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Commentaire de Jean Dugenêt

sur Vladimir Poutine dans le bourbier : l'Ukraine, écho du fiasco afghan


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Jean Dugenêt Jean Dugenêt 22 juin 11:01

@Fanny

"Le COR était je crois une instance de contact entre l’OTAN et la Russie, pour réduire les risques. Je ne sais plus quand elle a cessé de fonctionner.

La confrontation OTAN-Russie se poursuivait, COR ou pas. L’OTAN a poursuivi l’installation de ses systèmes d’armes en Roumanie et Pologne."

Vous racontez n’importe quoi. Vous voudriez maintenant faire croire que l’OTAN et la Russie étaient dressés l’un contre l’autre tout en signant des traités ensemble et en s’affichant tous les jours ensemble.

L’entente était parfaite entre l’OTAN et la Russie. Voici ce que dit une page de Wikipedia à ce sujet :

"Tout au long des années 1990, l’OTAN et la Russie signent plusieurs accords importants de coopération. Ceux-ci portent notamment sur la lutte contre le terrorisme, la coopération militaire (notamment le transport par la Russie de fret non militaire de la FIAS en Afghanistan), la lutte contre le narcotrafic, la coopération industrielle et la non-prolifération nucléaire".

En 1994, la Russie rejoint le PPP (partenariat pour la paix) puis, en 2002, le COR (Conseil OTAN-Russie) est créé. À cette époque, les dirigeants américains ont aidé Poutine à mener à bien ces opérations qui permettaient d’éviter la désagrégation de tout le bloc de l’Est. Ils ont fait tout le contraire de ce que les poutinistes racontent maintenant. 

Vous avez surtout une grande difficulté à mettre en cohérence votre idéologie et les faits. Où avez-vous vu que « l’OTAN a poursuivi l’installation de ses systèmes d’armes en Roumanie et Pologne » ? Préoccupez-vous des faits ! Regardez les dates exactes auxquelles des élargissements ont eu lieu.

Regardez quand Poutine a-t-il commencé à parler d’un « encerclement de l’OTAN » !

Regardez précisément ce qu’était la position de Poutine en 2005 !

Le 7 mai 2005, alors qu’il était interrogé à propos de la politique de l’OTAN, voici exactement ce que Poutine disait en réponse à une question de Christian Malard, journaliste de France 3 (Vidéo entre 2:22 et 3:40).

Question : "Depuis la fin de la guerre froide, quel jugement portez-vous aujourd’hui sur l’OTAN qui essaye d’étendre son influence à vos voisins, à vos partenaires comme l’Ukraine et la Géorgie."

Réponse : "Le fait que l’OTAN exerce une grande influence sur l’Ukraine et la Géorgie ne nous indispose pas. En revanche, tout élargissement de l’OTAN n’améliorerait pas la sécurité du monde. Je ne vois pas en quoi l’élargissement à nos voisins Baltes, par exemple, peut améliorer la sécurité du monde. Cela dit, si d’autres républiques de l’ex-URSS adhèrent à l’OTAN nous respecterons leur choix. C’est leur droit souverain en matière de défense, mais certains problèmes pourraient surgir dans le cadre de notre coopération militaire avec l’Ukraine qui est énorme. Cette coopération est à un tel niveau que, s’il devait y avoir une présence militaire de l’OTAN en Ukraine, je n’y maintiendrais plus nos technologies de pointe et nos armements sensibles. L’Ukraine pourrait alors avoir des problèmes. Je le dis franchement. Enfin, au moment où nous allons commémorer le soixantième anniversaire de la victoire, je veux dire que c’est une chance de pouvoir tourner définitivement cette page douloureuse de l’histoire de l’Europe. Elle est à la base de la concorde, de la réconciliation. Cela nous permettra d’élaborer des principes clairs et compréhensibles qui vont nous guider dans les années à venir."

Nous voyons d’une part que le ton était déjà menaçant à propos de l’Ukraine, bien avant le Maïdan, et d’autre part, qu’à cette époque, Poutine était encore pleinement respectueux du droit international. Il disait vouloir respecter le choix des républiques de l’ex-URSS désireuses d’adhérer à l’OTAN. Même s’il se demandait si cela améliorerait la sécurité du monde, il n’envisageait pas de s’y opposer. Rappelons qu’à cette époque les élargissements du 12 mars 1999 (adhésion de la Hongrie, de la Pologne et de la République tchèque) et du 29 mars 2004 (adhésion de la Bulgarie, de l’Estonie, de la Lettonie, de la Lituanie, de la Roumanie, de la Slovaquie et de la Slovénie) étaient réalisés et que Poutine ne les critiquait pas. Les menaces à propos de l’Ukraine restaient vagues puisqu’il dit seulement « je n’y maintiendrais plus nos technologies de pointe et nos armements sensibles » mais nous percevons bien qu’il envisageait pire que cela « L’Ukraine pourrait alors avoir des problèmes. Je le dis franchement ». Il n’avait pas besoin de laisser entendre qu’il y avait une manipulation des USA. En examinant ce qu’il déclarait à cette époque, nous voyons s’écrouler les mythes construits par la suite. Il n’est pas du tout question, après ces deux élargissements, de promesses qui n’auraient pas été tenues ou de manipulations des USA.

À vrai dire, il est évident qu’il s’agit d’une fable.


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