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Commentaire de Patrick Adam

sur Hamas... caduque ? Vous avez dit caduque ? Comme c'est caduque...


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Patrick Adam Patrick Adam 26 avril 2006 11:40

A l’attention de QwazyMoto.

Franchement, à première vue, car votre texte est très dense et mérite une ou deux relectures, je ne peux qu’adhérer à votre analyse du conflit. J’y mettrais cependant une réserve. Elle concerne un fait significatif que vous passez à la trappe, à savoir la vente, en bonne et due forme, à des Juifs mandatés par le mouvement sioniste et donc pas encore Israéliens (puisque ça se passait dans la première moitié du XXème siècle) de la terre « sacrée » de Palestine par de riches propriétaires terriens Damascènes ou Bagdadi (arabes pour la plupart ou turcs) qui, plus ou moins encouragés par leurs « protecteurs » Britanniques et, dans une moindre mesure Français, ont cru réaliser une bonne opération.

Quoiqu’il en soit, je considère encore qu’il n’est pas très constructif de ressasser sans cesse le passé, dans une partie du monde qui a vu s’affronter des tribus antagonistes depuis les premiers temps historiques et sans doute bien avant.

Je vais dire ici une vérité qui va me faire traiter de tous les noms par ceux qu se nourrissent de complots en tous genres : le mythe de la Terre Promise, est en soi un aveu d’usurpation de terre. Si Terre Promise il y a, et si on prend ce concept au pied de la lettre et non comme un idéal philosophique (ce qui était à l’origine du mouvement sioniste), c’est qu’au départ on n’est pas chez soi. (Bon allez-y, les « istes » d’ici et les « istes » de là, déchaînez-vous, ça vous permettra de dormir un peu mieux ce soir).

Peuple nomade à ses origines, issu des régions proches de l’Arménie actuelle (oui, je sais ça aussi, ça ne va pas plaire à tout le monde, mais le coup d’Abraham partant de Ur en Chaldée pour gagner Canaan, c’est du mythe pur et dur) le peuple Juif a voulu se sédentariser sur les rives du Jourdain. Et on peut dire que c’est de là que viennent tous ses malheurs. La Bible ne raconte pas autre chose (guerres, déportations et exil). Je ne vais pas me lancer dans une vaste reconstitution historique d’autant qu’il me semble vain de toujours vouloir bâtir de superbes analyses historiques si on n’a rien de concret à proposer pour entrevoir un bout de solution à un problème qu’on prétend cerner.

Je suis particulièrement surpris que, vu le nombre de commentaires que cet article a suscité, personne n’ait eu encore l’idée (sans parler de l’envie) de mettre sur le tapis l’initiative de paix Genève. C’est pourtant un travail remarquable qui a été effectué là par les principaux intéressés au conflit. A entendre la quasi-totalité des intervenants, on dirait qu’ils fonctionnent exactement comme ce qu’ils reprochent aux gouvernants des pays arabes : ils ont un fonds de commerce idéologique bien confortable et qui fonctionne à merveille depuis plus de 40 ans, alors ils ne veulent pas s’en départir.

Oui « la libération de la Palestine était au départ et a longtemps été (et reste encore chez une majorité de Palestiniens) une question de libération nationale et non pas une révolution islamique ou un mouvement voulant établir un état islamique en Palestine. » Mais que vous le vouliez ou non, ce n’est plus le cas aujourd’hui. La cause Palestine est devenue (depuis longtemps) un motif de jihad. Alors qu’est-ce qu’on fait ? On continue de pointer le doigt sur les méchants en disant c’est vous qui avez commencé ? On attend que les idéologues se désidéologisent gentiment ? A mon avis, on risque d’attendre longtemps.

On a donc tout notre temps pour en revenir aux propos de l’article. Caduque... Est-ce que le Hamas va avoir le courage qu’a eu Arafat de le prononcer, ce petit mot, caduque. Et combien de temps va durer ce petit jeu bien sordide du « je te tiens, tu me tiens par la barbichette » d’autant que question pilosité, il en a autant dans les deux camps.

Arafat était un politique, pas un intégriste religieux. Il a su s’adapter à des situations qu’il n’avait pas prévues et, lentement et intelligemment, il a guidé son peuple vers la voie de la paix. On lui a tendu bien des pièges dont le moindre ne fut pas le coup de pouce donné par Israël à Cheikh Yassine (fondateur du Hamas) pour l’affaiblir. Et ça aussi, on le doit à cet excellent Sharon... Mais un fois encore, on ne va pas sans cesse réécrire l’histoire. L’histoire on la connaît. Ce qui compte aujourd’hui c’est le message qu’on fait passer à un peuple qui vit depuis des décennies dans une désespérance qui profite à tous ceux qui en ont fait leur fonds de commerce (je ne dis pas que ce soit votre cas). Le deuxième thème de cet article était de tenter de se positionner, au regard de l’actualité, face à notre perception de la « démocratie ». Là aussi, je vois que cette interrogation n’intéresse personne. Pour la plupart des intervenants, la démocratie se résume à jeter un nom dans une boite ce qui laisse présager de bien mauvaises conséquences si un tel cas de figure devait arriver chez nous. Haidar, c’était donc la démocratie ? Le Pen du 21 avril, c’était la démocratie ? Moi, comme disait Gainsbourg : « j’ai des doutes... » Alors Caduque or not Caduque ? Cordialement. Patrick Adam


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