Praud et sa croisade anticommuniste contre Édouard Philippe
par politzer
jeudi 5 juin 2025
Pascal Praud et sa croisade anticommuniste contre Édouard Philippe : une manipulation historique au service de ses privilèges
Pascal Praud, figure emblématique de CNews, a récemment relancé ses attaques contre le communisme en s’en prenant à Édouard Philippe, ancien Premier ministre de la France (2017-2020). Praud reproche à Philippe d’avoir voté pour le Parti communiste français (PCF) dans sa commune, l’accusant implicitement de soutenir une idéologie qu’il juge responsable de "d’une centaine de millions de morts". Cette nouvelle sortie, loin d’être anodine, trahit une méconnaissance historique et une volonté de protéger le système capitaliste dont Praud tire profit, avec un salaire supposé de 100 000 euros par mois. Décryptage d’une rhétorique fallacieuse.
Des chiffres exagérés pour semer la peur
Praud recycle un vieux poncif anticommuniste en affirmant que le communisme aurait causé "une centaine de millions de morts". Ce chiffre, souvent tiré du Livre noir du communisme (1997), est sujet à caution. Les estimations fiables des morts sous les régimes communistes (URSS, Chine maoïste) oscillent entre 10 et 20 millions pour l’URSS, incluant les purges staliniennes (700 000 à 1,2 million de morts) et des famines comme l’Holodomor (3,3 à 5 millions). Ces tragédies sont réelles, mais Praud ignore que les communistes furent eux-mêmes les principales victimes de Staline : des milliers de bolcheviks, trotskistes et dissidents furent exécutés ou déportés. En gonflant les chiffres, Praud ne cherche pas à éclairer l’histoire, mais à effrayer son audience pour discréditer toute alternative au capitalisme.
Le complot contre Staline : une vérité occultée par Praud
Praud omet aussi le contexte des purges staliniennes, qui débutèrent après l’assassinat de Sergueï Kirov en 1934, un événement que Staline utilisa pour justifier une répression massive. Selon l’historienne Annie Lacroix-Riz, un complot réel contre Staline existait, orchestré par Mikhaïl Toukhatchevski, héros de la révolution de 1917, et soutenu par les Allemands. Toukhatchevski, maréchal de l’URSS, fut accusé en 1937 de trahison, jugé et exécuté avec d’autres généraux, dans un procès qui décima l’Armée rouge. Bien que controversée, cette thèse est étayée par des archives et des témoignages d’espions (ex. : Walter Krivitsky), suggérant des contacts entre officiers soviétiques et les nazis, qui cherchaient à déstabiliser l’URSS. Les purges, bien que disproportionnées, répondaient donc en partie à une menace réelle, nuance que Praud ignore pour mieux caricaturer le communisme.
Les crimes du capitalisme : le silence de Praud
Praud, si prompt à dénoncer le communisme, passe sous silence les crimes du capitalisme qu’il défend. Sur cinq siècles, l’impérialisme occidental et le capitalisme ont causé 100 à 150 millions de morts. La conquête des Amériques a décimé 90 millions d’Amérindiens par maladies, massacres et exploitation. L’exploitation coloniale au Congo belge (1885-1908) a tué 10 millions de personnes. Les famines sous domination britannique, comme celle du Bengale en 1943 (3 millions de morts), illustrent le mépris du capitalisme pour les vies humaines. Les guerres impérialistes américaines, de la Corée (3,5 millions de morts) à l’Irak (150 000 à 1 million), ajoutent 20 millions de victimes depuis 1945. Sans compter les dizaines de millions d’ouvriers européens morts prématurément de l exploitation capitaliste ( cf « la terre de la grande promesse » d A Wajda) . Praud, qui prospère dans ce système, préfère agiter le spectre communiste pour éviter toute remise en cause des inégalités qu’il perpétue.
Une attaque contre Philippe pour protéger ses intérêts
En ciblant Édouard Philippe, Praud cherche à discréditer toute alternative au capitalisme. Pourtant, Philippe, ancien membre des Républicains et proche de Macron, est loin d’être un communiste : son mandat de Premier ministre a été marqué par des réformes pro-entreprises et une gestion ferme des Gilets jaunes. L’accusation de Praud semble donc douteuse, mais même si Philippe avait voté PCF, ce choix démocratique ne justifie pas une telle diabolisation. Le PCF a porté des avancées sociales majeures en France, comme la Sécurité sociale (via Ambroise Croizat) et les réformes du Front populaire (congés payés, 40 heures). En attaquant Philippe, Praud ne défend pas un idéal, mais ses propres privilèges : avec un salaire exorbitant, il craint toute remise en question du système qui l’enrichit.
Praud, un relais de l'anti communisme primaire
Les émissions de Praud sur CNews, comme L’Heure des pros, sont connues pour leur biais conservateur, voire d’extrême droite. En agitant le spectre du communisme, Praud s’inscrit dans une stratégie qui normalise les discours pro patronat, pro MEDEF tout en se présentant comme un simple commentateur. Cette posture lui permet de détourner l’attention de ses contradictions : il fustige l’immigration tout en soutenant des figures comme Nicolas Sarkozy, dont l’intervention en Libye (2011) a contribué à la crise migratoire qu’il déplore. Praud manipule l’histoire pour protéger ses intérêts et ceux de l’élite capitaliste.
Conclusion : démasquer la manipulation de Praud
L’anticommunisme de Praud, illustré par son attaque contre Édouard Philippe, repose sur des exagérations historiques et un silence coupable sur les crimes du capitalisme. Les purges staliniennes, bien que tragiques, furent en partie une réponse à un complot réel, comme le souligne Annie Lacroix-Riz, et les communistes en furent les premières victimes. Praud, en amalgamant le communisme d’aujourd’hui à ces événements, cherche à discréditer toute critique du système qui le fait prospérer. Il est temps de rejeter cette rhétorique manipulatrice et de reconnaître que les communistes modernes, comme le PCF, ne portent pas le fardeau de Staline, mais celui d’un combat pour plus de justice sociale.