s’implanter en Afrique en chassant sur les terres des Européens. Aujourd’hui ils parviennent enfin à leurs fins (merci Clinton et Gore) et ils finissent le travail avec votre complicité. L’Afrique est désormais livrée aux Evangélistes de tous poils, et à toutes les sectes hystériques qui ont déjà fait leur beurre aux Etats-Unis et en Amérique du sud. Vous pensez que l’Afrique y gagnera. Moi non. Croyez-vous qu’on vous ait attendu pour avoir une idée de ce que l’Occident a apporté aux Africains. Il suffit de lire le « Voyage » de Céline. Mais lui n’a pas omis de témoigner aussi sur la « grandeur démocratique » des Etats-Unis et sur certains aspect de la dignité humaine qui y avaient cours.

En ce qui concerne les Balkans qui, mystérieusement, ont disparu de vos propos, les Américains n’ont été que trop contents de se servir de cette crise pour anéantir pour longtemps toute véritable construction européenne, et ils y sont parvenus au-delà de leurs espérances les plus folles, et ce, une fois encore, grâce à la complicité d’organisations qui prônent un discours comme la vôtre.

Je ne vous livrerai pas le témoignage d’un quelconque journaliste pour appuyer mon propos. Les journalistes ce n’est pas vraiment ma tasse de thé. Il m’arrive parfois d’être présenté à l’un ou l’une d’entre eux venus se renseigner sur la situation locale. Généralement ils disposent de 2 heures tout au plus pour faire le tour de la question... J’ai eu le plaisir un jour, au coin d’une table de restaurant, d’en croiser une de plus performante encore. Elle n’avait qu’un quart d’heure pour s’informer d’un conflit vieux de 30 ans et elle mélangeait tous les noms et les dates. C’en était délicieusement pitoyable. J’imagine quand même qu’elle a écrit un beau papier dans son grand quotidien parisien. Je préfère alors vous confier le témoignage de l’ancien pacha de la ville marocaine dans laquelle je réside. Lors de notre première rencontre, avant que nous ne devenions amis, ses mots pour m’accueillir ont été : « Quel dommage ! M. Adam. Ici, nous n’avons pas été colonisés par les Français mais pas les Espagnols. Ils ne nous ont rien laissé... » Rassurez-vous, je considère cette opinion comme anecdotique et non comme une vérité historique.

Mais alors, là où vous me faites bien rigoler, c’est avec la démocratie en Géorgie en Ukraine et au Kirghiztan. La démocratie, vous n’avez vraiment pas l’air de savoir ce que c’est. Si un jour la démocratie s’instaure en Irak, ce que bien sûr n’importe quel êtr doté de raison ne peut que souhaiter, elle apparaîtra sur un lit de cendres qui colleront encore longtemps aux semelles des heureux bénéficiaires. Non seulement la démocratie ne se décrète pas mais elle ne s’exporte pas comme un produit de multinationale. Vous parlez de la démocratie comme d’un cadeau que l’Amérique fait au reste du monde. Quelle foutaise ! Les Américains sont déjà en train de flirter avec les islamistes marocains et égyptiens, pour être sûr de ne pas les indisposer le jour où ils seront au pouvoir. Vous imaginez peut-être que c’est par respect de la démocratie qu’il font la danse du ventre devant eux... Patrick Adam